La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
ici. Entre les deux, des kilomètres de territoire sont restés libres. Comment expliquer qu'un événement qui se serait produit là-bas ait pu sauter par-dessus pour venir atterrir ici ?
- Remarque pertinente, admit Dom. Je n'ai pas de réponse.
- Et aussi ceci, continua Ned. Le dépôt n'a pas besoin de beaucoup de terres, n'est-ce pas ? D'après ce que j'ai compris, il est entièrement souterrain. Il y a deux énormes portes blindées et une route sur le flanc d'une colline, plus sans doute un poste de garde, et c'est tout. Ces cent et quelques hectares autour de l'entrée, c'est tout de même déjà énorme comme zone de sécurité; alors pourquoi cette réquisition ? ª
Dom haussa les épaules. ´ J'y perds mon latin. Toujours est-il que l'armée a pris deux mesures d'urgence à la suite des événements du 6 juillet: une quarantaine temporaire ici, pour s'occuper des témoins et un agrandissement immédiat de la zone de sécurité
autour du dépôt-plus une quarantaine secondaire toujours effective. quelque chose me dit, à moi aussi, que c'est a Thunder Hill que se trouve la réponse à nos questions. ª
Personne ne parla. Bien que chacun e˚t terminé sa part de dinde, aucun des convives ne pensait au dessert. Marcie se servait de sa cuiller pour dessiner des cercles dans la sauce restant au fond de son assiette, donnant ainsi une vie éphémère à des lunes brun‚tres et semi-liquides. Personne ne souhaitait débarrasser la table, car ç'aurait été abandonner momentanément la conversation. Ils étaient au coeur du problème: comment agir face à des ennemis aussi puissants que l'armée et le gouvernement des Etats-Unis ? Comment pourraient-ils franchir un rideau de fer de secret tiré
au nom de la sécurité du pays et protégé par l'…tat et la jurisprudence ?
Ńous en savons assez pour tout déballer sur la place publique, dit Jorja Monatella. La mort de Zebediah Lomack, celle d'Alan, le meurtre de Pablo Jackson. Les cauchemars que la plupart d'entre vous font pratiquement chaque nuit. Les photos. C'est le genre de nouvelles à sensation dont se repaissent les médias.
Si nous faisons savoir au monde ce qui nous arrive nous aurons la presse et l'opinion publique avec nous.
Nous ne serons plus seuls.
- Impossible, trancha Ernie. Cela ne fera que renforcer l'attitude de l'armée. Elle fournira une version des faits encore plus imperméable. Croyez-moi, je con-
nais les militaires, ils ne sont pas du genre à céder aux pressions comme les politiciens. En revanche, ils ne bougeront pas tant qu'ils croiront que nous tournons en rond-et cela nous donnera du temps pour découvrir leurs points faibles.
- N'oubliez pas que Falkirk était partisan de l'éli-mination plutôt que du lavage de cerveau, rappela Ginger. S'il s'est radouci depuis, c'est qu'il a reçu des ordres de ses supérieurs et qu'il a d˚ obtempérer. Mais si nous racontons tout à la presse, il pourrait bien réussir à convaincre ses chefs du bien-fondé de la solution finale.
- Même si c'est dangereux, nous devrions peut-être contacter la presse, dit Sandy. Je ne vois pas comment nous pourrions entrer dans l'entrepôt de Thunder Hill pour voir ce qui s'y passe. Il doit y avoir des systèmes de sécurité, des portes blindées...
- C'est Ernie qui a raison, dit Dom. Nous devons rester discrets et tenter de découvrir leurs points faibles.
- Il y a combien d'hommes à Thunder Hill ? ª
demanda soudain Jorja.
Avant même que Ginger ou Dom aient pu donner les informations glanées dans le Sentinel, un étranger apparut dans l'encadrement de la porte. Mince, d'allure rude, il approchait de la quarantaine. La porte du rez-de-chaussée était fermée à clef, les marches de l'escalier n'avaient pas grincé sous son poids et il arrivait dans un silence quasi magique, comme un fantôme.
´ Pour l'amour du ciel, fermez-la ! s'écria-t-il d'une voix forte qui le rendit soudain aussi réel que tous les autres membres de l'assemblée. Vous vous croyez peut-être bien à l'abri pour comploter ? ª
A une petite trentaine de kilomètres au sud-ouest du Tranquility Motel, au centre d'essais de l'armée de Shenkfield, toutes les unités étaient sous terre-qu'il s'agisse des laboratoires, des bureaux, du poste de commandement, de la cafétéria, du centre de loisirs ou des quartiers d'habitation.
Assis seul à une table métallique dans le bureau qui lui était assigné à titre temporaire, le colonel Leland Falkirk attendait non
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