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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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qu'il y avait à l'intérieur de l'entrepôt de Thunder Hill. Et ce terrible secret plaçait toute chose dans une perspective différente. Cette guérison était une ruse destinée à lui faire croire que les avantages d'une coopération avec l'ennemi étaient trop grands pour justifier la résistance. Ils apportaient la fin des souffrances. Peut-être même la fin de toutes morts autres que celles trop brutales pour être évitées. Mais Falkirk savait que l'essence de la vie était la souffrance. Il était dangereux d'envisager la suppression de la douleur. Dangereux, parce que ce genre d'espoir est habituellement déçu. Et que la douleur qui sur-vient après coup est encore pire que celle avec laquelle on a l'habitude de vivre. Leland Falkirk était persuadé
    que la souffrance-physique, mentale, émotionnelle-constituait le coeur même de la condition humaine, que la survie et la santé de l'esprit dépendaient de l'acceptation de la douleur, plutôt que de la résistance ou du désir de fuite devant elle. Il fallait se nourrir de la souffrance pour éviter d'être vaincu par elle, et quiconque venait avec une proposition de transcendance devait être accueilli avec défiance et mépris.
    Leland Falkirk avait recouvré la fermeté de ses convictions.
    L'intérieur du gros camion de l'armée était équipé
    de banquettes métalliques fixées de chaque côté ainsi qu'à la paroi séparant la cabine de l'arrière. Des courroies de cuir permettaient de se rattraper quand la route était raide ou difficile. Le corps du père Wycazik avait été déposé sur la banquette transversale et solidement sanglé pour ne pas rouler à terre. Les témoins
    -Jorja, Marcie, Brendan, Ernie, Faye, Ned et Sandy-et Parker Faine étaient assis sur les banquettes latérales. D'ordinaire, les portes arrière étaient fermées de l'intérieur par un simple loquet, ce qui permettait aux soldats de sortir très vite en cas d'urgence. Mais, cette fois-ci, le colonel Falkirk les avait personnellement verrouillées de l'extérieur. Ce bruit de serrure qui évoquait les donjons médiévaux emplit Jorja de désespoir.
    Le plafonnier n'était pas allumé, sur ordre de Falkirk, et les prisonniers voyagèrent dans le noir.
    Bien qu'Ernie Block se f˚t remarquablement comporté malgré la nuit, chacun s'attendait à ce qu'il s'effondre lamentablement dans le noir absolu de cette cellule mouvante. Assis à côté de Faye, il lui prit la main. De soudaines bouffées d'angoisse se traduisaient par une respiration haletante, mais il en venait rapidement à bout. ´ Je commence à me souvenir des avions dont Dom a parlé, dit-il avant que le camion ne se mette en marche. Ils étaient au moins quatre, qui volaient à très basse altitude, deux surtout... et puis il y a eu autre chose que je n'arrive pas à me rappeler...
    Après cela, j'en suis s˚r, j'ai sauté dans la camionnette du motel et j'ai conduit comme un fou sur la nationale 80
    jusqu'à cet endroit o˘ Sandy et moi avons ressenti tant de choses. Voilà, c'est tout... mais plus la mémoire me revient, moins j'ai peur du noir. ª
    Le colonel n'avait mis aucun garde avec eux. Il pensait qu'il était bien trop dangereux, même pour des hommes armés, de les côtoyer.
    Avant le départ du camion militaire, Falkirk avait paru sur le point de les faire exécuter au bord du chemin. Jorja avait senti son estomac se tordre. Puis il s'était calmé et avait demandé o˘ se trouvaient Ginger, Jack et Dominick.
    Tout d'abord, personne ne lui avait répondu, ce qui l'avait rendu furieux. Une main sur la tête de Marcie, il avait laissé entendre quel serait le sort de la fillette si on ne lui disait pas tout de suite la vérité. Ernie avait pris la parole, lui faisant remarquer que son comportement était honteux et déshonorant pour l'uniforme qu'il portait, puis il avait révélé à contrecoeur que Ginger, Jack et Dom étaient partis en direction de Battle Mountain, de Winnemucca et de Reno. Ńous craignions que toutes les routes ne soient surveillées, dit Ernie. Nous ne voulions pas placer tous nos oeufs dans le même panier. ª C'était un mensonge, bien s˚r. Il s'en fallut de peu que Jorja ne le supplie de ne pas mettre la vie de sa fille en péril, mais elle comprit que Falkirk n'avait aucun moyen de vérifier ce qu'Ernie avançait.
    Ce dernier donna au colonel une profusion de détails sur le chemin que les trois fugitifs étaient censés suivre, et Falkirk ordonna à quatre hommes de partir

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