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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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22 avril 1915.

CHAPITRE IV

L’organisation de la réplique alliée
    « The garden called Gethsemane
In Picardy it was,
And there the people came to see
The English soldiers pass
    « We used to pass – we used to pass
Or halt, as it might be,
And ship our masks in case of gas
Beyond Gethsemane. »
    Rudyard Kipling, Gethsemane 1914-1918 [254] .
    Après l’indignation et l’émoi provoqués par l’attaque
chimique allemande du 22 avril 1915, les autorités alliées
entreprirent de réagir de la manière la plus prompte qui fût en décidant d’utiliser
les mêmes moyens que l’ennemi. La période qui s’étendit de mai 1915 à
juillet 1917 vit une utilisation croissante d’agents chimiques de plus en
plus nocifs sur le théâtre des combats. En l’espace de quelques mois, l’arme
chimique allait passer du rang de curiosité technique à celui de vecteur
indispensable de la guerre moderne. L’arme chimique pénétrait au cœur de la
Grande Guerre et allait marquer le conflit d’une empreinte indélébile. Au
lendemain du séisme provoqué par l’innovation allemande, la priorité des Alliés
consistait à organiser les conditions scientifiques, administratives et
industrielles de la réplique chimique à laquelle ils n’étaient pas préparés.
Et, au préalable, il incombait aux autorités politiques de lever l’hypothèque
légale qui pesait sur l’utilisation des armes chimiques.
Les préventions britanniques
    Au lendemain de l’attaque de Langemarck, le 23 avril 1915,
le commandant en chef des forces britanniques, Sir John French,
télégraphiait au War Office à Londres le rapport de l’attaque allemande. Il
demandait l’application immédiate de représailles appropriées ou, à défaut, que
des mesures soient prises pour retourner contre l’adversaire ses propres armes :
« Je demande instamment que des mesures immédiates soient adoptées dans le
but de pouvoir disposer rapidement de moyens efficaces similaires ; il est
également essentiel que nos troupes soient dotées d’équipements et de
protections susceptibles de contrer les effets du gaz ennemi. Ces équipements
devront en outre autoriser les soldats à se mouvoir. » [255] Si on lui assura
qu’il recevrait, dans les plus brefs délais, des protections respiratoires pour
ses troupes, Lord Kitchener, qui occupait alors le poste de ministre de la
Guerre, lui répondit le lendemain : « L’utilisation de gaz
asphyxiants est, comme vous le savez, contraire aux lois de la guerre. Avant
que nous nous abaissions aux pratiques avilissantes employées par les
Allemands, je dois soumettre la question au gouvernement. Ces méthodes montrent
clairement à quel degré d’infamie nos ennemis sont prêts à recourir pour suppléer
à leur manque de courage dans le combat qui les oppose à nos troupes. » [256]
    Le 25 avril, deux chimistes anglais, les P rs  John
Scott Haldane de Oxford et Herbert Breteton Baker de l’Imperial College of
Science and Technology de South Kensington, furent dépêchés sur le front, avec
mission de déterminer la nature du gaz utilisé par les Allemands et de fournir
aux troupes quelques recommandations prophylactiques de premiers secours. Dès
le lendemain, ils étaient à pied d’œuvre en Flandres. Leurs premiers conseils
furent les suivants : « Il est recommandé de respirer au travers de
tissus imprégnés d’urine ou d’une bouteille dont on aurait fait sauter le culot
et remplie de terres humides. » [257] L’utilisation de l’urine comme fixateur du chlore fut néanmoins envisagée jusqu’à
ce que, à la fin 1915, les chimistes concluent que « l’urine, bien qu’ayant
une efficacité qui n’est pas tout à fait négligeable, ne peut cependant pas
être considérée comme un bon moyen de protection » [258] .
    Le 3 mai 1915, Lord Kitchener, dans l’attente
de la réponse du gouvernement, demanda néanmoins au colonel Lucius Jackson
des Royal Engineers, qui occupait alors un poste d’attaché au sein du War
Office au département des fortifications, de prendre en charge les préparatifs
en vue d’une réplique chimique britannique [259] .
Le colonel Jackson suggéra, dans un premier temps, de répondre à l’initiative
allemande par la mise au point de grenades chimiques. Il restait cependant à
identifier le toxique le plus adéquat pour cet usage. C’est un mélange de
capsicine (un sternutatoire) et de dioxyde de soufre (un asphyxiant) ou de
disulfure de

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