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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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garrocher sur un gars armé en plein holdup.
     
    Il aurait pu se
faire tuer pour rien. Les banques ont des assurances, cybole! C'est pas pour
rien.
     
    Le lendemain
soir, Laurette et son mari venaient à peine de s'installer devant leur
téléviseur quand Richard et Jocelyne arrivèrent.
     
    — J'espère qu'on
vous dérange pas trop, madame Morin? lui demanda sa bru en retirant son
manteau.
     
    — Pantoute. C'est
l'Heure du concert qui commençait.
     
    Moi, il y a rien
que j'haïs plus que d'entendre Claire Gagné et Yoland Guérard me casser les
oreilles pendant deux heures à crier comme si on les égorgeait. Venez vous
asseoir.
     
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    — On sera pas
longtemps, dit Richard.
     
    — D'où est-ce que
vous venez à cette heure-là? leur demanda Gérard.
     
    — On vient
d'aller essayer le nouveau métro, p'pa. Je vous dis que ça va vite en
sacrifice, cette affaire-là! Puis, à part ça, c'est beau. Vous l'avez pas
encore essayé? — On n'a pas eu grand temps, intervint sa mère. En plus, avec ce
qui est arrivé à ton frère.
     
    — C'est vrai.
Comment il va? demanda Jocelyne.
     
    Laurette apprit
aux visiteurs que Jean-Louis s'était couché très tôt parce qu'il désirait être
en forme à son retour au travail le lendemain. Elle passa volontairement sous
silence qu'il avait été suffisamment remis la veille pour sortir avec Marthe et
Carole. Elle en profita cependant pour raconter le vol à main armée de telle
manière que son préféré prenait des allures de héros dont l'exploit n'avait pas
été assez mis en valeur.
     
    Les visiteurs
l'écoutèrent jusqu'à la fin sans dire un mot,
    se contentant de
hocher la tête d'un air pénétré. A la fin, Richard ne put s'empêcher de dire à
sa mère: — Tabarnouche! m'man, à votre place, je demanderais au gouvernement
qu'il donne une médaille à mon frère.
     
    A vous entendre,
il a l'air de l'avoir méritée.
     
    — J'espère que
t'es pas jaloux de ton frère, lui fît remarquer Laurette.
     
    — Pantoute,
m'man. Moi, à sa place, j'aurais jamais fait ça.
     
    Après le départ
du jeune couple, une heure plus tard, Gérard ne put s'empêcher de dire à sa
femme: — Ça me fait rien, mais si j'étais toi, je m'arrangerais pour pas
beurrer trop épais quand je raconte ce que notre gars a fait pendant le
hold-up.
     
    — Est-ce que t'as
envie de dire que j'exagère? demanda Laurette, agressive.
     
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    — Ben oui,
cybole! À force d'en mettre, tu vas finir par faire rire de toi.
     
    Le lendemain
matin, le retour au travail de Jean-Louis se fit sans tambour ni trompette.
Bien sûr, les employés de la succursale évoquèrent les événements du vendredi
soir précédent en entrant au travail. Certains demandèrent des nouvelles de sa
santé au troisième caissier, mais personne ne sembla vouloir le transformer en
héros. En d'autres mots, il semblait bien que seules sa mère et Marthe Paradis
le considéraient comme tel.
     
    Leopold Lozeau et
Huguette Bélanger vinrent tout de même s'assurer qu'il était suffisamment remis
pour reprendre normalement son travail avant que la banque n'ouvre ses portes à
ses premiers clients de la semaine. Ni l'un ni l'autre n'allèrent toutefois
jusqu'à lui reprocher d'avoir enfreint les directives des patrons en essayant
de résister lors d'un vol à main armée.
     
    Un peu avant
l'heure du dîner, le gérant fit appeler Jean-Louis à son bureau. À l'entrée de
ce dernier dans la pièce vitrée, Lozeau l'invita à fermer la porte avant de
s'asseoir. Le jeune homme était aussi mal à l'aise que lors de son dernier
passage dans le bureau du gérant, le printemps précédent.
     
    — Le bureau-chef
vient de m'appeler, lui dit abruptement le gérant. Il paraît que vous commencez
votre entraînement comme moniteur demain matin.
     
    En apprenant la
nouvelle, Jean-Louis poussa une grand soupir de soulagement. On ne l'avait pas
oublié. Il allait enfin pouvoir leur prouver qu'il était capable d'occuper ce
poste.
     
    — Le directeur du
personnel vous demande d'être au bureau-chef à huit heures et demie, demain
matin.
     
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    — Oui, monsieur.
     
    — Je vous
souhaite bonne chance, finit par dire le gérant comme si ces mots lui
coûtaient.
     
    — Merci,
monsieur.
     
    Naturellement,
Marthe Paradis était déjà au courant de la nouvelle quand il avait pénétré dans
le bureau de Leopold Lozeau. Lorsqu'il en sortit, elle lui adressa un chaud
sourire pour lui prouver qu'elle participait à sa

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