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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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autour des tables, fit-il. Nous allons boire une
coupe de vin à la santé des jubilaires.
     
    Marthe, sa femme,
conduisit ses beaux-parents à la table d'honneur placée à la droite du micro.
La quadragénaire sourit à son mari avant d'aller rejoindre André et Serge,
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    leurs deux fils
assis sagement à l'une des tables, en compagnie de leur tante Carole.
     
    La plupart des
membres de la famille avaient été étonnés de la voir apparaître à cette fête
organisée pour célébrer le cinquantième anniversaire de mariage de ses parents.
     
    L'unique
célibataire chez les Morin boudait habituellement les réunions de famille.
Toujours à l'emploi de la Société de transport de Montréal à près de quarante
ans, la cadette
    de Laurette Morin
vivait à quelques pas de l'appartement de la rue Saint-Denis où habitaient
Jean-Louis et sa petite famille. A ce qu'on en savait, elle n'était proche que
de sa belle-soeur Marthe, qui avait presque dû la supplier de participer à la
célébration.
     
    La crainte qu'un
jour ou l'autre Carole manifeste le désir de se rapprocher de sa fille adoptée
par Richard et Jocelyne, et lui apprenne la vérité, était encore bien vivante
chez certains, même si rien dans le comportement de la mère ne le laissait
présager. Si la famille se fiait à ce que disait Marthe, Carole n'avait plus
qu'une passion: le cinéma.
     
    Des serveuses
déposèrent sur chaque table une bouteille de vin. Gilles, installé un peu plus
loin en compagnie de Florence et de leur fille, Véronique, servit du vin même à
l'adolescente. Jean-Louis attendit patiemment que chacun remplisse sa coupe
avant de porter un toast en l'honneur de ses parents. Tout le monde se leva et
but à la santé de ces derniers.
     
    — C'est votre
père qui aurait ben aimé être ici à soir, fit Pauline d'une voix attristée.
     
    Sa fille Louise
échangea un regard avec Serge, son compagnon, et sa soeur Suzanne, mais elle ne
dit rien.
     
    Armand Brûlé
avait été emporté en quelques semaines, l'année précédente, par un cancer du
cerveau. Elle se contenta de passer la main sur la tête du jeune fils de sa
    54° ÉPILOGUE
soeur Suzanne dont le mari, un policier, n'avait pu assister à cette fête.
     
    — Votre mari
aurait pas aimé que vous soyez triste à une soirée de fête, madame Brûlé, dit
Serge Vermette d'une voix compatissante.
     
    Pauline lui
adressa un sourire de reconnaissance.
     
    — Calvinus!
J'aime mieux une bonne bouteille de bière que du vin, déclara avec bonne humeur
Bernard Brûlé, assis à la table voisine avec Marie-Ange, leur fils Germain et
sa conjointe.
     
    — Voyons, p'pa,
fit le jeune architecte de vingt-cinq ans, vous devriez vous habituer à boire
du vin. C'est bien meilleur pour la santé.
     
    — Dis ça à ta
mère, mon garçon, répliqua le gros homme. C'est elle qui a toutes les maladies.
Moi, je suis pas malade et j'aime pas ça. Je trouve que ça goûte les remèdes,
cette affaire-là.
     
    Pour leur part,
Denise et Pierre Crevier s'étaient installés à la même table que Colombe et
Rosaire Nadeau.
     
    Cheveux bleutés
et savamment maquillée, la soeur de Gérard était demeurée une grande femme
élancée aux manières précieuses. En abandonnant le cigare quelques années
auparavant, son mari avait peut-être pris du poids, mais il avait conservé son
air jovial.
     
    La fille aînée de
Laurette aurait préféré être assise avec ses enfants, venus accompagnés à la
fête offerte à leurs grands-parents, mais Denis, Alain et Sophie avaient faussé
compagnie à leurs parents dès leur arrivée au restaurant pour se réfugier à la
dernière table, au fond de la salle. De temps à autre, la mère de famille
jetait un regard sévère vers sa fille qui serrait d'un peu trop près son ami de
coeur, à son avis.
     
    — Denise trouve
que je devrais couper ma moustache, déclara Pierre, devenu un quinquagénaire à
l'épaisse chevelure grise le mois précédent.
     
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    — Je lui répète
tous les jours que ça le rajeunirait, dit sa femme à sa tante Colombe.
     
    — Je suis pas sûr
de ça pantoute, fît le débardeur à la stature toujours aussi impressionnante.
     
    — En tout cas, ça
aurait au moins l'avantage de me donner l'impression d'embrasser autre chose
qu'une brosse, rétorqua Denise en riant.
     
    — Je vous dis
qu'elle est fine à soir, elle, répliqua Pierre en prenant Rosaire Nadeau à
témoin.
     
    Ce dernier éclata
de rire devant l'air

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