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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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enthousiaste. Dans deux ou trois ans, je vais essayer d'être nommé
comptable.
     
    — Pourquoi tu
nous as fait cette cachette-là? lui demanda son père.
     
    — Ben. Je voulais
vous en parler seulement si je réussissais.
     
    424
    — Si je comprends
ben, tu vas avoir la même job que Marthe Paradis? fit sa mère en s'assoyant à
table après avoir servi son fils.
     
    — Ben oui, m'man.
     
    — Si je me trompe
pas, ça veut dire que tu vas avoir toute une augmentation de salaire,
ajouta-t-elle, réjouie.
     
    Aussitôt, le
visage de son fils se rembrunit. Il crut voir venir sa mère. Si elle parlait de
son salaire...
     
    — Si vous me
dites ça parce que vous pensez augmenter ma pension, m'man, j'aime autant vous
dire tout de suite...
     
    — Whow! Prends
pas le mors aux dents! lui ordonna sa mère, la fourchette levée. Je t'ai rien
demandé encore, même si ça nous aiderait pas mal si tu pouvais nous donner un
peu plus chaque semaine. Depuis que ta soeur est partie, j'ai de la misère à
joindre les deux bouts.
     
    — Je comprends,
m'man, dit Jean-Louis en retrouvant son calme. Mais cette job- à va me donner
juste une petite augmentation.
     
    — Elle doit pas
être si petite que ça, reprit sa mère, soupçonneuse. Si je me fie au bel
appartement que Marthe Paradis peut se payer avec son salaire...
     
    — Peut-être, mais
elle, ça fait un bon bout de temps qu'elle est monitrice. Elle gagne pas mal
plus que moi.
     
    — Ton père et
moi, on te charge pas une si grosse pension que ça, raisonna Laurette. Vingt
piastres par semaine, c'est pas la mer à boire.
     
    — C'est tout de
même pas mal d'argent, m'man, se défendit l'ex-caissier. Oubliez pas que je
gagne un tout petit salaire. Avec le petit peu que la banque va me donner de
plus, je veux m'habiller et me payer enfin un fauteuil qui a de l'allure dans
ma chambre.
     
    425
    — Moi qui pensais
que t'étais pour m'offrir de me payer la moitié de la Chevrolet, intervint son
père, non sans un certain humour.
     
    — Pourquoi je
ferais ça? s'étonna Jean-Louis en tournant la tête vers son père, assis au bout
de la table.
     
    — Ben, cybole,
parce que tu t'en sers presque aussi souvent que moi!
     
    — C'est de
valeur, p'pa, mais je suis pas assez riche pour ça, dit le jeune homme en
ignorant volontairement le sarcasme que la remarque paternelle contenait.
     
    Chapitre 19
    Une célébration
mémorable Pour la première fois depuis plusieurs années, il n'y avait pas la
moindre trace de neige au sol le 14 novembre, date du trente-sixième
anniversaire de mariage de Laurette.
     
    Ce vendredi-là,
il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel montréalais et il régnait un froid
sec qui faisait rougir rapidement le nez et les oreilles.
    Avec les années,
Gérard avait appris à ne pas oublier cet anniversaire s'il ne désirait pas
avoir à supporter la mauvaise humeur de sa femme durant plusieurs jours. Avant
de partir à son travail, il avait tiré de dessous le lit une boîte enrubannée
qu'il avait déposée sur la table de cuisine pendant que Laurette préparait le
déjeuner.
     
    — T'aurais ben pu
attendre à soir, lui dit sa femme.
     
    Mon cadeau est
même pas encore enveloppé.
     
    — Toi, tu me le donneras
à soir, fit-il, magnanime.
     
    J'aime autant te
le donner avant de partir travailler. Comme ça, tu passeras pas toute la
journée à te pomper en te disant que j'ai oublié notre anniversaire de mariage.
     
    — T'es ben fin,
dit-elle en choisissant volontairement de ne pas relever la pique.
     
    Elle ouvrit la
boîte pour découvrir un très beau châle en laine.
     
    — Ah! Ça, c'est
une bonne idée, déclara-t-elle, visiblement heureuse du choix de son mari.
     
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    — J'ai ben pensé
que ça ferait ton affaire. Tu te plains souvent que c'est pas chaud le soir
quand on regarde la télévision, à côté.
     
    A la fin de
l'après-midi, à son retour à la maison, Gérard découvrit une paire de
pantoufles en cuir au pied de sa chaise berçante. Comme ses anciennes étaient
tout éculées, le cadeau lui fit grand plaisir.
     
    Durant la soirée,
Gilles et Florence vinrent rendre une courte visite au couple. Cette dernière
était d'autant plus surprenante que les deux instituteurs semblaient avoir
érigé comme règle de ne venir les voir qu'un dimanche sur deux, durant
l'après-midi, ce qui avait le don de mettre Gérard de mauvaise humeur parce
qu'il devait renoncer à sa sacro-sainte sieste.
     
    — On

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