La grande Chasse
numérique, les résultats obtenus par la Luftwaffe au-dessus de la Manche et de l'Angleterre sont encourageants. En ce qui concerne plus particulièrement la chasse, les combats des mois précédents ont constitué une épreuve significative.
De nouveau, je passe régulièrement le week-end à Berlin. Hier, j'ai revu une amie de l'année dernière. Une fille épatante. Nous avons passé toute la journée ensemble une journée magnifique.
Si magnifique qu'à présent je suis pris à ce piège vieux comme le monde. J'ai beau me débattre, il n'y a rien à faire. Je suis amoureux fou de Lilo !
24 mars 1941.
Depuis ce matin, nous sommes fiancés. Si tout va bien, nous nous marierons en automne. D'ici là, ces messieurs du service du personnel m'auront tout de même envoyé l'autorisation nécessaire.
Par-dessus le marché, c'est aujourd'hui mon anniversaire. Le lieutenant Oelhauer en profite pour me déclarer qu'à son avis, j'ai tort de vouloir me marier maintenant.
— Vous êtes beaucoup trop jeune, affirme-t-il. Attendez plutôt la fin de la guerre.
Et si cette guerre doit durer trente ans ? Je crois avoir deviné l'intention de ce cher Oelhauer. Il tourne autour de Lilo, se pavane, essaie d'être spirituel. Si, jamais, je le vois poser ses pattes ramollies sur ma fiancée, je l'abats comme un chien !
24 avril 1941.
« AU NOM DU FUHRER
je nomme l'aspirant de la Luftwaffe
Heinz KNOKE au grade de sous-lieutenant.
Je procède à cette nomination dans l'espoir que l'intéressé, fidèle à son serment, remplira
scrupuleusement ses obligations professionnelles,
et qu'il justifiera la confiance placée en lui.
Berlin, le 22 avril 1941.
Le ministre de l'Aviation et
Commandant en chef de la Luftwaffe
Hermann GOERING. »
Je viens de recevoir ce document, des mains du colonel commandant notre groupe de chasse, en même temps que mon épée d'officier.
Mon premier but est atteint.
Quant au second — mon affectation dans une unité du front — il parait nettement plus proche, à présent.
22 mai 1941.
Au revoir, Lilo !
Lentement, l'express bondé quitte le hall de la gare de Silésie. Lilo a conquis de haute lutte une place à la fenêtre de son compartiment et agite son mouchoir. Demain, elle sera à Hameln, chez mes parents. Je cours à côté du train, jusqu'au bout du quai.
Dans quelques minutes, je quitterai, moi aussi, la capitale, par le train qui ramène les permissionnaires à Cherbourg.
Cette fois, ça y est ! J'ai ma feuille de route dans la poche.
A peine parti, le train s'arrête. On éteint les lumières. Sur les toits de Berlin, les sirènes lancent leurs hurlements affolants. Les Tommies arrivent...
23 mai 1941.
Le P.C. de la 2e escadre du 52e groupe de chasse se trouve à la lisière est du terrain d'Ostende. Le « patron », le capitaine Woitke, est un véritable géant. Sa poignée de main me fait presque plier dans les genoux. Cela me change de ce mollasson d'Oehlhauer.
Dans sa chambre, Woitke m'offre un cognac et me pose quelques questions précises. Ce colosse est rudement sympathique. Officier de carrière et pilote chevronné, décoré de la Croix de Fer, il a abattu au cours de la bataille d'Angleterre quinze appareils britanniques, presque tous des Spitfires.
Un peu plus tard, il me fait conduire dans sa voiture au terrain de la 6e escadrille à laquelle je suis affecté.
Notre chef est le lieutenant Rech. Avec lui, nous sommes en tout quatre officiers. Les autres pilotes sont des sous-officiers. Tous ont au moins la Croix de Fer de deuxième classe. Et tous me regardent plus ou moins de travers. Manifestement, ils n'ont pas beaucoup de considération pour le sous-lieutenant frais émoulu que je suis. Et quand ils apprennent que je ne sais pas jouer aux cartes, ils ne me regardent plus du tout. Mes galons ? Ils s'en fichent éperdument.
Le mécanicien-chef me montre, dans un box parfaitement camouflé, un Messerschmitt 109.
— Voici votre coucou. Il est assez vieux, mais il vole encore très bien.
« Toujours assez bien pour ce que ce blanc-bec en fera », doit-il penser. J'ai l'impression de ne lui inspirer qu'une confiance mitigée.
Une heure plus tard, je décolle pour quelques tours de terrain. Mes atterrissages sont lamentables. A présent, même les simples soldats me regardent avec une pitié dédaigneuse.
Dans la soirée, le chef me demande de l'escorter, pour un vol d'exercice. Miracle des miracles, il ne paraît pas trop mécontent.
24 mai
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