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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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prochain pour qu'on voie de quoi elle a
l'air, cette fille-là, lui proposa sa mère.
     
    Malheureusement,
cette dernière n'aima pas du tout Florence Messier. Elle lui trouva un petit
air «pincé»
     
    déplaisant.
L'amie de son fils lui rappelait un peu trop sa belle-mère, décédée quelques
années auparavant. Inutile de préciser que l'atmosphère du repas fut glaciale,
malgré les efforts de Gérard et de Carole pour animer la conversation.
     
    Quand Florence
avait voulu aider à essuyer la vaisselle après le souper, Laurette s'était
contentée de laisser tomber un sec: «Laissez faire. Carole suffit pour
essuyer.» Dès le dernier morceau de vaisselle lavé, l'hôtesse s'était dépêchée
d'allumer le téléviseur pour ne pas avoir à faire la conversation à l'invitée.
     
    Le jeune couple
n'était demeuré qu'une heure après le repas. Pour justifier ce départ hâtif,
Florence avait évoqué la nécessité de se coucher tôt pour être en mesure de
faire la classe le lendemain matin. Elle avait remercié chaleureusement ses
hôtes avant de prendre congé. Gilles avait quitté l'appartement pour
raccompagner son amie.
     
    — Veux-tu ben me
dire où il est allé pêcher une maudite fraîche comme ça? avait demandé Laurette
à son mari dès que la porte d'entrée s'était refermée.
     
    — Moi, je la
trouve pas fraîche. Elle sait juste se tenir, avait répondu Gérard.
     
    — Ben sûr! Elle a
dû te rappeler ta mère ou ta soeur Colombe. Toi, les femmes pincées, t'aimes
ça.
     
    — Oui. J'aime
mieux ça qu'une femme vulgaire, avait répliqué sèchement son mari. Je te ferai
remarquer en passant que t'as pas fait de ben gros efforts pour la mettre à
l'aise.
     
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    CHÈRE LAURETTE —
Comment ça? — Ben, tu lui as parlé juste pour lui poser des questions.
     
    — Bonyeu, exagère
pas! s'était emportée Laurette.
     
    — Pantoute. T'as
fait exactement ce que tu reprochais à ma mère quand elle t'a rencontrée la
première fois.
     
    — Peut-être,
avait reconnu Laurette de mauvaise grâce.
     
    —T'as même passé
ton temps à lui dire «vous» gros comme le bras. Comme tu le reprochais à ma
mère.
     
    — C'est normal,
verrat! Je la connais pas pantoute...
     
    À part ça, quel
âge tu penses que cette fille-là peut ben avoir? — Je le sais pas, avait
reconnu Gérard, sans montrer le moindre intérêt.
     
    — Je suis sûre
qu'elle a plus que trente ans, cette femme-
    là. Ça a pas
d'allure! Elle a presque l'âge d'être sa mère.
     
    — Te v'ià encore
partie avec tes exagérations.
     
    — J'exagère pas.
En plus, elle a l'air d'une ancienne soeur. Je lui aime pas la face. Elle a
l'air hypocrite et elle se donne des airs. Moi, les péteuses, j'haïs ça.
     
    — En tout cas, va
surtout pas essayer de te mêler des histoires de ton gars, l'avait prévenu
Gérard, l'air sévère.
     
    Il pense avoir
trouvé une fille qui fait son affaire, ça le regarde.
     
    — Ben, j'ai tout
de même mon mot à dire, avait dit Laurette en haussant le ton.
     
    — Non! T'as rien
à dire. Ça nous regarde pas. Veux-tu qu'il se ramasse tout seul dans son coin
comme Jean-
    Louis? Laisse-le
tranquille et rappelle-toi qu'il pourrait ben se décider à aller rester en
appartement. Écœure le pas!
     
    Laurette avait
donc fait un effort surhumain pour ne pas critiquer l'amie de coeur de son
fils. Cependant, il était
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    évident que la
curiosité la démangeait et elle fit tout pour connaître son âge exact ainsi que
sa situation familiale.
     
    Gilles, lui,
avait compris, dès la première visite de Florence chez ses parents, que cette
dernière n'avait pas plu à sa mère et il s'était bien gardé de la ramener à la
maison durant les mois suivants. Il avait même fait preuve d'une discrétion qui
frôlait le secret.
     
    — Ton gars est
une vraie tombe, répétait souvent Laurette, dépitée, à son mari. Quand on veut
savoir quelque chose, il faut lui arracher les mots de la bouche avec une paire
de pinces, bonyeu!
     
    — Tant pis pour
toi, rétorquait Gérard. Si t'avais été plus fine avec sa blonde, il t'en
parlerait peut-être.
     
    — J'ai jamais
rien dit contre elle.
     
    — Non, mais tu
lui as fait un air de beu la seule fois que tu l'as vue. Gilles est pas fou. Il
a compris.
     
    La surprise avait
été totale quand Gilles avait annoncé à ses parents, l'avant-veille de Noël,
qu'il se fiançait le surlendemain et qu'ils étaient invités à souper

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