La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
lui auraient permis de remplir ses obligations envers Dom. Une adresse et un numéro de téléphone, une brochure d'hôtel, un dépliant touristique-n'importe quoi qui lui e˚t prouvé que les Salcoe étaient partis en vacances. Ou encore du sang sur les rideaux et les tapis, des meubles renversés un mot griffonné à la h‚te-bref, quelque chose qui indiqu‚t que les membres de la famille avaient été
enlevés.
Certes, Dom ne lui avait demandé que de rencontrer ces gens, de bavarder un peu avec eux, mais Parker ne faisait jamais les choses à moitié. De plus, il prenait plaisir à ce qu'il faisait, même si son coeur commençait à battre la chamade et sa gorge à se serrer.
Il passa dans une bibliothèque, puis dans un petit salon de musique. Il y avait là un second piano, des clarinettes posées sur des chaises devant des pupitres, une barre pour les exercices. Les deux petites Salcoe devaient adorer la musique et la danse.
Parker ne découvrit rien au rez-de-chaussée et monta au premier étage, foulant lentement le tapis épais qui recouvrait les marches de chêne. Il fit halte à mi-étage, la main crispée sur la rampe.
Toujours le silence.
Il franchit les dernières marches et là, il entendit quelque chose. Un son curieux, à mi-chemin entre le biiip et le blip, qui venait des pièces situées de part et d'autre du palier. Il crut un instant que le système de sécurité s'était mis en marche, mais une alarme électronique aurait été des milliers de fois plus sonore que ces bztp-bltp.
Il trouva un interrupteur, alluma la lumière. A nouveau, il tendit l'oreille, cherchant à déceler autre chose que les étranges biip-blip. Il ne perçut rien d'autre. Ce son avait quelque chose de familier, mais il ne pouvait dire quoi.
Sa curiosité était plus grande que sa peur. Il choisit de prendre à droite et de marcher vers l'une des sources sonores.
Il perçut alors deux groupes de sons, très rapprochés mais tout de même distincts, émis sur des rythmes très légèrement différents et provenant d'une pièce sombre dont la porte était aux trois quarts fermée. Parker poussa la porte. Rien ne jaillit de l'obscurité pour l'agresser. Seuls les sons étranges se firent plus perçants.
Sur le mur d'en face, des rais blancs soulignaient le contour des rideaux tirés. Dans un coin de la pièce, une curieuse lueur verd‚tre venait ajouter au mystère.
Parker entra, chercha l'interrupteur, alluma et vit aussitôt les deux petites Salcoe. Il crut qu'elles étaient mortes. Elles étaient allongées sur le dos dans un lit immense, dissimulées jusqu'aux épaules sous des couvertures, immobiles, les yeux grands ouverts. C'est alors que Parker comprit que les biip-blip et les lueurs verd‚tres jaillissaient des moniteurs d'EEG et d'ECG
auxquels les deux petites filles étaient reliées. Il vit des perfusions et des tuyaux disparaissant sous les couvertures et sut qu'elles étaient en plein lavage de cerveau.
La pièce ne ressemblait absolument pas à une chambre d'adolescentes: il n'y avait ni posters ni animaux en peluche, rien qui témoign‚t de leurs go˚ts personnels. Ce n'était qu'une grande chambre d'ami, dans laquelle on les avait placées toutes les deux pour des raisons de commodité.
Mais o˘ se trouvaient leurs gardiens ? Ces experts en contrôle mental se sentaient-ils tellement s˚rs de leurs drogues et de leurs techniques pour se permettre de faire un saut jusqu'au McDonald's voisin afin de s'acheter un hamburger ? L'une des petites filles ne risquait-elle pas de retrouver un peu de lucidité et de s'arracher aux appareils ?
Parker s'approcha d'une des deux gamines, examina son visage. Ses yeux étaient vitreux. Il agita la main devant elle, mais elle ne réagit pas.
Il découvrit qu'elle portait des écouteurs raccordés à un petit magnétophone posé sur l'oreiller. Il se pencha davantage, souleva l'un des écouteurs et entendit une voix douce, mélodieuse, une voix de femme qui disait: ´ Lundi matin, j'ai pu dormir tard. Cet hôtel est vraiment formidable quand on veut faire la grasse matinée. D'ailleurs, c'est plus un club qu'un hôtel, les employés sont très stylés et les femmes de chambre ne s'agitent pas dans les couloirs dès le lever du soleil.
C'est un coin vraiment super! J'aimerais bien y vivre quand je serai grande. Après notre petit déjeuner, Chris-sie et moi, on s'est promenées dans la campagne en se disant qu'on rencontrerait peut-être des garçons,
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