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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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sortit dans le couloir.
    Elle s'installa au bureau de George Hannaby. Tremblante, elle se saisit du combiné. Állô ? Monsieur Corvaisis ?
    - Docteur Weiss ? ª Il avait une voix puissante et mélodieuse. ´ Vous avez eu raison de m'écrire, c'était en fait la meilleure chose que vous puissiez faire. Non, je ne crois pas que vous soyez folle. Ce que je peux vous dire, c'est que vous n'êtes pas seule. Nous sommes plusieurs dans votre cas. ª
    Ginger voulut répondre, mais l'émotion la submergea. Elle toussa pour s'éclaircir la voix. ´ Pardonnez-moi... je... n'ai pas l'habitude de... de pleurer.
    - Ne parlez pas tant que vous n'en êtes pas capable.
    Je vais vous raconter mon histoire en attendant. Les crises de somnambulisme. Les rêves o˘ la lune revient sans cesse...
    - La lune, répéta-t-elle. Je ne me souviens jamais de mes rêves, mais je crois que la lune y est pour quelque chose parce que c'est toujours ce mot que je crie en me réveillant. ª
    Il lui parla d'un homme nommé Lomack, un joueur de Reno que l'obsession de la lune avait conduit au suicide.
    Ginger sentit un gouffre s'ouvrir sous elle, un terrible inconnu.
    Ón nous a fait un lavage de cerveau, bredouilla-t-elle. Tous nos problèmes sont dus à des souvenirs réprimés qui tentent de remonter à la surface de notre conscience. ª
    Il y eut un long moment de silence, puis l'écrivain dit: Ć'est aussi ma théorie. Pour vous, il semble que ce soit une certitude.

    - Oui. J'ai entrepris une thérapie de régression par l'hypnose après vous avoir écrit et nous avons eu la preuve d'une répression mnémonique systématique.
    - D'une chose qui se serait passée l'été de l'année dernière, dit-il.
    - Oui, l'été de l'année dernière, dans le Nevada. Au Tranquility Motel, très exactement.
    -C'est de là que je vous appelle.
    - Vous y êtes en ce moment ? s'écria-t-elle.
    - Oui, et l'idéal serait que vous m'y rejoigniez. Il est arrivé beaucoup de choses dont je ne peux pas vous parler par téléphone. ª
    New York
    Jack Twist fit une nouvelle halte à quelques p‚tés de maisons de l'église presbytérienne de la Cinquième Avenue. Devant l'église épiscopale Saint-Thomas, cette fois-ci. Il déposa vingt mille dollars dans le tronc des pauvres.
    Il ne désirait plus cet argent. Il n'en avait pas besoin, mais il ne voulait pas non plus le jeter à la poubelle et tout distribuer était pour lui la seule façon d'agir.
    Il descendit vers le quartier de la Bowery et fit halte dans plusieurs autres églises avant de donner quelque quarante mille dollars au gardien de nuit de l'Armée du Salut.
    Dans Bayard Street, non loin de Chinatown, Jack vit au premier étage d'une maison une pancarte rédigée en anglais et en chinois: ALLIANCE CONTRE L'OPPRESSION DES MINORITES CHINOISES. Il y avait au rez-de-chaussée une sorte de boutique d'apothicaire. La vitrine poussiéreuse était encombrée de pots d'onguents et d'herbes séchées, remèdes traditionnels de la médecine orientale. Une statuette de Bouddha trônait entre des b‚tonnets d'encens. Jack sonna à la porte d'entrée, et dut appuyer longtemps avant qu'un vieux Chinois tout ratatiné vînt lui parler à travers le guichet de la porte. Une fois que Jack eut la certitude que l'action essentielle de l'Alliance était de venir en aide aux familles chinoises du Viêt-nam victimes des brutalités du régime et qu'accueillaient les Etats-Unis, il fit passer vingt mille dollars en liquide par le guichet. Stupéfait, le vieillard en revint à sa langue mater-nelle puis sortit dans le vent glacial de l'hiver, car il tenait absolument à serrer la main de son bienfaiteur.
    Ámi, vous ne pouvez pas savoir toutes les souffrances que cet argent va aider à soulager. ª Jack répondit seulement: Ámi. ª Mais dans ce seul mot comme dans l'étreinte chaleureuse de la main calleusé du vénérable Oriental, Jack trouva quelque chose qu'il croyait avoir perdu pour toujours: le sentiment d'appartenir à
    l'espèce humaine, le sens de la communauté, des choses partagées.
    Il reprit sa voiture, remonta Bayard Street et s'engagea dans Mott Street. Il lui fallut alors s'arrêter au bord du trottoir. Un flot de larmes lui brouillait la vue.
    Il ne se rappelait pas avoir jamais été aussi bouleversé qu'en cet instant. Il pleurait sous le poids de la culpabilité qui écrasait son ‚me, mais c'étaient aussi des larmes de joie qu'il versait car il se sentait envahi par un sentiment fraternel. Depuis près de

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