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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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s'écria-t-elle en se
levant et en ouvrant la fermeture éclair de la tente dans l'intention d'en
sortir.
     
    De mauvaise
humeur, elle alla rejoindre sa fille demeurée sous l'abri. Le ciel était encore
nuageux, mais il ne pleuvait pas. Elle vit au loin ses deux petits-fils en
compagnie de leur père et de Gérard.
     
    — Veux-tu ben me
dire, bonyeu, quelle sorte de maudites bibittes piquent comme ça?
demanda-t-elle à Denise en allumant une cigarette. Regarde-moi donc les bras et
le visage, je pense que j'ai pas grand comme un cinq cennes sans piqûre. Et la
tête me pique sans bon sens!
     
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    Sa fille s'avança
et examina les bras et le visage de sa mère.
     
    — Pauvre vous,
vous avez été mangée par les mouches noires, la plaignit-elle. Vous avez rien
mis contre les moustiques? — Ben non! Je pensais jamais être mangée comme ça.
     
    En plus, j'étais
dans la tente.
     
    — Il y a rien qui
empêche les mouches noires d'entrer, même les bons moustiquaires, m'man.
     
    — C'est pas
endurable des piqûres comme ça, dit Laurette en se grattant de plus belle.
     
    — Attendez, je vais
vous donner du Off, ça vaut pas grand-chose contre les mouches noires, mais ça
protège au moins des maringouins et des mouches à chevreuil.
     
    — Comment vous
faites pour endurer ça? — On s'endurcit, m'man.
     
    Laurette prit le
vaporisateur à insecticide que lui tendait sa fille et s'en octroya une
généreuse quantité.
     
    — Venez, m'man.
On va aller rejoindre les autres. Alain est venu chercher Sophie tout à l'heure
et Gilles a décidé de pêcher, lui aussi. On va peut-être manger du bon. poisson
à soir pour souper.
     
    Sa mère quitta la
table à pique-nique et suivit sa fille jusqu'au bord de l'eau où les pêcheurs,
assis sur des pierres, taquinaient le poisson.
     
    — En avez-vous
assez pris pour qu'on en ait assez pour manger au souper? demanda Denise.
     
    — Venez voir,
m'man, dit Alain. Regardez dans la chaudière.
     
    Denise s'avança
en compagnie de sa mère jusqu'à la chaudière dans laquelle une douzaine de
perchaudes de bonne taille tournaient en rond.
     
    — Moi, je
t'avertis, la prévint sa mère, je touche pas à ça. J'ai jamais préparé de
poisson et je commencerai pas
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    à soir. De toute
façon, tu le sais, j'aime pas ça, le poisson.
     
    C'est plein
d'arêtes et ça goûte rien. Quand on mange ça, on risque tout le temps de
s'étouffer.
     
    — C'est parce que
vous avez jamais mangé du poisson ben frais, madame Morin, intervint son gendre
en détachant une perchaude frétillante de l'hameçon accroché au bout de sa
ligne.
     
    — Qu'est-ce que
vous diriez de manger de bonne heure et de faire tout de suite un bon feu pour
faire cuire le souper? demanda Denise à la ronde.
     
    — Je sais pas
trop, répondit sa mère. Je me demande si on serait pas mieux de partir avant le
souper, ajouta-t-elle en se grattant de plus belle.
     
    — Vous avez pas
fait tout ce chemin-là, m'man, pour vous en retourner le même soir, lui fit
remarquer Gilles.
     
    — C'est ben trop
loin pour s'en retourner à soir, déclara Gérard, sur un ton sans appel. On
avait dit qu'on coucherait, on va coucher.
     
    Laurette lui jeta
un regard meurtrier et, mécontente, suivit sa fille qui venait de s'emparer de
la chaudière où nageaient les prises de l'après-midi.
     
    — J'aimerais ben,
les hommes, que vous veniez me donner un coup de main pour préparer les
poissons, leur cria-t-elle au moment de rentrer sous l'abri. On va partir un
feu et les faire cuire avec des oignons dans une feuille d'aluminium,
ajouta-t-elle à l'intention de sa mère.
     
    — J'ai apporté
des patates, dit Laurette. On peut en faire cuire.
     
    — On va les faire
en robe des champs, madame Morin, proposa son gendre qui venait de rejoindre
les femmes.
     
    On a juste à les
faire cuire dans les cendres.
     
    Gérard et
Laurette regardèrent, intéressés, Gilles et Denise vider et nettoyer les
poissons d'une main experte.
     
    Pendant ce temps,
Pierre était parvenu difficilement à
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    allumer un feu
dans un espace entouré de pierres sur lesquelles un épais grillage métallique
avait été déposé. Si on se fiait à la quantité de cendres accumulées à cet
endroit, ce foyer improvisé devait servir régulièrement à la famille Crevier.
Alain et Denis transportaient fièrement des branches près du foyer pour
alimenter le feu.
     
    Les poissons
apprêtés, Denise vint les déposer sur le

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