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La grande déesse

La grande déesse

Titel: La grande déesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Terre : on retrouve ici le thème bien connu de la grotte-utérus (qui est celui du Mithra proche-oriental) ou encore celui du cairn mégalithique dont la chambre funéraire est une matrice destinée à régénérer les défunts dans un autre monde. Toutes les grottes, qu’elles soient naturelles ou artificielles, toutes les anfractuosités dans une masse rocheuse, sont en effet considérées comme de véritables organes sexuels féminins. Chez les Hopis de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, on transmet un mythe fondateur identique : les êtres vivants ont émergé des entrailles de la Terre par un orifice appelé le sipapu . Cet accouchement primordial est encore célébré tous les quatre ans au cours d’une cérémonie connue sous le nom de wuwuchin  : un rituel secret se déroule dans une hutte voûtée, la kiva , qui symbolise le ventre maternel de la Terre. Au centre de la hutte, un petit orifice représente le sipapu , et une échelle conduit à un autre orifice situé au plafond, symbolisant le cordon ombilical reliant le monde des humains au monde des dieux. Quant aux Thompsons de la Colombie-Britannique, ils prétendent que le monde résulte d’une métamorphose très ancienne de la Terre-Femme : les cheveux de celle-ci devinrent les arbres et les végétaux, sa chair devint le sol, ses os les rochers et les montagnes, et son sang l’eau dispensatrice de vie et de fécondité.
    Ces traditions, encore très répandues chez les peuples amérindiens, et aussi chez les métis, témoignent d’une conception très archaïque qui n’est guère différente de celles qu’on reconnaît dans toute l’Europe et dans une grande partie de l’Asie. Dans ces conditions, on ne peut guère s’étonner qu’actuellement, dans les pays à dominante catholique du continent indien, il y ait tant de coutumes et de fêtes à propos de la Vierge Marie. Certes, l’influence espagnole est ici très profonde, mais à l’analyse, on peut facilement s’apercevoir que l’image de la mère de Jésus recouvre avantageusement – et impunément – l’antique visage de la déesse mère des origines, tant la tendance au syncrétisme est importante chez tous ces peuples. Mais n’est-ce pas aussi reconnaître implicitement l’existence d’une tradition primordiale unique et universelle concernant la Déesse des Commencements, celle qui existait avant que le monde fût créé ?
     

L’Égypte ancienne
    L’apport de l’Égypte a été essentiel dans les théologies de l’Antiquité classique, puis dans le christianisme lui-même. Gérard de Nerval l’avait fort bien compris, même dans son délire syncrétique d’ Aurélia où il confond résolument et consciemment la Vierge Marie, Vénus, Déméter, Cybèle et Isis car, proclame-t-il dans un de ses poèmes, « la treizième revient, c’est encore la première ». Rien n’est plus exact lorsqu’on fait une tentative de classement des divinités féminines de l’ancienne Égypte, car si tout dépend des époques et des lieux, le principe reste invariable : la création n’a pu se faire que par une séparation entre l’élément mâle et l’élément femelle du divin lors de l’apparition du couple primordial Maât et Shou. Mais à partir de là, comme les divinités ne peuvent être appréhendées que sous des aspects concrets, ce sont des images multiples qui envahissent ce qu’on appelle le panthéon égyptien.
    Comme en Inde, au début était l’œuf cosmique, d’où allait surgir la spirale de l’existence, œuf pondu par un oiseau mythique et donc symbolique (le fameux cygne Hansa des traditions védiques). Or, pour les Égyptiens, l’œuf était du genre féminin. De plus, le ciel était également une entité féminine : il y avait donc, contrairement à ce qui se passerait ensuite en Grèce, une affirmation de la préexistence du féminin sur le masculin, du moins dans la création d’un monde cohérent et organisé, surgi d’un chaos indéterminé et que seule la volonté divine a pu marquer d’une polarité, autrement dit d’un courant énergétique mettant en présence – et en opposition – deux forces fondamentalement contradictoires. Et c’est ce ciel féminin qui deviendra la déesse Hathor, représentée sous les traits soit d’une femme pour en marquer le caractère érotique, soit d’une vache pour en définir le caractère maternel et nourricier, soit d’une lionne pour en souligner le caractère féroce, voire cruel, et

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