La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
séparés par de grands intervalles circulaient normalement sur l'autoroute. Au motel, quelques clients étaient sortis en vêtements de nuit, alarmés par l'explosion. Les étoiles scintillaient par milliers dans le ciel; l'air était très froid mais il n'y avait pas de vent, à peine une légère brise, glaciale comme le souffle de la Mort.
Rien qui aurait pu être à l'origine du grondement, du tremblement et de l'explosion des vitres.
12-14 janvier
Dimanche 12 janvier
L'air, épais comme du plomb en fusion.
Dans son cauchemar, Dom ne pouvait reprendre sa respiration. Une formidable pression l'écrasait. Il toussait, il hoquetait. Il allait mourir.
Il ne voyait pas grand-chose, sa vision était trouble.
Puis deux hommes s'approchèrent. Ils portaient des scaphandres de décontamination en vinyle blanc avec des casques à visière fumée, semblables à ceux des astronautes. Celui qui se tenait à droite de Dom lui ôtait sa perfusion ainsi que l'aiguille de son bras; l'autre déchiffrait les données affichées sur le moniteur de l'ECG. On défit les sangles et on enleva les électrodes reliant Dom à l'ECG; on le redressa pour le mettre en position assise. quelqu'un pressa un verre contre ses lèvres mais il était incapable de boire. On lui renversa la téte pour l'obliger à avaler un peu de liquide.
Les hommes communiquaient entre eux par des radios incorporées à leurs casques, mais ils étaient si près de Dom qu'il pouvait entendre clairement leurs voix malgré le plexiglas de leurs visières. L'un d'eux dit: Ćombien de détenus ont été empoisonnés ? ª Et l'autre répondit: Ón ne sait pas encore, au moins une douzaine en tout cas. ª Le premier dit: ´ qui a pu avoir une telle idée ? ª Et le second: Á ton avis ? ª Le premier: ´ Je ne vois que le colonel Falkirk, cette ordure de Falkirk. ª Le second: Óui, mais on n'aura jamais de preuve pour le coincer. ª
Autre séquence. La salle de bains du motel. Les hommes tenaient Dom et l'obligeaient à fixer les yeux sur la cuvette du lavabo. Cette fois-ci, il comprit ce qu'on lui disait. Ils insistaient pour qu'il vomisse. Cette ordure de colonel Falkirk l'avait fait empoisonner et ces types lui avaient fait boire un émétique puissant.
Il était censé rejeter tout le poison ingurgité. Il avait des nausées terribles, mais ne vomissait pas. Son estomac se nouait, la sueur coulait sur lui comme la graisse d'un poulet que l'on flambe, mais il ne pouvait chasser le poison. Le premier homme dit: Íl nous faut une pompe stomacale. ª Et le second répondit: Óui, mais nous n'en avons pas. ª Ils lui appuyèrent très fort sur la nuque, lui écrasant la bouche sur l'émail du lavabo. Il ne pouvait plus respirer, il suffoquait, il se débattait. Il était trempé de sueur. Des nausées encore plus violentes le ravagèrent. Et enfin, il vomit.
Nouvelle séquence. Le lit. Faible, très faible. Mais pouvant respirer, gr‚ce à Dieu. Les hommes en scaphandre l'avaient nettoyé et rattaché avec des sangles.
Celui de droite préparait une piq˚re. Il enfonça l'aiguille et lui injecta un liquide ayant apparemment pour but de dissiper les derniers effets du poison.
Celui de gauche rebrancha la perfusion par laquelle il recevait des médicaments, pas de la nourriture. Dom avait la tête qui tournait, il faisait des efforts surhumains pour rester conscient. Ils remirent en marche l'ECG et parlèrent tout en travaillant. ´ Falkirk est un imbécile. On peut facilement garder le secret là-dessus. ª Íl a peur que le blocage ne l‚che et que l'un d'eux ne se rappelle un jour ce qu'ils ont vu. ª Íl a peut-être raison, mais si ce salaud les tue tous, comment va-t-il expliquer les corps ? Cela va ameuter les journalistes, ils sont pires que des chacals et on ne pourra plus rien cacher. Un bon lavage de cerveau, c'est la seule solution valable, crois-moi. ª ´Tu me dis ça, mais ce n'est pas moi qu'il faut convaincre. ª
Les silhouettes s'éloignèrent, les voix perdirent de leur intensité. Et Dom se retrouva dans un autre cauchemar. Il ne se sentait plus ni faible ni malade, mais sa peur s'était changée en une terreur sans nom et il se mit à courir avec ce terrible mouvement de ralenti propre à tous les cauchemars. Il ne savait pas pourquoi il s'enfuyait, mais il était certain que quelque chose le poursuivait, quelque chose de menaçant et d'inhumain, il pouvait le sentir derrière lui, très près, plus près encore, et finalement il sut
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