Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
le
camp ou à la sortie du camp.
    — On ne barguigne pas avec moi, dit Richelieu, qui,
pourtant, ne faisait rien d’autre du matin au soir, et avec une confondante
habileté. Toutefois, reprit-il, amenez-le-moi, je veux le voir et l’ouïr.
    Le père Joseph alla lui-même quérir Bartolocci, dont le
moins que je puisse dire est que son apparence ne plaidait pas en sa faveur,
ses sourcils se rejoignant au-dessus du nez en une seule barre épaisse et
noire, laquelle jetait une ombre sur de petits yeux marron, durs et rusés. La
bouche était large et sinueuse, les lèvres épaisses et rouges, les dents
noires, le menton très saillant. Au demeurant, la physionomie la plus basse, la
plus fausse et la moins ragoûtante qu’il m’ait été donné d’observer.
    — Bartolocci, dit Richelieu, si j’entends bien, tu veux
de moi la vie sauve et un sauf-conduit.
    —  Vostra Eminenza, dit Bartolocci en se
génuflexant devant le cardinal, l’œil mi-clos et suspicionneux, si la
« sauve conduite » que vous dites est, comme io crois, una
salvacondotto , c’est bien cela que je veux, col vostro permesso, Vostra
Eminenza.
    —  Et toi, dit Richelieu, la face imperscrutable,
qu’as-tu à me donner ?
    —  Una informazione molto importante, dit
Bartolocci, aussitôt que Vostra Eminenza me donne la salvacondotto.
    —  Comment saurais-je si elle est importante, si
tu ne me dis pas de prime ce dont il s’agit ?
    —  Vostra Eminenza, dit Bartolocci, facciamo
l’ipotesi che vous trouvez la informazione, pas assez importante,
allora vous me donnez solamente la grazia. Facciamo l’ipotesi che vous
trouvez la informazione molto importante. Vous me donnez la grazia et la salvacondotto.
    Le cardinal leva le sourcil, comme s’il était surpris ou
amusé, de se trouver – au rebours de ce qu’il avait dit cinq minutes plus
tôt – en train de barguigner avec un caïman. Mais d’un autre côté, il
voyait bien que l’homme était bien loin d’être sot et que ce qu’il avait à dire
valait peut-être une grâce qui lui coûtait peu, et un sauf-conduit qui lui
coûtait moins encore.
    — Bargoin conclu, dit-il sobrement. Je t’écoute.
    —  Vostra Eminenza, il punto piú debole della
fortificazione [45] est la
porte Maubec.
    Lecteur, peux-je ici préciser derechef qu’aucune tranchée
royale ne s’approchait à plus de cent cinquante toises des murailles de la
ville, pour la raison que la portée maximale des mousquets ennemis étant de
cent cinquante toises, les royaux de la première ligne échappaient ainsi à leur
feu. Cette disposition était la règle dans les armées du roi depuis l’infortuné
siège de Montauban, où la première tranchée ayant été creusée trop proche de
l’ennemi, une balle huguenote, tirée du haut des remparts, avait atteint le duc
du Maine à la tête, le tuant sur le coup.
    Entre les Rochelais et nous s’étendait donc une vaste zone
qui n’était ni à eux ni à nous et qui avait aussi pour avantage de décourager
leurs sorties, vu la distance qu’ils avaient à parcourir en terrain découvert
avant de nous tomber sus.
    C’est dans ce terrain neutre, mais fort exposé aux
mousquetades ennemies, que Toiras, le mercredi des Cendres, eut l’idée
saugrenue de découpler ses chiens et de courre un lièvre. Cette bravura (prouesse) fut fort blâmée par le cardinal et il fit grise mine à Toiras
pendant deux semaines.
    Mais revenons à notre caïman et à sa révélation sur la porte
Maubec, laquelle était, selon lui, le point faible de la fortification. C’était
là, expliquait-il dans son italien baragouiné de français, que s’étendaient les
marais salants où il avait autrefois travaillé, lesquels, une fois abandonnés,
étaient devenus marécages, sans que disparussent pour autant les sentiers qui
quadrillaient les petits étangs d’eau salée, lesquels n’avaient chacun pas plus
de cinq toises de côté et une faible profondeur pour rendre l’évaporation plus
rapide. Ces sentiers, nous expliqua Bartolocci, étaient les seuls endroits où
l’on pût encore marcher sans s’enfoncer dans la boue et formaient un véritable
dédale qu’il fallait bien connaître pour parvenir jusqu’aux murailles de la
ville sans se perdre et tourner en rond : raison pour laquelle les
Rochelais, jugeant impossible que les royaux parvinssent jamais jusqu’à la
porte Maubec à travers ce labyrinthe, en surveillaient si peu les approches
qu’il était devenu possible

Weitere Kostenlose Bücher