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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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chlore liquide digne de ce nom sur son
territoire. Dès août 1915, un premier programme industriel fut adopté. Il
planifiait la construction de six sites de production de chlore liquide dans le
sud-ouest de la France pour une capacité totale de 30 t par jour. Un
deuxième programme au printemps 1916, puis un troisième l’année suivante,
portèrent la production à 50 t de chlore liquide par jour pour dix usines.
Quatre de ces sites dépendaient directement de la DMCG. Les plus importants
centres de production étaient ceux de Pont-de-Claix près de Grenoble (Chlore
Liquide), Saint-Auban dans le sud des Alpes (Produits chimiques d’Alais et de
Camargue), Plombières en Savoie (Électro-Chimie). Néanmoins, la taille de ces
usines n’était en rien comparable à celle des installations allemandes de
Ludwigshafen ou Bitterfeld. De fait, la France conserva une structure de
production chimique éclatée qui reposait sur une multitude de petites unités
dispersées dans le pays. Cette situation était liée à deux facteurs principaux :
tout d’abord, l’absence d’industrie chimique nationale au début des hostilités
et ensuite le choix des autorités françaises de sous-traiter une grande partie
de la production chimique de guerre auprès d’entrepreneurs privés.
    Comme cela fut également le cas pour la coordination
stratégique des opérations militaires et jusqu’à la création d’un commandement
unifié des forces alliées en mai 1918, les armées françaises et
britanniques menaient la même guerre mais sans la coopération nécessaire. Dans
une large mesure, cette remarque vaut également pour la guerre chimique. Chaque
pays conduisait ses recherches d’une manière indépendante, sans véritable
concertation. Il fallut attendre août 1916 pour que le Chemical Warfare
Department désigne un officier de liaison à Paris [315] , le capitaine Lefebure.
Des réunions scientifiques interalliées furent pourtant organisées
régulièrement à Paris en 1915 et 1916 et un secrétariat représentatif assurait
la continuité de ces travaux. Cependant si la coopération scientifique fut
satisfaisante, son application sur le champ de bataille fut décevante. La
raison principale résidait bien sûr dans l’absence de commandement militaire
unifié qui ne favorisait pas les échanges au niveau des unités combattantes [316] .
De plus, les problèmes d’interopérabilité des matériels (calibres, structures
des munitions) ne faisaient qu’accroître ces difficultés. Ainsi, il ne fut
jamais possible de mettre au point un masque à gaz commun aux deux armées
alliées, ce qui eût pourtant constitué un avantage considérable.
    Cependant, à l’encontre de toutes les prévisions allemandes,
les Alliés parvinrent donc, en l’espace de quelques mois, à mettre en place les
structures scientifiques, administratives, industrielles et militaires
susceptibles d’assurer la réplique chimique. Une fois la décision entérinée par
les autorités militaires et politiques, selon des modalités quelque peu différentes
en Grande-Bretagne et en France, des moyens humains et financiers énormes
furent dédiés à cette entreprise. La gravité de la situation permit cette
mobilisation exceptionnelle. L’ampleur de la tâche à accomplir était en effet
colossale tant les industries chimiques française et britannique faisaient pâle
figure en comparaison des mastodontes allemands de la Ruhr. Ne pouvant s’appuyer
sur une industrie privée performante, les Alliés furent contraints d’édifier
des sites de production sous la tutelle directe des États. Cinq mois à peine
après Langemarck et malgré l’ampleur des obstacles rencontrés, les Britanniques
étaient prêts à mener leur première offensive chimique tandis que les Français
n’en étaient pas très loin…

CHAPITRE V

Loos ou la loi du talion
    Gas ! Gas ! Quick Boys – an ecstasy of
fumbling
Fitting the clumsy helmets just in time ;
But someone still was yelling out and stumbling
And flound’ring like a man in fire or lime,
Under a green sea, I saw him drowning
    And watch the white eyes writhing in his face,
His hanging face, like a devil’s sick of sin ;
If you could hear, at every jolt, the blood
Come gargling from the froth corrupted lungs
Obscure as cancer, bitter as the cud…
    Wilfrid Owen, Dulce et Decorum Est [317]
    Puisque la décision de répliquer avec les mêmes méthodes que
l’ennemi avait été entérinée,

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