La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
ressenti cette nuit-là
et indiqua la petite fenêtre. ´ J'ai tiré le loquet, j'ai ouvert le panneau. J'aurais pu me glisser au-dehors.
Seulement, j'ai vu quelqu'un. Sur le toit de l'appentis.
-qui était-ce ? demanda Corvaisis.
- Cela va vous paraître absurde, mais c'était un type vêtu d'une combinaison de motard. Il avait un casque blanc avec une visière fumée qui dissimulait son visage. Des gants noirs. En fait, il a tendu la main comme pour m'attraper et je me suis rejeté en arrière.
Je suis tombé sur le rebord de la baignoire.
-C'est à ce moment que je suis arrivée, dit Paye.
-Je me suis relevé, reprit Ernie, j'ai regardé par le vasistas. Il n'y avait personne sur le toit. ª
Dom avait les yeux rivés au panneau de verre opaque. ´ Je crois savoir ce qui s'est passé Ernie. Vous avez eu... appelons ça un flash de mémoire. Un souvenir fugace de l'été de l'année dernière, de ces jours o˘
vous étiez réellement prisonnier dans votre propre maison et o˘ vous vouliez vraiment vous enfuir.
-J'en aurais été empêché par un type monté sur le toit de l'appentis ? Admettons, mais qu'est-ce qu'il faisait là, habillé en motard ?
- Et si c'était un homme portant un scaphandre de décontamination et ayant pour mission de lutter contre une fuite de produits toxiques chimiques ou biolo-
giques ? ª
Faye intervint alors. Écoutez, si nous avons tous vécu la même expérience, comme vous le pensez, comment se fait-il que tout le monde n'en souffre pas autant ? Comment se fait-il que je n'aie pas de cauchemars, que je ne connaisse pas de problèmes psychologiques ? ª
Le regard de l'écrivain revint se poser sur la fenêtre.
´ Je l'ignore. Mais ce sont des questions auxquelles nous devrons répondre si nous voulons nous débarrasser de la profonde angoisse que cette expérience a laissée en nous. S'il y a quelque espoir de retrouver une vie normale. ª
Du Connecticut à New York
quand tout l'argent eut été sorti de la fourgonnette blindée, Jack et ses compagnons en firent rapidement cinq tas, chacun de trois cent cinquante mille dollars environ en billets usagés impossibles à identifier.
Jack n'éprouvait pas le moindre frisson d'orgueil, pas le plus petit sentiment de triomphe. Rien.
En cinq minutes, la bande se dispersa comme du duvet de pissenlit sous la brise.
Une précision d'horloge.
Jack reprit la route vers Manhattan. La neige se mit à tomber par rafales, pas assez toutefois pour interdire la circulation.
Et tandis qu'il quittait le Connecticut, se produisit en lui un curieux changement qu'il n'aurait jamais cru possible. Minute après minute, kilomètre après kilomètre, l'ennui céda la place à une sensation tout à fait étonnante. Car c'était de la culpabilité qu'il éprouvait.
L'argent volé et rangé dans le coffre de sa voiture commençait à peser aussi lourdement sur sa conscience que si c'étaient les premières choses acquises de façon malhonnête qu'il posséd‚t.
En huit années de vols préparés avec méticulosité
et exécutés avec maestria, souvent à une échelle bien supérieure que l'attaque du fourgon blindé, il n'avait jamais été effleuré par la notion de culpabilité.
Jusqu'à aujourd'hui. Il s'était toujours considéré
comme une sorte de vengeur. Jusqu'à aujourd'hui.
Sur la route qui menait à Manhattan, il commença à voir en lui-même autre chose qu'un prince des voleurs. La culpabilité lui collait à la peau comme du papier tue-mouches. Plus il cherchait à s'en débarrasser, plus elle se plaquait à lui.
Ce sentiment soudain était en fait en sommeil depuis très longtemps. Il fouilla dans sa mémoire, s'efforça de remonter au dernier larcin lui ayant procuré un réel plaisir et découvrit qu'il s'agissait du cambriolage de la riche propriété d'Avril McAllister, quelque part au nord de San Francisco, l'été de l'année dernière.
Leur forfait commis, Jack et Branch avaient profité
pendant deux jours du soleil de Californie. Puis, sur un coup de tête, Jack avait décidé de mettre vingt mille dollars sur les tapis verts de Reno. Vingt-quatre heures plus tard, c'étaient plus de cent sept mille dollars qui gonflaient ses poches. Décidant alors de prolonger ses vacances, il avait loué une voiture et traversé tout le pays avant de retrouver New York. Et Jenny.
Aujourd'hui, plus de dix-huit mois après cette affaire, Jack se rendait compte que ce cambriolage était le dernier dont il e˚t tiré une
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