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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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pendant que votre mère va
remplir votre fiche d'admission, dit la religieuse à Carole.
     
    Sur ces mots,
elle entreprit de pousser le fauteuil roulant dans le couloir. Laurette vit la
responsable des admissions ouvrir un dossier et le déposer sur le comptoir
derrière lequel elle était cantonnée. Elle répondit à toutes les questions
posées après s'être nommée, encore une fois, comme étant la mère de la
patiente.
     
    — Les nom et
prénom du père? demanda la réceptionniste.
     
    — Il a pas de
père, dit Laurette à voix basse en guettant la réaction de la dame.
     
    Cette dernière,
probablement habituée à ce type de réponse, ne cilla pas.
     
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    — Bon. Pour les
frais, nous verrons ça avec la mère après son accouchement, dit-elle en
refermant le dossier.
     
    Vous pouvez aller
rejoindre la patiente, si vous le voulez.
     
    Soulagée, la mère
de famille suivit le couloir et une petite religieuse à l'air maussade lui
indiqua quelle porte pousser pour retrouver sa fille. Quand elle pénétra dans
les lieux, Laurette se retrouva dans une salle d'attente commune cernée de
plusieurs chambres qui, à entendre les cris et les supplications bruyantes qui
en provenaient, devaient être à peu près tout occupées.
     
    Laurette intercepta
une infirmière qui lui indiqua la chambre de sa fille.
     
    — Vous pouvez lui
tenir compagnie aussi longtemps que vous voudrez, lui dit-elle avec un sourire
las. On vous demanderait seulement de quitter la chambre quand une garde-malade
ou le docteur aura à lui donner des soins.
     
    Laurette crut
d'abord que la délivrance surviendrait assez rapidement parce que les
contractions devinrent de plus en plus fréquentes. Mais soudain, le travail
cessa et ne reprit que près d'une heure plus tard pour s'arrêter encore une
fois au début puis au milieu de l'après-midi. Inquiète au plus haut point, elle
cherchait à cacher ses véritables sentiments pour encourager sa cadette à se
montrer courageuse.
     
    Au bord de
l'épuisement total, cette dernière, le visage blême et le front couvert de
sueur, cherchait à rassembler ses dernières forces.
     
    — Ce sera plus
long maintenant, ne cessait de lui répéter sa mère. Ça achève.
     
    Au retour des
contractions, Carole se mettait à crier à fendre l'âme. Lorsque le docteur
Leduc vint la visiter pour la seconde fois de la journée, Laurette lui barra le
chemin d'un air résolu.
     
    — Voulez-vous ben
me dire ce qui se passe avec ma fille? lui demanda-t-elle, énervée.
     
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    — Tout se passe
normalement, madame, chercha à la rassurer le praticien.
     
    — Racontez-moi
pas n'importe quoi, s'insurgea la mère de famille. J'ai eu cinq enfants et je
suis encore capable de me rendre compte quand ça se passe ben ou pas.
     
    — D'accord,
madame, dit le médecin sur un ton résigné.
     
    Le bébé se
présente bien. Là, tout est en ordre. Le problème est que les contractions
cessent dès que votre fille arrive à un certain degré d'ouverture.
     
    — Et vous allez
faire quoi? — Je vais lui donner encore une heure ou deux. Si rien arrive avant
la fin de l'après-midi, je vais me contenter de lui faire une épidurale et de
la provoquer.
     
    — Vous parlez pas
de césarienne, là, j'espère? — Pas du tout.
     
    Après le départ
du médecin, Laurette, vaguement rassurée, vint retrouver sa fille qui, les yeux
fermés, cherchait à reprendre son souffle avant le retour des douleurs.
     
    Un peu avant cinq
heures, une infirmière chassa la mère de la chambre de travail. Elle examina
Carole qui s'était remise à crier.
     
    — Ça va bien,
madame Morin, dit la garde-malade à Laurette en sortant de la chambre. Je la
fais transporter tout de suite dans la salle d'opération. Elle aura pas besoin
d'épidurale. Dans quelques minutes, tout devrait être fini.
     
    Un instant plus
tard, Laurette vit passer sa fille sur une civière. Elle l'embrassa au passage.
Elle fouilla nerveusement dans son sac à main à la recherche de son étui à
cigarettes qu'elle retrouva vide.
     
    — Viarge!
jura-t-elle tout bas. J'ai rien à fumer.
     
    Elle aurait
emprunté une cigarette à l'une ou l'autre des cinq personnes qui se trouvaient
dans la salle d'attente, mais aucune ne semblait fumer. Pendant un instant,
elle
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    fut tentée de
partir à la recherche d'une distributrice dans l'immeuble, mais elle y renonça
par crainte qu'il se produise quelque chose pendant son absence. Angoissée, elle
se

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