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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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avant de sentir qu'il lui plaquait
un masque sur le visage. Elle se débattit un peu quand elle sentit l'odeur
d'éther, puis elle perdit conscience.
     
    Lorsqu'elle
reprit contact avec la réalité, elle se sentit vaguement nauséeuse et chercha
instinctivement à cracher ce qui lui encombrait la bouche.
     
    — Non, madame
Morin, entendit-elle ordonner.
     
    Crachez pas les
tampons de ouate. Ils vous empêchent de saigner.
     
    Laurette déglutit
péniblement tout en s'inquiétant de l'étrange insensibilité qui avait gagné le
bas de son visage.
     
    Elle aurait voulu
poser des questions, mais comment le faire la bouche pleine? Levant la tête,
elle aperçut Gérard debout devant elle. Sa présence la rassura. Elle se sentait
un peu étourdie et s'empressa de refermer les yeux.
     
    — Tout est
correct, entendit-elle son mari lui affirmer.
     
    Ça s'est ben
passé.
     
    Elle rouvrit
difficilement les yeux, cherchant à fixer son attention sur ce qui lui était
dit. Une légère migraine venait lui tarauder les tempes et la nausée n'avait
pas disparu.
     
    — Je me suis
entendu avec le docteur pour qu'on vienne le payer à la fin du mois d'août,
poursuivit son mari. Il m'a
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    même donné des
pilules qui vont t'aider à ben dormir en revenant à la maison.
     
    — Vous avez fait
ça comme une grande fille, la félicita le dentiste en apparaissant soudain dans
son champ de vision. Dans une heure, vous pourrez enlever la ouate.
     
    Faut juste éviter
de boire ou de manger des affaires trop chaudes ou trop froides avant deux ou
trois heures.
     
    Laurette hocha la
tête pour signifier qu'elle avait compris tout en ne trouvant pas l'énergie
nécessaire pour se lever.
     
    — On va attendre
un bon trois mois pour que vos gencives soient bien cicatrisées. A la
mi-octobre, vous viendrez faire prendre vos empreintes et on va vous fabriquer
de beaux dentiers.
     
    Sous le coup de
la surprise, Laurette ouvrit largement les yeux et ses traits se crispèrent.
Les dernières paroles du dentiste venaient de la tirer définitivement de son
état de somnolence. L'idée ne l'avait jamais effleurée qu'elle devrait attendre
aussi longtemps avant de posséder des dents. Il n'avait jamais été question
qu'elle doive attendre trois mois.
     
    «Le maudit
hypocrite, se dit-elle. Pas de saint danger qu'il me l'aurait dit avant de
m'arracher les dents!»
     
    Elle ferma les
yeux. Qu'allait-elle faire durant trois mois sans dents? Comment allait-elle se
nourrir? Si elle avait pu parler, Émilien Duval en aurait pris pour son grade.
     
    — Es-tu correcte?
lui demanda Gérard un peu inquiet de la voir refermer les yeux, toujours assise
dans le fauteuil.
     
    Elle hocha la
tête en lui adressant un regard mauvais.
     
    — Si vous vous
sentez assez solide sur vos jambes, vous pouvez partir maintenant, offrit Émilien
Duval en lui retirant le tablier qu'il avait déposé sur elle avant de
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    procéder à
l'intervention. Suivez mes conseils et tout va bien se passer.
     
    Elle se leva
doucement, aidée par un Gérard prévenant.
     
    Elle adressa un
bref signe de tête à son tortionnaire et quitta la pièce.
     
    — Attends-moi
pour descendre l'escalier. Il manquerait plus que tu tombes, lui ordonna son
mari.
     
    Il remercia le
dentiste et se précipita pour lui donner le bras au moment où elle atteignait
le palier de l'escalier.
     
    Il l'installa
dans la Chevrolet avant de se remettre au volant.
     
    Le soleil venait
de se coucher et l'orage avait sensiblement rafraîchi l'atmosphère. Dès qu'elle
s'était assise dans l'automobile, Laurette s'était empressée d'abaisser la
glace du côté passager pour chasser l'odeur d'éther qui lui soulevait le coeur.
Elle n'avait même pas envie de fumer une cigarette.
     
    A son arrivée à
la maison, Gérard prévint Jean-Louis et Carole de l'intervention chirurgicale
que leur mère venait de subir.
     
    — Sacrifice,
m'man! s'exclama Jean-Louis. Pour quelqu'un qui a peur des dentistes, vous vous
êtes arrangée pour pas en revoir un de sitôt.
     
    — Venez, m'man,
je vais vous préparer votre lit, offrit Carole pleine de compassion en
entraînant sa mère vers sa chambre.
     
    — C'est ça,
reprit son père. Je vais t'apporter un verre d'eau et deux des pilules que le
dentiste t'a données. Je vais mettre ça sur ton bureau. Tu pourras les prendre
quand t'ôteras ta ouate.
     
    Carole enleva le
couvre-lit et couvrit sa mère d'une seule couverture avant de refermer

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