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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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d’usure dont le but restait d’épuiser
l’ennemi en le forçant à une veille permanente [616] . À partir du
milieu de l’année 1916, les attaques par nuées dérivantes étaient lancées dans
l’unique dessein de causer un maximum de pertes à l’ennemi et non plus de
percer ses lignes.
    Après l’apparition du projecteur Livens, les attaques
chimiques supportées par l’infanterie devinrent plus aisées, car les conditions
météorologiques avaient beaucoup moins d’influence sur la dissémination des
agents. Notons cependant que ces opérations avaient une envergure de loin
inférieure aux émissions de gaz à partir de cylindres. Selon Augustin Prentiss,
jamais une telle attaque n’entraîna l’utilisation de plus de 80 t de
substances délétères en une seule fois ; en moyenne, les attaques à l’aide
du Livens Projector consommaient près de 14 t d’agents chimiques
contre 100 t pour les opérations de nuées dérivantes.
    L’évolution de l’utilisation tactique de l’artillerie
chimique fut bien plus complexe que celle du projecteur Livens. Il est
relativement facile, au travers des différents manuels d’artillerie,
régulièrement révisés au fil des hostilités, de suivre et d’analyser l’évolution
tactique de l’artillerie chimique des armées belligérantes [617] . L’exemple
allemand reste le plus explicite. Au cours de l’été 1915, les Allemands tiraient
déjà des munitions irritantes dans des proportions extensives. Si extensives
que dès août 1915, l’OHL, en la personne de Falkenhayn, émit des
directives d’utilisation de ces projectiles. Ces ordres distinguaient deux
types de substances chimiques, « persistantes » ou « non
persistantes », qui devaient être employées dans des configurations
tactiques différentes pour neutraliser les capacités d’action de l’ennemi. « Les
agents non persistants étaient utilisés pour affaiblir une position ennemie immédiatement
avant l’assaut ; les agents persistants étaient utilisés contre des
positions qui ne devaient pas être occupées dans un avenir proche. » [618]
    Les forces allemandes ne disposèrent pas de munitions
chimiques létales avant juillet 1916. Elles furent en effet introduites
lors de la bataille de la Somme, et les directives d’août 1915 étaient
encore en vigueur. Pour cette raison, dans un premier temps, les obus létaux
furent utilisés comme les projectiles irritants, ce qui réduisait
considérablement leur potentiel. En effet, les concentrations d’efficacité
maximale sur le champ de bataille des agents irritants étaient de loin
inférieures à celles qu’il convenait d’obtenir avec les agents létaux. Non
seulement cela fut négligé pendant plusieurs mois, mais la conception peu
appropriée des obus ne permettait que difficilement d’obtenir ces
concentrations. Jusqu’en décembre 1916, date à laquelle furent émises de
nouvelles directives allemandes, on peut affirmer que le potentiel de ces
munitions fut largement gaspillé.
    Dès le mois de juillet 1916, le principe et la tactique
des tirs d’attrition avaient été finalisés par l’ensemble des belligérants. Ces
tirs avaient pour principal dessein de forcer les fantassins ennemis à porter
leurs masques pendant une longue période, ce qui constituait un exercice
véritablement exténuant pour les hommes. Le port du masque était en effet
rapidement insupportable au-delà de quelques heures [619] . Dans les cas
les plus extrêmes, il était même possible de parvenir, après plusieurs heures
de pilonnage régulier, au point de saturation des cartouches fixatrices qui
équipaient les protections respiratoires. Les pertes causées à l’ennemi
pouvaient alors s’élever rapidement. Les artilleurs allemands utilisaient l’obus croix verte, qui était tiré à intervalle irrégulier à raison de 2 à 4 mortiers
légers par cible. En raison de la faible quantité de toxique délivrée, il était
précisé dans les manuels allemands que lors de ces tirs, le vent ne devait
excéder 5 m/s. De temps en temps, un tir extrêmement violent, pouvant
aller jusqu’à 40 t d’obus par hectare, était déclenché pour dissuader les
fantassins ennemis d’ôter leurs masques. Ensuite, le tir reprenait le rythme qu’il
avait jusqu’alors. Le pendant britannique mais également français de cette
technique consistait à effectuer pendant une à deux minutes un violent
pilonnage au moyen d’obus létaux

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