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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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lendemain, tout de même ? ª
    Ils se tenaient toujours par la main. Elle le serra plus fort et dit: ´ Tu te souviens de Helen Dorfman ?
    C'était il y a près de vingt-cinq ans. C'était notre logeuse, à l'époque o˘ tu étais au camp de Pendleton.
    -Oui, elle habitait au 1 Vine Street et nous, au 6. ª
    Une petite lueur brilla dans son oeil. Élle avait un chat, il déposait souvent des souris devant notre porte.
    -Oui, entre le journal et les bouteilles de lait.
    -Je comprends pourquoi tu me parles de Helen Dorfman, dit-il. Elle avait peur de sortir de sa maison, elle ne pouvait même plus aller sur sa propre pelouse.
    - Cette pauvre femme souffrait d'agoraphobie, dit Faye. Une peur irrationnelle de l'espace. Elle était prisonnière dans sa propre demeure. A l'extérieur, elle était terrorisée. Les médecins parlent de peur panique, je crois.
    - Une peur panique, répéta Ernie. Oui, ce doit être ça...
    - Eh bien, Helen n'a fait de l'agoraphobie que trente-cinq ans après la mort de son mari. Les phobies peuvent apparaître comme ça, à tout moment de la vie.
    -C'est mieux que la sénilité précoce, en tout cas, admit Ernie. Mais bon sang, je ne veux pas passer le restant de mes jours à avoir peur du noir !
    - …coute, dit Faye, il y a vingt-cinq ans, on ne savait absolument rien des phobies. Les recherches n'étaient pas très avancées et il n'y avait aucun traitement efficace. Je suis persuadée que tout cela a changé
    aujourd'hui. ª
    Il demeura un instant silencieux.
    ´ Faye, je ne suis pas dingue.
    -Je le sais bien, idiot. ª
    Il répéta plusieurs fois le mot ´ phobie ª. Il voulait sincèrement croire sa femme. Elle vit l'espoir renaître dans ses yeux.
    ´ Pourtant, ce qui m'est arrivé sur la route jeudi dernier... Et cette hallucination... je suis s˚r que c'est une hallucination, un motard sur le toit, tu penses ! Com-

    ment expliques-tu cela ? qu'est-ce que cela vient faire dans ma phobie ?
    -Je n'en sais rien, mais un expert devrait pouvoir rassembler les divers éléments. Je suis persuadée que ce n'est pas aussi inhabituel que tu le penses.
    -Oui, fit-il après un instant de réflexion, mais je ne connais pas de...
    - Ne t'en fais pas, dit-elle, j'ai déjà tout prévu. Il n'y a personne à Elko qui puisse traiter ce genre de problème. Ce qu'il nous faut, c'est un spécialiste, quelqu'un qui voit tous les jours des personnes atteintes de phobies. Il n'y en a s˚rement pas non plus à
    Reno. Il faut une ville plus importante. Milwaukee devrait faire l'affaire. Nous pourrions habiter chez Lucy et Frank...
    - En même temps, nous pourrions profiter un peu de Frank Junior et de Dorie, dit-il avec un sourire de satisfaction.
    -Oui, nous devions aller chez eux pour NoÎl, eh bien, nous irons une semaine plus tôt. Nous allons même partir demain et, aussitôt arrivés à Milwaukee, nous chercherons un spécialiste. Si, au jour de l'an, je vois qu'il faut rester un peu plus longtemps, je ferai un saut ici et je mettrai quelqu'un à la tête du motel avant de te rejoindre.
    - Si nous fermons une semaine plus tôt que prévu, Sandy et Ned vont perdre des clients. Nous ne pouvons quand même pas...
    - Nous nous arrangerons avec eux s'ils ne font pas assez d'affaires. ª
    Ernie secoua la tête en souriant. ´ Tu as vraiment tout prévu, hein ? Tu m'étonneras toujours, je crois.
    - Des fois, je m'étonne aussi moi-même, dit-elle en riant.
    -Je remercie Dieu chaque jour de t'avoir rencontrée.
    - Et moi, je ne regrette rien, Ernie. Je ne regrette-rai jamais rien.

    - En tout cas, je me sens drôlement mieux maintenant que je t'ai tout dit. Nous formons une équipe terrible, Faye. Ensemble, nous pouvons tout affronter.
    Pas vrai ?
    -Oui, nous pouvons tout affronter. ª
    C'était le samedi 14 décembre et le jour allait bientôt se lever. Faye Block était certaine qu'ils viendraient à bout de leurs difficultés actuelles, de même qu'ils avaient toujours surmonté les problèmes qui s'étaient posés à eux.
    Comme Ernie, elle ne pensait plus à la photographie non identifiée qu'ils avaient reçue par la poste, le jeudi précédent.
    Boston, Massachusetts
    Sur la dentelle finement travaillée de la coiffeuse d'érable étaient posés un ophtalmoscope métallique et une paire de gants noirs.
    Ginger Weiss se tenait devant la fenêtre, à gauche de la coiffeuse et contemplait la baie dont les eaux grises étaient le reflet exact du ciel de décembre. Les riva-ges plus lointains se perdaient

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