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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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voix était celle de Parker Faine, qui venait de forcer la porte et se tenait dans l'embrasure.
    ´ Dominick, mon vieux, ça va ? ª

    Dom se rendit compte que, dans son sommeil, il avait non seulement fermé la porte à clef, mais aussi poussé devant un fauteuil et une table de nuit. Les meubles gisaient maintenant à terre.
    Parker entra dans la chambre. ´Tu vas bien, t'es s˚r? Tu poussais des hurlements. On t'entendait depuis la route.
    -J'ai rêvé.
    - Un fameux cauchemar, oui !
    - Je ne m'en souviens pas... ª Dom était toujours assis par terre, le dos au mur, trop épuisé pour se relever. ´ Je suis bien content de te voir, tu sais, mais au fait, qu'est-ce que tu fiches ici ?
    - Tu ne te rappelles pas ? Tu m'as téléphoné. Il y a dix minutes, tout au plus. Tu hurlais au secours. Tu disais qu'ils étaient là et qu'ils allaient te prendre. Et puis, tu as raccroché. ª
    Dominick sentit l'humiliation s'abattre sur ses épaules.
    Álors, tu m'as appelé dans ton sommeil? dit le peintre. En tout cas tu n'avais pas l'air... toi-même. J'aurais peut-être d˚ appeler la police, mais je me suis dit que c'était encore cette histoire de somnambulisme. Tu n'aurais s˚rement pas apprécié de te réveiller devant une demi-douzaine de poulets.
    -Je ne me maîtrise plus du tout, Parker. Il y a quelque chose en moi.
    -J'en ai assez d'entendre ces idioties. ª
    Dom était effondré. Il se sentait sur le point de pleurer, mais parvint à se reprendre et dit d'une voix mourante: ´ quelle heure est-il ?
    - Un peu plus de quatre heures. ª
    Parker se tourna vers la fenêtre et fronça les sourcils. Dom suivit son regard et constata que les tentures étaient fermées et que l'armoire avait été poussée devant la fenêtre pour bloquer le passage. Il avait beaucoup travaillé dans son sommeil.

    Śeigneur Jésus! s'écria Parker en s'approchant du lit. «a me plaît de moins en moins, ton histoire. ª
    Dom s'appuya au mur pour se relever et découvrit ce qui avait suscité l'exclamation de Parker. Sur le lit étaient posés, en plus du grand couteau de cuisine, deux couteaux de plus petite taille, l'automatique qu'il conservait habituellement dans le tiroir de sa table de nuit, un couperet, un marteau et la hache à
    couper du bois qu'il se souvenait d'avoir remisée dans le garage.
    ´ qu'est-ce que tu craignais tant ? Une invasion soviétique ? qu'est-ce qui te fait si peur? Dis-le-moi...
    -Je n'en sais rien. quelque chose dans mes cauchemars.
    -Dis-moi au moins de quoi tu rêves.
    -Je ne m'en souviens pas.
    -Pas du tout ?
    - Non. ª Il frissonna de tout son corps.
    Parker s'approcha et lui posa une main sur l'épaule.
    ´ Tu vas prendre une douche et t'habiller. Je vais te préparer un bon petit déjeuner. D'accord? Et puis ensuite... je crois qu'on ferait bien de rendre une petite visite à ton médecin pour qu'il t'examine à nouveau. ª
    Dominick hocha la tête.
    C'était le 2 décembre.
    2-16 décembre
    Boston, Massachusetts
    Viola Fletcher, institutrice de cinquante-huit ans, mère de deux enfants, épouse dévouée et femme d'esprit au rire communicatif, était allongée sur la table d'opération, inconsciente. Son sort était désormais entre les mains du Dr Ginger Weiss.

    Toute la vie de Ginger n'avait été qu'une longue préparation à cet instant: pour la première fois, elle était responsable d'une opération majeure et, surtout, très complexe. Elle ne pouvait s'empêcher d'être très fière du chemin parcouru.
    Mais elle était également à moitié morte de peur.
    Mme Fletcher avait été anesthésiée et couverte de champs verts.
    Le corps de la malade était invisible, mis à part la portion du buste sur laquelle devait se dérouler l'intervention, un carré de peau nettement délimité, rouge de teinture d'iode, dans un cadre de tissu couleur citron. Même son visage restait invisible sous un drap en cloche, précaution supplémentaire pour empêcher toute contamination, par voie aérienne, de l'entaille qui allait être pratiquée sur elle. Le patient s'en trouvait dépersonnalisé et peut-être cela faisait-il partie des raisons d'être inconscientes des champs qui l'emmaillotaient, tout comme ils servaient à épargner au chirurgien la vue de l'agonie et de la mort sur un visage humain, au cas o˘-à Dieu ne plaise-il ne serait pas à la hauteur de la t‚che. A la droite de Ginger, Agatha Tandy était prête à lui passer les divers instruments, scalpels, pinces hémostatiques, etc. A sa

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