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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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joues.
     
    — J'ai eu une
grosse journée au bureau et l'air climatisé marchait pas. On a crevé toute la
journée.
     
    — On t'attendait
pour souper. J'ai juste à faire réchauffer de la fricassée. Ce sera pas long, reprit
sa mère en suivant sa fille dans l'étroit couloir qui menait à la cuisine.
     
    Quelques minutes
plus tard, les Morin se retrouvèrent assis autour de la table en train de
manger sans beaucoup
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    d'appétit la
fricassée au boeuf que la mère de famille avait préparée au début de
l'après-midi.
     
    — Vas-tu
t'acheter une robe neuve pour les noces de Gilles? demanda Laurette à sa fille
au moment du dessert.
     
    — Je pense pas,
m'man. Ma robe jonquille va faire l'affaire. Je l'ai mise juste deux fois et
elle est assez chic pour des noces.
     
    — T'es ben
chanceuse, reprit sa mère. Ma robe la plus neuve a presque un an et elle est
revenue toute changée du nettoyage. J'aurai pas le choix. Je vais être obligée
d'aller m'en acheter une. J'aurais voulu en avoir une ivoire, mais il paraît
que la mère de Florence a choisi cette couleur-là pour sa robe.
     
    Laurette mentait
effrontément. Sa robe verte achetée pour les fêtes aurait très bien fait
l'affaire si elle avait pu y entrer. Elle l'avait essayée la veille et s'était
rendu compte qu'elle ne lui allait plus du tout. Au lieu d'avouer qu'elle avait
engraissé, elle préférait naturellement mettre la faute sur le dos du
blanchisseur.
     
    Il y eut un court
silence dans la cuisine avant que la mère ne reprenne la parole pour dire à sa
fille: — À ta place, j'essaierais quand même ta robe jaune pâle. Je suis pas
sûre, mais il me semble que t'as un peu engraissé depuis le commencement du
printemps.
     
    Le visage de la
jeune fille pâlit légèrement en entendant ces mots. Se pouvait-il que son état
paraisse déjà? — Je vais faire ça tout à l'heure.
     
    — Penses-tu venir
aux noces accompagnée? lui demanda sa mère, curieuse de savoir si elle avait eu
dernièrement des nouvelles d'André Cyr.
     
    — Je le pense
pas, m'man, répondit sèchement Carole.
     
    — Moi, je vais y
aller accompagné, reprit Jean-Louis en levant la tête de son assiette.
     
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    De surprise, son
père, sa mère et sa soeur tournèrent la tête dans sa direction pour le
regarder, comme pour s'assurer qu'il ne plaisantait pas.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe? Je peux pas? demanda le jeune homme.
     
    — Ben oui, tu le
peux, s'empressa de répondre son père. T'as juste à prévenir Gilles.
     
    Pendant quelques
secondes, Laurette craignit que son fils aîné ne se fasse accompagner par cet
ami avec qui il était allé au cinéma à deux ou trois reprises depuis le mois
d'avril. Qu'est-ce que la famille de Florence allait dire si elle le voyait en
compagnie d'un autre garçon? Tous les Morin allaient nécessairement se faire
montrer du doigt.
     
    — Est-ce qu'on
connaît celui que tu vas emmener aux noces de ton frère? demanda Laurette, mal
à l'aise.
     
    — Pourquoi vous
dites «celui», m'man? — Je le sais pas. J'ai pensé que tu parlais de celui avec
qui tu vas aux vues de temps en temps.
     
    — J'ai jamais dit
que c'était un gars, précisa Jean-Louis sur un ton bourru.
     
    — Tu vas venir
avec une fille! s'exclama sa mère, stupéfaite.
     
    Gérard et Carole
ne disaient pas un mot, attendant la fin de la passe d'armes entre le fils et
sa mère.
     
    — Ben oui, une
fille! Je suppose que j'ai le droit d'amener une fille.
     
    — Certain,
répondit Laurette, soulagée. Est-ce qu'on peut savoir comment elle s'appelle? —
Marthe Paradis.
     
    — Vas-tu nous la
présenter avant les noces? demanda Carole, curieuse.
     
    — Whow!
Faites-vous pas d'idée, vous autres, dit le jeune homme en s'apercevant de la
possible méprise. J'ai jamais dit que je fréquentais cette fille-là. Je
m'entends ben
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    avec elle et je
l'ai juste invitée à m'accompagner aux noces de Gilles.
     
    — Et elle a
accepté? poursuivit sa mère.
     
    — Ben oui.
Pourquoi elle aurait dit non? — Elle travaille avec toi à la banque? lui
demanda son père.
     
    — Oui, p'pa.
C'est même ma boss. Elle est monitrice à la succursale... Est-ce que je peux
vous emprunter le char à soir? demanda-t-il, bien décidé à mettre fin à
l'interrogatoire.
     
    Gérard n'eut
qu'une brève hésitation avant de lui dire: — Les clés sont sur le frigidaire.
     
    Un peu plus tard
durant la soirée, Gérard et Laurette se retrouvèrent seuls,

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