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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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assis sur le balcon
à l'arrière de l'appartement.
     
    — Je me demande
ben sur quelle sorte d'agrès il est tombé, chuchota Laurette, comme si elle
poursuivait à voix basse une réflexion entreprise une heure ou deux plus tôt.
     
    — De quoi tu
parles? lui demanda son mari en tournant la tête vers elle.
     
    — Je parle de
Jean-Louis. J'ai hâte de voir quelle sorte de fille il va nous amener à la
maison.
     
    — Commence pas à
monter sur tes grands chevaux, la prévint Gérard. Il te l'a dit lui-même qu'il
sortait pas avec cette fille-là. Il lui a juste demandé de venir aux noces avec
lui.
     
    — Ça fait rien.
C'est tout de même la première fille avec qui on va le voir. Il a trente-deux
ans...
     
    La mère de
famille laissa sa phrase incomplète, comme si elle n'osait pas énoncer à voix
haute les craintes qu'elle éprouvait lorsqu'elle songeait à son préféré.
     
    Puis, sa pensée
dériva vers Carole qui avait avoué, quelques minutes plus tôt, que la robe
qu'elle prévoyait
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    porter pour le
mariage de Gilles ne lui allait pas bien. Sans laisser le temps à sa mère de
lui proposer de faire ensemble leurs emplettes la fin de semaine suivante, la
jeune fille s'était empressée de dire qu'elle profiterait de son heure de
dîner, un jour de la semaine, pour aller en acheter une autre.
     
    — J'aurais pas
haï ça que tu viennes magasiner avec moi, lui avait avoué sa mère, qui
détestait s'acheter des vêtements sans profiter de l'avis de quelqu'un.
     
    — Demandez à
Denise d'y aller avec vous, m'man, s'était esquivée Carole. Elle aime ça,
magasiner, elle. Moi, je vais dans l'ouest tous les jours de la semaine. Ça me
tente pas pantoute de courir les magasins les fins de semaine.
     
    — C'est correct,
avait sèchement laissé tomber sa mère avant de se diriger vers le balcon dans
l'intention d'essayer de profiter d'un peu d'air frais avant d'aller se
coucher.
     
    — Est-ce qu'on
entre écouter les nouvelles? lui demanda Gérard à la fin de la soirée.
     
    — Vas-y si ça te
tente, répondit sa femme. Je trouve qu'il fait trop chaud pour s'enfermer en
dedans.
     
    Gérard ne bougea
pas. Au loin, on entendait faiblement le grondement de la circulation sur la
rue Notre-Dame.
     
    Tous les balcons
autour de la grande cour semblaient être peuplés en cette soirée de canicule.
     
    — Si encore on
pouvait avoir un gros orage, dit Laurette après s'être allumé une cigarette. Il
me semble que ça rafraîchirait un peu l'air.
     
    — Ça me
surprendrait qu'on ait cette chance-là, répliqua son mari. Regarde. On voit des
étoiles. Il y a pas de nuages. Pour moi, il va faire aussi chaud demain.
     
    — S'il fait pas
trop chaud demain soir, tu vas m'amener sur la Plaza Saint-Hubert pour que
j'aille m'acheter une robe pour les noces.
     
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    — En plein
vendredi soir! T'es pas malade? C'est noir de monde ce soir-là et il y a pas de
place pour parquer nulle part, protesta Gérard qui craignait cette corvée. Tu
le sais que j'haïs ça conduire dans le trafic.
     
    — Je suis tout de
même pas pour prendre l'autobus quand on a un char devant la porte, verrat!
répliqua sa femme en haussant le ton.
     
    — Demande donc à
Jean-Louis d'aller te conduire.
     
    Lui, ça le
dérange pas d'aller dans le trafic.
     
    — Parle donc pas
pour rien dire, le rembarra sa femme.
     
    Tu sais ben qu'il
finit à huit heures le vendredi soir à la banque.
     
    — Et Denise,
elle? — Laisse faire Denise. Le vendredi soir, elle part avec Pierre et les
petits pour le Nord.
     
    — Calvaire! jura
Gérard.
     
    A six heures
trente, le lendemain soir, Laurette se retrouva rue Saint-Hubert en compagnie
d'un Gérard maussade. Il avait cru pouvoir l'attendre tranquillement dans la
voiture stationnée sur une rue voisine, à la hauteur de la rue Bélanger, mais
elle ne l'avait pas entendu de cette oreille. Elle avait exigé qu'il
l'accompagne dans ses courses.
     
    — Je veux que tu
me dises si ma nouvelle robe me fait ben, avait-elle déclaré sur un ton sans appel.
     
    — Taboire! Je
connais rien dans les guenilles, moi, avait-il vainement protesté. Qu'est-ce
que tu veux que je fasse dans un magasin de linge pour les femmes? Tout le
monde va rire de moi.
     
    — Viens, je te
dis! Ça va être pas mal moins long si t'es avec moi.
     
    Il la suivit donc
à contrecoeur, déterminé à écourter ce qui promettait d'être une soirée
pénible. Dans les trois premiers magasins, il se

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