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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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l’arme de l’usure et l’ypérite en fut le symbole le plus terrible.

CHAPITRE IX

Le glaive et la cuirasse :
l’essor de la défense chimique
    Le 22 avril 1915, l’attaque allemande de
Langemarck avait surpris des forces françaises complètement dépourvues de
moyens de défense. Les médecins et les chimistes qui furent chargés d’élaborer,
avant même d’envisager la riposte, des matériels susceptibles de protéger les
fantassins des effets des gaz parvinrent très vite à la conclusion que le seul
moyen efficace pour préserver les hommes était bien évidemment la défense
passive. Initialement, les gaz de combat, et cette constatation reste valable
pour une large majorité des agents chimiques utilisés au cours de la Grande
Guerre, attaquaient les voies respiratoires. Naturellement, les premières
mesures s’attachèrent à protéger ces organes [649] .
    À Langemarck, seuls quelques hommes eurent la présence d’esprit
de se protéger en recouvrant leur visage de tissus humides. Le nombre des
victimes fut important et le front allié avait été percé sur près de 6 km.
En ces circonstances particulières et contre un adversaire non protégé, l’arme
chimique venait de démontrer ses qualités offensives… Cependant, les effets des
gaz pouvaient être réduits si la troupe était équipée de protections
respiratoires appropriées. Une fois ces mesures adoptées, le gaz de combat
perdait une grande partie de son potentiel. Seule une innovation majeure
susceptible de déjouer les protections respiratoires les plus modernes pouvait
éventuellement permettre d’emporter des succès militaires significatifs. Nous l’avons
constaté, le facteur « surprise » allait jouer un rôle décisif dans l’utilisation
optimum des gaz de combat. En conséquence, une véritable course poursuite entre
les ingénieurs et les chimistes des deux camps s’engagea alors pour mettre au
point des protections respiratoires sans cesse plus performantes, et capables
de protéger les fantassins des agents chimiques toujours plus toxiques et plus
pernicieux qui apparaissaient sur le champ de bataille. Cette lutte incessante
fut sans aucun doute une des clefs de la guerre chimique entre 1915 et 1918.
Nous allons maintenant tenter d’en dégager les grandes lignes.
Les protections respiratoires individuelles
    Le premier masque allemand, distribué à la troupe dès le
mois d’avril 1915, était constitué « d’un petit sachet en toile
caoutchoutée rempli de déchets de coton imbibés d’une solution d’hyposulfite de
soude et d’un hydrate alcalin fixe » [650] ,
contenu dans une petite bouteille fournie avec le tampon respiratoire. Aucune
protection n’était prévue pour les yeux. Le port du masque, une fois ce dernier
imprégné, était particulièrement inconfortable et la respiration difficile. Le
tampon ne permettait de se protéger contre le chlore que pour une durée
inférieure à trente minutes. Seules les unités de pionniers chargées des
opérations chimiques ainsi qu’un certain nombre d’artilleurs reçurent un
appareil isolant à oxygène, le Selbstretter-Draeger-Tübben, dont le coût
prohibitif interdisait une plus large distribution.
    Immédiatement après l’attaque allemande d’avril 1915,
les forces alliées improvisèrent en toute hâte des mesures de défense
rudimen-taires. Les chimistes français et anglais réalisèrent la nécessité de
mettre au point des protections respiratoires équipées de filtres actifs qui
fixeraient les agents toxiques avant qu’ils ne pénètrent dans les poumons. Dès
le 23 avril 1915, les services médicaux britanniques distribuèrent en
quantité réduite des flacons contenant du bicarbonate de soude dont il
convenait d’imprégner un tissu que l’on portait ensuite à sa bouche en cas d’attaque
chimique. Son efficacité était évidemment toute relative. D’autres fixateurs,
dont l’urine [651] et la terre, furent utilisés avec de piètres résultats. Ainsi, une des
recommandations faites aux soldats de premières lignes dans les jours qui
suivirent immédiatement le 22 avril 1915 fut « d’utiliser une
bouteille dont on aurait découpé la base puis qu’on aurait remplie de terre
humide. Il convenait alors de respirer par le goulot » [652] . Mais, les
bouteilles de verre étant rares sur le front et l’opération consistant à
découper leur base provoquant souvent leur destruction, l’idée fut

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