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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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envers Jean-Louis.
     
    Cette femme, qui
avait eu cet enfant à la fin de la trentaine, couvait son fils de neuf ans de
façon éhontée. Tout ce que Germain faisait devenait un sujet d'émerveillement
aux yeux de sa mère. À l'entendre, l'école Champlain n'avait jamais connu un
élève aussi brillant.
     
    Ce soir-là, les
Morin apprirent qu'Armand, l'autre frère de Laurette, se préparait à déménager
dans un nouvel appartement, rue Parthenais.
     
    — Pourquoi il
lâche son appartement de la rue d'Iberville? demanda Laurette, étonnée, à son
frère Bernard. Il était ben là. Il a toujours resté là depuis qu'il est marié.
C'est un grand cinq et il est pas trop loin de Molson où il travaille.
     
    — Si j'ai ben
compris, intervint Marie-Ange, il paraît que ce sont ses filles qui se sont
mises après lui pour qu'il déménage. Louise et Suzanne disent qu'elles ont
honte d'emmener des garçons à la maison et, ben sûr, Pauline les a approuvées.
     
    — À quelle
hauteur, sur Parthenais? demanda Gérard.
     
    — Il a trouvé
quelque chose entre Sherbrooke et Rouen.
     
    Un peu plus haut
que là où restent ton Richard et sa femme.
     
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    — Il a dû
s'apercevoir que les loyers dans ce coin-là sont pas mal plus chers que dans
notre coin, dit Laurette, tout de même un peu envieuse.
     
    — Parlant de
loyer, sais-tu que ça me fait penser qu'on n'a pas encore vu le bonhomme
Tremblay venir nous faire signer notre nouveau bail, intervint Gérard. Mai est
dans quinze jours. Normalement, on le voit à la fin de mars ou au commencement
d'avril.
     
    — Inquiète-toi
pas, le rassura sa femme. On va le voir à temps. L'important, c'est qu'il nous
apporte pas encore une autre augmentation. On est rendus à quarante piastres
par mois. Il faudrait tout de même pas qu'il exagère. C'est pas un château que
la Dominion Oilcloth nous loue, verrat!
     
    Au moment où elle
prononçait ces paroles, sa fille Carole arrivait devant l'appartement de Ronald
Cyr, le frère d'André, en compagnie de son amoureux.
     
    — Je t'avertis
tout de suite qu'ils sont mieux d'être là, dit-elle, méfiante, à son ami. S'ils
sont pas là, j'entre pas.
     
    — Voyons donc! Je
t'ai répété dix fois qu'ils t'invitaient à souper. C'est sûr qu'ils sont là.
     
    Craintive, la
jeune femme monta l'escalier devant André et attendit d'entendre la voix de
Lorraine avant de se décider à franchir le seuil de la porte qu'André venait
d'ouvrir. Ronald apparut dans l'entrée du salon en même temps que sa femme.
Lorraine venait de mettre Ne me quitte pas de Brel sur le tourne-disque.
     
    — Elle voulait
pas entrer avant d'être sûre que vous étiez là, se moqua André avec un petit
rire déplaisant.
     
    — Elle a ben
fait, trancha Lorraine, une grande femme un peu nommasse. Avec un mené comme
toi, elle a raison d'être prudente. Je suppose qu'il a même pas pensé à te
donner au moins une boîte de chocolats pour Pâques?
     
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    ajouta-t-elle en
faisant signe à Carole de s'asseoir sur le divan, à ses côtés, après lui avoir
pris son léger manteau de printemps.
     
    — J'y ai pensé,
tu sauras, se rebiffa André en rejetant en arrière ses longs cheveux, mais j'ai
pas une Christ de cenne qui m'adore.
     
    Ronald, son frère
aîné, assistait en silence à la scène sans s'en mêler. Tout dans son attitude
laissait croire qu'il était habitué à ce genre d'affrontement entre sa femme et
son frère.
     
    — Il y a ben un
moyen d'avoir un peu d'argent, le coupa Lorraine Cyr. T'as juste à vendre ton
maudit bazou qui te coûte les yeux de la tête et à te trouver une job au plus
sacrant. Faut pas avoir la tête à Papineau pour comprendre ça.

 
    — Toi qui es si
fine, comment tu penses que je vais être capable d'aller me chercher une job
sans mon char? répliqua André avec mauvaise humeur.
     
    — Comme presque
tous les chômeurs, mon homme, en prenant l'autobus, laissa tomber sa
belle-soeur sur un ton cinglant. Bon. On va laisser les hommes parler encore de
leur maudit hockey, dit-elle à Carole. Viens m'aider à finir de préparer le
souper dans la cuisine.
     
    — Je sais ce que
c'est, dit Carole en se levant. Mon père arrête pas de parler de Jean Béliveau
et de la coupe Stanley que le Canadien va gagner. À l'entendre, il y a pas plus
important que ça dans le monde.
     
    Ce soir-là,
Laurette et Gérard furent les derniers à rentrer à la maison. Quand ils
refermèrent la porte derrière eux,

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