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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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les cas chroniques, l'action du sédatif pouvait être renforcée par celle d'un antidépresseur dans la journée. Les gestes effectués par Dom dans son sommeil étant particulièrement troublants, le Dr Cobletz lui avait prescrit du Valium dans la journée et un comprimé de 15 mg de Dalmane au moment de se glisser dans ses draps.
    Dans la voiture qui les ramenait à Laguna Beach, Parker Faine dit à Dom qu'il n'était pas très prudent de continuer à vivre seul. ´ Ma maison est immense.
    Je pourrai te surveiller. Ne crains rien, je ne jouerai pas les mères poules, mais je serai là en cas de pépin.
    Et puis, nous aurons tout le temps pour parler de ton problème, voir en quoi il est lié aux changements survenus l'été dernier, quand tu as laissé tomber ton job au Mountainview College. Je t'assure, il n'y a que moi qui puisse t'aider. Si je n'avais pas été peintre, je me serais fait psychiatre, j'ai vraiment le truc pour accou-cher les gens ! ª
    Dom refusa. Il voulait rester chez lui, seul, car sinon, cela revenait à battre en retraite dans le même terrier de lapin o˘ il s'était caché de la vie pendant tant d'années. La transformation qu'il avait vécue durant son voyage à Mountainview, Utah, deux étés auparavant avait été spectaculaire et inexplicable-mais bénéfique. A trente-trois ans, il avait finalement saisi les rênes de son existence; il avait sauté en selle avec gr‚ce et chevauché dans de nouveaux territoires. Il aimait l'homme qu'il était devenu et ne redoutait rien tant que de revenir à son ancien style de vie, morne et lugubre.
    Peut-être son somnambulisme était-il mystérieusement en rapport avec les changements d'attitude qu'il avait traversés, comme Parker semblait le croire, mais Dom doutait que cette relation f˚t mystérieuse ou complexe. Plus vraisemblablement, son activité noc-

    turne était une manière de refuser les défis, l'excitation et les tensions de sa nouvelle existence. Ce qu'il ne pouvait faire ouvertement. C'est pourquoi il lui fallait rester à son domicile, seul, prendre le Valium et le Dalmane que lui avait prescrits le Dr Cobletz et venir à bout de la chose à la force du poignet. Voilà
    ce qu'il avait décidé dans la Volvo, le lundi matin.
    Aujourd'hui, samedi 7 décembre, il semblait qu'il e˚t pris la décision correcte. Parfois, il avait besoin d'un Valium, mais pas toujours. Tous les soirs, il prenait un comprimé de Dalmane avec du lait ou du chocolat chaud. Le somnambulisme perturbait moins souvent ses nuits. Avant la chimiothérapie, il déambulait chaque nuit; très récemment, il ne s'était promené
    que deux fois au petit jour, le mercredi et le vendredi matin.
    De plus, ses activités nocturnes étaient moins étranges, moins troublantes aussi que précédemment. Il n'entassait plus d'armes, n'édifiait plus de barrages, ne tentait plus d'obstruer les fenêtres. Il quittait tout simplement son lit pour dormir dans le placard. Et là
    il se réveillait glacé, paralysé par une terreur sans nom qui hantait ses rêves et dont il ne se souvenait en rien.
    Gr‚ce au ciel, le pire semblait passé.
    Il se remit à écrire le jeudi et travailla au roman abandonné depuis trop longtemps.
    Le vendredi, Tabitha Wycombe, son éditeur de New York, l'appela pour lui donner de bonnes nouvelles.
    Deux critiques étaient consacrées à Crépuscule à Babylone avant même sa parution et toutes deux étaient excellentes. En outre, le premier tirage serait encore plus important que prévu. Ils bavardèrent pendant près d'une demi-heure et, quand il raccrocha, Dom se sentit à nouveau sur les rails.
    La nuit du samedi au dimanche fut marquée par une nouvelle évolution-en bien ou en mal, il était encore trop tôt pour le dire. Toutes les nuits o˘ il avait marché dans son sommeil, il avait été incapable de se souvenir ne f˚t-ce que du plus petit détail des cauchemars qui le tiraient hors du lit. Ce samedi-là, il fut visité par un rêve terrifiant qui le poussa à se réfugier à l'autre bout de la maison mais le plus étonnant fut qu'il se le rappela à son réveil-la dernière partie, tout au moins.

    Dans les derniers instants de son rêve, il était dans une salle de bains-impression de vague et de flou.
    Un homme invisible le poussait contre un lavabo, l'obligeait à se pencher au-dessus; son visage s'enfon-
    çait dans la cuvette de porcelaine. quelqu'un avait passé un bras autour de lui et le tenait debout, car il était trop faible

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