La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
qu'il ne pourrait lui échapper et il s'arrêta sur place, se retournant lentement, levant les yeux et poussant un cri de surprise:
´La lune!ª
Dom fut réveillé par son propre cri. Il se trouvait dans la chambre 20, à même le sol. Il se releva et s'assit sur le lit.
Un coup d'oeil à la pendulette de voyage. Il était trois heures sept du matin.
Tremblant, il essuya ses paumes humides sur le drap.
La chambre numéro 20 avait eu sur lui l'effet escompté. Les mauvaises vibrations de l'endroit stimu-laient sa mémoire, elles rendaient les cauchemars plus vivants et plus détaillés que jamais.
Ces rêves étaient radicalement différents de tous ceux qui avaient pu le visiter jusqu'ici car ce n'étaient pas des bribes du passé vues à travers des verres déformants, des souvenirs interdits qui avaient été
engloutis au plus profond de la mer de son inconscient.
Il avait vraiment été emprisonné ici. Il y avait été
drogué, il y avait subi un lavage de cerveau. Et pendant cette épreuve, un individu portant le nom de colonel Falkirk l'avait empoisonné pour l'empêcher de faire état de ce dont il avait été témoin.
Falkirk avait raison, se dit Dom. Nous avons mis en échec le lavage de cerveau, nous nous rappelons la réalité. Il aurait d˚ tous nous tuer.
Le dimanche matin, Ernie acheta des panneaux de contre-plaqué chez un ami qui tenait un bazar à Elko.
Il les scia à la bonne dimension, puis Ned et Dom l'aidèrent à les placer devant les fenêtres. Ils eurent fini sur le coup de midi.
Le Tranquility Grill resterait fermé tant qu'ils n'auraient pas découvert l'origine du grondement et des vibrations.
Le motel serait également fermé. Ernie ne voulait pas que ses affaires l'empêchent de se pencher avec Dom et les autres sur le mystère de la prétendue fuite de gaz toxiques. quand le dernier client serait parti, le motel n'abriterait plus qu'Ernie, Faye, Dom et les autres victimes qui, une fois contactées, pourraient décider de venir participer à l'enquête. Ne sachant pas combien de chambres seraient nécessaires, il les réserva toutes les vingt. Pour l'heure le Tranquility ressemblait moins à un motel qu'à une caserne o˘ les hommes seraient consignés en attendant la fin d'une guerre contre un ennemi inconnu.
quand le repas fut achevé ils montèrent tous dans la Dodge et Faye les conduisit à quelques centaines de mètres de là. Elle se gara le long de la nationale, juste à hauteur de l'endroit qui attirait tant Ernie et Sandy.
Appuyés au rail de sécurité, ils portaient leurs regards vers le sud et cherchaient à communier avec ce paysage susceptible de les éclairer sur leur passé.
Ned et Dom ne semblaient pas plus émus que Faye, mais celle-ci sentait bien qu'Ernie et Sandy recevaient des messages cryptés émanant du site. Sandy souriait d'un air béat, mais Ernie avait le même air que lorsque la nuit tombait: p‚le, les traits tirés, les yeux fous.
Állons plus près, dit Sandy. Allons voir ce qu'il y a.
Ils enjambèrent le rail et s'engagèrent dans la cam-
pagne. Jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent sur une parcelle de terrain qui ne différait pas vraiment des terres avoisi-nantes.
Ć'est là ª, dit Ernie. Il frissonna, remonta son col de mouton et mit les mains dans ses poches.
Sandy sourit et dit: Óui, c'est bien là. ª
Ils se dispersèrent et arpentèrent en tous sens le terrain. Au bout d'une minute ou deux, Ned annonça qu'il se sentait également lié à cet endroit, mais qu'il n'éprouvait pas la même sérénité que sa femme. Ce qu'il ressentait, c'était de la peur, et celle-ci fut bientôt si vive qu'il dut s'éloigner. Sandy courut derrière lui.
Dom avoua que lui aussi était curieusement affecté
par le lieu.
Seule Faye demeurait impassible.
Debout au milieu de la parcelle de terrain, Dom décrivit lentement un cercle. ´ qu'est-ce qui a bien pu se passer ici ? ª
De retour au motel, dans l'appartement des Block, Ernie, Sandy et Ned s'installèrent autour de la table de la cuisine tandis que Faye préparait du café et du chocolat.
Dom était assis sur un tabouret à côté du téléphone mural. Devant lui, le registre correspondant à la période de l'été de l'année dernière. Patiemment, il joignit toutes les personnes qui devaient avoir partagé la formidable expérience de cette lointaine nuit d'été.
Cela faisait huit noms en plus de lui-même et de Ginger Weiss. L'un des clients, Gerard Salcoe, de Monterey, Californie,
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