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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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t'attendes demain soir, le prévint
sa mère. Là, je meurs de faim. J'ai rien mangé pour dîner. Mais après le repas,
je vais téléphoner à Marthe, à Richard et à Denise pour les mettre au courant.
     
    Après avoir
effectué tous ces appels, Laurette, épuisée par cette longue journée, vint
rejoindre son mari dans la salle de télévision.
     
    — Je me demande
ben comment elle va faire pour payer l'hôpital et le docteur, dit-elle à son
mari en s'assoyant dans son fauteuil.
     
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    — Ça, ça la
regarde, répondit ce dernier. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'a pas les moyens de
l'aider. T'as même pas encore payé le dernier compte d'huile à chauffage.
     
    — En tout cas, je
sens que je vais rêver à la petite cette nuit, ajouta-t-elle d'une voix
attendrie.
     
    — As-tu pensé
qu'aujourd'hui, c'est le 28 décembre, la fête des Saints Innocents?
reprit-elle, non découragée par le silence de son compagnon. On peut dire que
ça pouvait pas mieux tomber.
     
    Gérard ne dit pas
un mot. Rien n'indiquait dans son comportement qu'il avait été touché par ce
petit être à qui sa fille avait donné le jour quelques heures auparavant.
     
    Le lendemain
après-midi, Gilles et Florence eurent encore la gentillesse d'emmener Laurette
voir Carole et le bébé à l'hôpital. Tous les trois découvrirent une Carole
transformée. Bien coiffée et légèrement maquillée, la jeune mère attendait, de
toute évidence, des visiteurs.
     
    — Quand est-ce
qu'on va pouvoir voir la petite? demanda Laurette après avoir retiré son
manteau dans la chambre surchauffée.
     
    — La pouponnière
ouvre pas avant deux heures et demie, répondit Carole après avoir jeté un coup
d'oeil à l'horloge murale.
     
    — J'ai bien hâte
de la voir, dit Florence, excitée. Ta mère arrête pas de dire que c'est une
vraie beauté.
     
    — Elle est pas
mal, reconnut Carole sans enthousiasme.
     
    Une soeur est
passée à matin. Elle m'a dit que je pourrais signer les papiers comme quoi je
veux la donner en adoption avant la fin de semaine.
     
    Le coeur de
Laurette eut un raté en entendant cette déclaration faite d'une voix neutre.
     
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    — On dirait que
ça te fait rien? fit-elle remarquer, mécontente, à sa fille.
     
    — J'ai pas le
choix m'man, rétorqua vivement la nouvelle mère.
     
    Gilles et
Florence se regardèrent, gênés d'assister à cette scène.
     
    — Lui as-tu au
moins choisi un nom, à cette enfant-là? demanda Laurette à sa cadette.
     
    — J'y ai pas
pensé. Je pense pas que ce soit ben important.
     
    — Oui, c'est
important, verrat! s'emporta Laurette.
     
    C'est pas un
chien, cette enfant-là. Moi, je veux qu'elle ait un nom, comme tout le monde.
     
    — Donnez-lui le
nom que vous voulez, m'man, reprit Carole d'une voix lasse. Dans deux ou trois
jours, ils vont venir la chercher et je la verrai plus.
     
    — Maudit que t'es
sans-coeur, lui reprocha sa mère. Si c'est comme ça, moi, je trouve qu'on
devrait l'appeler Catherine. C'est le nom que j'aurais donné à ta soeur si je
l'avais pas perdue pendant que je la portais.
     
    — Si vous voulez,
m'man, fit Carole d'une voix apparemment indifférente.
     
    Les jours
suivants, la jeune mère ne manqua pas de visiteurs, même si certains d'entre
eux étaient gênés d'entrer dans l'Hôpital de la Miséricorde, reconnu pour
accueillir surtout des filles-mères.
     
    Chaque soir,
Marthe Paradis était la première à faire son apparition dans la chambre de son
amie. Elle semblait être la seule à mesurer l'ampleur du désarroi de Carole qui
voyait approcher inexorablement le moment de se séparer de son bébé. A deux
reprises, la monitrice avait surpris sa colocataire plantée devant la vitrine
de la pouponnière, les yeux pleins d'eau.
     
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    — Je peux pas
croire que je la verrai plus, finit-elle par lui avouer, la gorge serrée en
s'essuyant les yeux.
     
    Devant sa mère,
la jeune femme jouait à l'insensible désireuse avant tout de tourner une page
honteuse de sa vie, mais en réalité, elle était déchirée à l'idée que sa petite
fille allait disparaître à jamais de son existence.
     
    Le lendemain de
l'accouchement, Richard et Jocelyne étaient arrivés à l'hôpital quelques
minutes après le départ de Laurette accompagnée par Gilles et Florence. Le
couple avait suivi Carole jusqu'à la vitrine de la pouponnière derrière
laquelle dormaient une douzaine de nourrissons.
     
    La mère avait
frappé à la vitre et

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