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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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l’ennemi.
Après un examen clinique des intoxiqués et des tampons respiratoires qu’il
avait pu se procurer sur des prisonniers allemands, le P r  Haldane
établit qu’il s’agissait de chlore. Le 25 avril 1915, une
communication officielle fut transmise aux troupes alliées afin de leur indiquer
les premières mesures de protection à adopter [265] . Il s’agissait
de tampons de gaze trempés dans une solution d’hyposulfite et de carbonate de
soude dont l’état-major entendait doter la troupe dans les plus brefs délais.
    Les questions liées à la défense contre les attaques
chimiques furent confiées à un Anti-Gas Department immédiatement institué au
sein du Royal Army Medical College de Millbank. Cet organisme fut chargé, tout
au long du conflit, de l’élaboration mais aussi du contrôle de la fabrication
des protections respiratoires individuelles. L’urgence commanda à Kitchener de
faire appel à la solidarité nationale pour parer aux besoins les plus
immédiats. Une annonce, qui sollicitait la fabrication par la population
britannique de tampons respiratoires rudimentaires, fut publiée le 28 avril 1915
dans le Daily Mail. Elle permit d’en collecter près de 30 000 unités
en moins de trente-six heures [266] . Stockés dans
les locaux du Royal Army Clothing Depot de Pimlico, les tampons de coton
rudimentaires furent rapidement distribués sur le front par la Croix-Rouge et
le Royal Army Médical Corps. Le P r  Haldane, conscient du
caractère sommaire et donc provisoire de la protection offerte par les tampons,
mit en garde les autorités militaires. Les événements du mois de mai, sur la
colline 60 près d’Ypres, lui donnèrent raison.
    Le 1 er  mai, de retour à Oxford, Haldane
entreprit ses recherches. Aux fantassins qui n’avaient pas encore été dotés de
tampons, il réitéra les premières consignes : lors du passage du nuage de
chlore, il fallait respirer au travers d’une bouteille au fond préalablement
brisé et emplie de terre légèrement humidifiée. Rapidement, les travaux de
Haldane, complétés par ceux des P rs  Herbert Baker et A. Mavro-Gordato,
aboutirent à l’élaboration d’un masque de coton imprégné de thiosulfate.
Inspiré d’un modèle allemand récupéré sur le front, ce masque, baptisé Black
Veil Respirator, était censé protéger cinq minutes des combattants évoluant
dans une atmosphère contenant 0,1 % de chlore. Vers le 20 mai, la
grande majorité des soldats britanniques en était équipée.
    L’une des priorités du War Office était de pourvoir les
premières lignes britanniques en conseillers chimiques compétents. On se tourna
naturellement vers les universités. Le recteur de l’Imperial College et
directeur général du Royal Army Medical Corps, Sir Alfred Keogh, entreprit
de sélectionner une vingtaine de chimistes parmi les militaires en exercice [267] .
Cette liste, que l’on avait baptisée « Special Service Party »,
comprenait des scientifiques de renom dont Richard C. Gale et Donald
Grantham. Après une formation succincte à Chatham, quartier général du corps
des Royal Engineers, les 21 chimistes s’embarquèrent à Southampton
en direction du continent à 3 h 30 le 14 mai 1915 sur le SS Normania. À leur arrivée sur le front, ils s’employèrent immédiatement à identifier les
substances nocives, autres que le chlore, éventuellement utilisées par les
forces allemandes. Le colonel Watson et le P r  Mouat Jones
tinrent de nombreuses conférences à l’état-major sur le chlore et ses effets
devant des officiers supérieurs. Un laboratoire de campagne fut même installé
au GHQ. Les premières expériences eurent trait à l’efficacité des tampons de
gaze. Le test ultime consistait à traverser, le tampon placé sur la bouche et
le nez, une chambre pressurisée dont l’atmosphère contenait 0,05 % de
chlore gazeux. Les résultats furent jugés satisfaisants.
    À la fin du mois de mai 1915, les membres du Special
Service Party furent dispersés, qui dans des unités combattantes, qui dans des
laboratoires en Angleterre. Une nouvelle structure, plus importante, n’allait
pas tarder à prendre le relais. Cependant la moitié des effectifs du Special
Service Party fut réunie à Saint-Omer au sein d’une unité, la 250 e  compagnie
des Royal Engineers, qui était chargée de la formation des recrues chimistes.
En effet, le 11 mai 1915, le War Office avait sollicité près de

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