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La Gloire Et Les Périls

La Gloire Et Les Périls

Titel: La Gloire Et Les Périls Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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et trop fort, comme il a fait pour Monsieur
de Schomberg. Mais d’un autre côté, l’énormité du propos de Bassompierre me met
sur les épines. On dirait que Bassompierre redoute que la prise de La Rochelle
n’apporte au roi et au cardinal une autorité telle et si grande que leur
pouvoir en sera immensément fortifié. Force est donc de conclure que, dans
l’affaire du mariage de Monsieur, les conjurés ont bel et bien tenté
d’assassiner le cardinal et le roi. Cette hydre a perdu quatre têtes :
d’Ornano qui est mort en prison, les frères Vendôme qui sont serrés en geôle et
Chalais qui a été décapité. Mais d’autres têtes sont visiblement en train de
repousser, lesquelles ne me paraissent pas moins redoutables.
    — Mon fils, dit le marquis de Siorac, si vous avez
cette pensée, il faut laisser de côté les scrupules d’une amitié qui n’est
plus, à vrai dire, que l’ombre d’elle-même. Il faut répéter les propos de
Bassompierre, mais seulement au cardinal. Il est infiniment plus circonspect
que Louis. Et chacune de ses décisions est le résultat de minutieux calculs où
le pour et le contre sont pesés avec le plus grand soin et le plus grand souci
de ne rien omettre. Richelieu répétera ou ne répétera pas à Louis le propos de
Bassompierre mais, dans sa conduite future et présente avec le maréchal, il ne
laissera pas de s’en ramentevoir.

 
CHAPITRE IV
    Mon père noulut le lendemain m’accompagner chez le roi et le
cardinal, arguant que c’était à moi qu’ils avaient confié l’apaziment des
maréchaux, et que c’était donc à moi et à moi seul qu’il incombait de rendre
compte du résultat au souverain et à son ministre. Je ne laissai pas pour
autant de le mercier de l’aide qu’il m’avait apportée en ce prédicament, mais
il protesta généreusement qu’en l’affaire, il n’avait été que la cinquième roue
de la carrosse, ajoutant que, sans lui, j’aurais tout aussi bien succédé en
cette entreprise.
    Le plus marri de la décision paternelle fut assurément le
chevalier de La Surie qui eût tant aimé voir derechef le roi, et mieux encore,
être vu de lui, estimant sans doute que le seul regard posé sur lui par l’oint
du Seigneur lui eût apporté un surcroît d’honneur et de dignité.
    C’est au déjeuner de ce matin-là, qui fut assez tardif pour
que Madame de Brézolles y pût assister, que mon père, qui m’en avait prévenu la
veille, lui annonça – après mille grâces et merciements pour son hospitalité –
son intention de départir pour Nantes pour y visiter mes deux demi-frères,
Pierre et Olivier de Siorac.
    À mon immense surprise et dépit, Madame de Brézolles dit
alors à mon père qu’elle lui aurait la plus grande gratitude s’il voulait bien
permettre à sa carrosse de suivre la sienne jusqu’à Nantes, ce qui lui
permettrait d’être protégée sur les grands chemins par une puissante escorte
qu’elle n’aurait pu, en aucun cas, recruter elle-même sur place, tous les
hommes valides étant employés au siège. Le marquis de Siorac acquiesça et j’eus
beaucoup de mal à ne pas laisser paraître le chagrin que me dormaient le
brusque et inexplicable département de Madame de Brézolles, et pis encore, la
façon inattendue dont il avait été annoncé, alors qu’il me semblait que j’eusse
dû, au regard de nos tendresses, en avoir la primeur.
    Mais le moment n’était pas aux explications devant tant de
témoins et, suivi du seul Nicolas, je m’en fus, fort déconforté, sous un ciel
noir et une petite pluie fine et froide, jusqu’à Aytré où j’appris que le roi,
levé tôt comme à son ordinaire, était départi pour Coureille afin d’y inspecter
quelques travaux qu’on y faisait. Je ne fus pas dépité par cette absence, car
elle me baillait, tout le rebours, une bonne excuse pour aller visiter, en
premier lieu, Richelieu, et lui citer, en fin de rapport, le propos déquiétant
de Bassompierre, en le laissant, comme je l’ai dit déjà, juge de le répéter ou
de ne le répéter point à Louis.
    La première fois que j’avais visité le cardinal en sa maison
du Pont de Pierre – laquelle donnait des vues si belles et, comme on sait,
si peu envisagées –, elle n’était entourée que par les cinquante hommes de
sa garde personnelle, laquelle le roi lui avait commandé de recruter en
septembre 1626, pour se protéger des assassinats de la cabale.
    Meshui, cependant, pas moins de trois cents

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