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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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une psychose débilitante.
    - Je vous en prie, George, ne me parlez pas comme à une attardée...
    - Moi ? Ce n'est pas mon genre, vous le savez bien, fit-il, un peu vexé. Je ne suis pas là pour vous abuser, je pense sincèrement ce que je dis. Nous n'avons pas trouvé la cause physique de votre problème, d'accord mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas. Elle n'est peut-être pas assez évidente, c'est tout. Dans quelques semaines, mettons un mois, ou dès que la situation empirera, nous referons des examens. Et là, je vous parie tout ce que vous voulez que nous mettrons le doigt sur la cause de votre trouble.
    - Vous le croyez vraiment ? Vous pensez que ce pourrait être une tumeur au cerveau ou un abcès si petit qu'il est encore indécelable ?
    - Oui. Et je trouve cela bien plus crédible qu'une quelconque perturbation psychologique. Vous êtes une des personnes les plus equilibrees que je connaisse. Et je ne vois pas comment vous pourriez souffrir d'une psychose ou d'une psychonévrose qui ne se manifesterait pas en dehors de ces fugues. Les maladies mentales graves ne sont pas ponctuelles, elles per-turbent toute la vie du patient. ª
    C'était une chose à laquelle elle n'avait jamais pensé.
    Cette théorie la réconforta quelque peu. En revanche, il était plutôt curieux d'espérer avoir une tumeur au cerveau, bien que cela s'opér‚t assez facilement. La folie, elle, se moquait bien du scalpel.
    ´ Les semaines ou les mois qui viennent vont certainement être les plus durs de votre vie, dit-il.
    L'attente. . .
    - Je suppose que je ne pourrai pas exercer.
    - Non, mais rien ne vous empêche de m'assister au cabinet.
    -que penseront vos patients si je pique soudain une crise et me précipite en hurlant dans les couloirs ?
    - Ce que pensent mes patients, c'est mon affaire.
    Pour le moment, vous allez vous reposer une ou deux semaines. Pas question de travailler. Ces derniers jours ont été éprouvants du point de vue physique et émotionnel.
    - Eprouvants ? Ne tapez pas sur la théière ! ª
    Il cligna des yeux, surpris: Ćomment ?
    -Oh, fit-elle, étonnée d'avoir entendu ces mots lui sortir de la bouche, c'est quelque chose que mon père disait souvent. C'est une expression yiddish. Hok nit kain tchynik: ne tape pas sur la théière. «a veut dire: ne raconte pas n'importe quoi. Mais ne me demandez pas pourquoi. C'est juste quelque chose que j'enten-

    dais tout le temps quand j'étais enfant.
    - Eh bien, je n'ai tapé sur aucune théière. Vous avez peut-être passé toute la semaine au lit, mais c'est néanmoins une expérience épuisante, et vous avez besoin d'y aller en douceur pendant quelque temps. Je vous demande de venir habiter chez nous pendant les prochaines semaines.
    - Comment ? Oh, il n'est pas question que je vous impose...
    - Vous ne nous imposerez rien du tout. Nous avons une bonne et vous n'aurez même pas à faire votre lit le matin. Depuis la chambre d'ami, on a une très jolié
    vue sur la baie. Vivre au bord de l'eau a un effet reposant. En fait c'est exactement ce que vous ordonne le médecin.
    - Non. Vraiment. C'est très gentil, mais je ne peux pas. ª
    Il fronça les sourcils. ´ Vous ne comprenez pas. Je ne suis pas simplement votre patron, mais aussi votre toubib, et je vous dis que c'est ce que vous allez faire.
    - Mais je serai parfaitement bien à l'appartement, et...
    - Non, la coupa-t-il d'un ton ferme. Pensez-y. Supposez qu'une de ces fugues vous saisisse pendant que vous préparez le repas; que vous renversiez une casse-role ou une friteuse. Vous pourriez déclencher un incendie sans même vous en rendre compte pendant que vous seriez en état de fugue. A ce moment-là
    l'appartement serait en feu et vous prise au piège dedans. Ce n'est là qu'une des manières dont vous pourriez vous faire mal. On peut en imaginer des centaines. C'est pourquoi je me permets d'insister... Vous ne devez pas rester seule pendant un certain temps.
    Si vous ne voulez pas rester chez Rita et moi, avez-vous au moins des parents chez lesquels vous pourriez séjourner quelque temps ?
    - Pas à Boston. J'ai bien des tantes et des oncles à New York... ª
    Mais Ginger ne pouvait rester chez l'un d'eux. Ils auraient été ravis de l'avoir, bien entendu, en particulier Tante Francine ou Tante Rachel. Mais elle ne vou-

    lait pas être vue dans l'état o˘ elle se trouvait actuellement, et l'idée de piquer une crise devant l'une ou l'autre était intolérable. Elle imaginait déjà

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