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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Jean-Louis qui n'avait encore rien dit.
     
    — C'est vrai, ça,
dit Richard. Il paraît que tu dois cent cinquante piastres à ma soeur.
     
    — Je vais lui
remettre. Là, j'ai pas une cenne, mais je jure que je vais lui remettre son
argent.
     
    — On a ben
confiance en toi, persifla Gilles.
     
    Personne ne parla
durant un bref moment.
     
    — Bon. Je pense
qu'on a assez vu sa maudite face de rat, déclara Richard. Écoute-moi ben, mon
beau André en or, ajouta-t-il d'une voix moqueuse. On est tellement sûrs que tu
vas rembourser ma soeur qu'on va garder ton char tant que tu lui auras pas
remis son argent.
     
    — J'ai pas de
et...
     
    — Est-ce qu'on
peut te dire qu'on s'en sacre pas mal? reprit Richard. Mais à ta place, je me
dépêcherais à la rembourser parce que vois-tu, ici, dans la grande cour, les
enfants sont ben malfaisants... ben ben malfaisants.
     
    Pierre et les
Morin étaient comme hypnotisés par les paroles du cadet de la famille.
     
    — Tu sais
pourquoi je te dis ça? Il y en a qui, juste pour mal faire, sont capables de
donner un bon coup de pied, comme ça, dans une des portes de ton char.
     
    Ce disant,
Richard s'élança et asséna un vigoureux coup de pied dans l'une des portières
de l'Oldsmobile. Un mince sourire de satisfaction mauvaise apparut sur son
visage quand André Cyr poussa un cri d'horreur en apercevant le creux important
qui décorait maintenant la portière.
     
    — Vous avez pas
le droit! s'insurgea le propriétaire.
     
    — Tu sais qu'il y
a pire, à part ça, reprit Pierre Crevier à son tour. Moi, je les connais les
morveux du coin. Il y en a des vicieux qui se promènent avec une roche dans les
mains et qui s'amusent à grafigner les chars comme ça, juste pour mal faire.
     
    335
    L'homme à la
stature imposante avait pris l'une de ses clés et fait une longue éraflure sur
le capot de l'automobile.
     
    Les spectateurs
grincèrent des dents en entendant le crissement.
     
    — Faites pas ça,
les supplia Cyr. Je vous jure que je vous paye en fin de semaine.
     
    — Oui. Je pense
que ce serait plus prudent, le prévint Gilles Morin en sortant un canif de
l'une de ses poches et en l'ouvrant ostensiblement. Il y a du monde de la rue
Notre-Dame qui ose même pas laisser leur char dans la grande cour parce qu'il
arrive souvent que les bums du coin percent leurs pneus à coups de couteau.
     
    — Tu peux
toujours appeler la police et dire que ton char vient d'être volé, lui suggéra
Pierre Crevier. Nous autres, on n'est au courant de rien. On sait même pas
pourquoi il est dans la grande cour. Mais si tu fais ça, on va te retrouver un
jour, et là, j'aimerais pas être dans ta peau. M'as-tu compris? — Oui, oui,
balbutia André Cyr.
     
    — À cette heure,
on t'a assez vu, débarrasse, lui ordonna Laurette dont la folle envie de lui
sauter dessus était trop évidente.
     
    L'ancien ami de
coeur de Carole ne se fit pas répéter l'invitation. Il fit deux ou trois pas à
reculons avant de s'enfuir à toutes jambes de la grande cour.
     
    Cachée dans sa
chambre, Carole avait assisté à toute la scène. Elle referma silencieusement
les persiennes pour ne pas être surprise par les siens. Elle éprouvait
maintenant un profond mépris pour le lâche qu'elle avait fréquenté.
     
    — Sacrifice! Il
aurait le diable à ses trousses qu'il courrait pas plus vite, conclut Richard
en tendant les clés de l'Oldsmobile à son père. C'est drôle, p'pa, mais j'ai
l'impression que ça lui prendra pas une éternité à rembourser Carole.
     
    336
    — Ouais, mais ça
règle pas le plus gros problème, cette affaire-là, laissa tomber Gérard d'un
air sombre en rentrant dans la cour des Morin.
     
    Personne ne dit
mot. On revint dans l'appartement.
     
    Quelques minutes
plus tard, Richard, Gilles et Pierre
    prirent congé et
rentrèrent chez eux.
     
    Cette nuit-là,
Laurette et son mari ne trouvèrent le sommeil qu'aux petites heures du matin,
et la chaleur qui régnait dans leur chambre à coucher n'était pas l'unique
responsable de leur insomnie.
     
    — J'ai pensé que
ça pressait pas comme un coup de couteau de la mettre dehors, dit Gérard à voix
basse, après avoir bu sa première gorgée de café, le lendemain matin.
     
    Il n'avait pas à
préciser de qui il parlait.
     
    — C'est sûr qu'on
peut lui donner le temps de se virer de bord, reconnut Laurette en prenant
place au bout de la table.
     
    — D'après toi,
quand est-ce que ça va commencer à se

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