La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
avait loué deux chambres pour lui, sa femme et leurs deux filles. Il avait inscrit son nom sur le registre, mais pas son numéro de téléphone. Dom appela les renseignements, qui lui apprirent que le numéro ne pouvait être communiqué.
Déçu, il passa à Carl Sharkle, l'ami routier des Block. Sa ligne était définitivement coupée et le nouveau numéro était indisponible.
Íl figure peut-être sur le nouveau registre, dit Ernie. On doit bien l'avoir quelque part. ª
Faye apporta une tasse de café à Dom, puis rejoignit les autres à table.
Dom eut plus de chance lors de sa troisième tentative, quand il composa le numéro d'Alan Rykoff, à Las Vegas. Une femme lui répondit.
´ Madame Rykoff ?
- Oui, hésita-t-elle. Enfin, j'étais Mme Rykoff, mais j'ai divorcé. J'ai repris mon nom de jeune fille, Monatella.
-Oh, je vois. Voici. Je m'appelle Dominick Corvaisis et je vous appelle du Tranquility Motel, non loin d'Elko. Vous avez bien passé quelques jours ici en compagnie de votre ex-mari et de votre fille, il y a un peu plus d'un an et demi ?
- Euh... oui, effectivement.
-Pardonnez-moi, mais est-ce que vous-même, votre ex-mari ou votre fille avez des... difficultés... des problèmes extraordinaires ?
- Si c'est une blague, je la trouve plutôt de mauvais go˚t, dit-elle. Vous savez s˚rement ce qui est arrivé
à Alan.
- Non, madame, je ne sais pas ce qui lui est arrivé, je vous le jure. Mais je sais qu'il y a de grandes chances pour que l'un de vous trois-ou même vous trois-ait des problèmes psychologiques inexplicables, des frayeurs, des cauchemars à répétition dont il ne se souvient pas au réveil, et que la lune joue un rôle dans certains de ces cauchemars. ª
Elle poussa un petit cri de surprise et ne parvint pas à formuler une réponse cohérente.
Sentant qu'elle était au bord des larmes, il l'interrompit. ´ Madame Monatella, je ne sais pas ce qui vous est arrivé, à vous et à votre famille, mais le pire est passé. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais vous n'êtes plus seule désormais. ª
A quelque quatre mille kilomètres de là, à Manhattan, Jack Twist passa son dimanche après-midi à distribuer de l'argent.
Après l'attaque du fourgon blindé dans le Connecticut, il avait roulé sans but dans la ville, à la recherche de tous ceux qui lui paraissaient méritants ou dans le besoin, et il ne s'était débarrassé de toutes ses liquidi-tés que vers cinq heures et demie du matin. A la limite de l'effondrement, tant physique qu'émotionnel, il avait regagné son appartement de la Cinquième Avenue pour aussitôt sombrer dans le sommeil.
Il rêva à nouveau de cette route déserte éclairée par la lune, de cet étranger en casque à visière qui le poursuivait. Les rayons de la lune prirent une teinte rouge sang et il se réveilla en sursaut à une heure de l'après-midi. Une lune rouge sang. Cela n'avait pas de sens.
Il se doucha, se rasa, se vêtit et prit un petit déjeuner rapide.
Il ouvrit le placard de la chambre et ôta le panneau pour faire l'inventaire de ses trésors. Les bijoux volés en octobre avaient finalement été écoulés et la majeure partie de l'argent dérobé dans l'entrepôt de la fratellanza début décembre avait été adressée sous forme de chèques aux différents comptes en Suisse de Jack.
Il ne lui restait donc plus que cent vingt-cinq mille dollars en liquide, son fonds de secours en quelque sorte.
Il transféra presque toute cette somme dans une mallette.
Bien qu'ayant l'intention de se séparer d'une grande partie de cette fortune malhonnêtement gagnée, Jack n'avait en aucun cas l'intention de tout donner et de se retrouver sans le sou. Ce serait peut-être excellent pour son ‚me, mais très mauvais pour son avenir personnel. Néanmoins, il avait onze coffres répartis dans onze banques de la ville-au cas o˘ il devrait s'enfuir sans pouvoir plonger la main dans le compartiment secret du placard-et tous ces coffres abritaient quelque deux cent cinquante mille dollars. Les comptes en Suisse étaient créditeurs de plus de quatre millions de dollars. C'était bien plus qu'il n'en avait besoin. Il envisageait donc de se débarrasser de la moitié de sa fortune au cours des semaines à venir. Il ferait alors une pause pour décider de la suite des opérations. Rien n'interdisait qu'il poursuive encore quelque temps sa distribution.
A trois heures et demie de l'après-midi, il quitta son appartement et partit en
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