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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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lui était possible d’embarquer, ne constituait pas un vecteur
adapté à l’arme chimique. Dans le même temps, l’état-major tentait d’établir
des directives militaires susceptibles d’améliorer la défense contre les vagues
de chlore. Le 28 mai 1915, une première instruction fut communiquée à
toutes les Armées [298]  ;
à caractère didactique, elle tentait, d’une part, d’informer les fantassins des
mesures de protection passive à respecter, de les rassurer afin de prévenir
toute panique et, d’autre part, préconisait, mesure dérisoire, le pilonnage des
nappes de gaz au moyen d’obus à la poudre noire. Les recommandations énoncées
par cette instruction traduisaient bien le désarroi suscité par l’innovation
allemande et soulignaient également le vide tactique auquel se trouvaient
confrontés les stratèges français.
    Lorsque l’Allemagne initia la guerre chimique, la France, au
même titre que la Grande-Bretagne, n’était pas en mesure de soutenir le combat
à armes égales. La production industrielle des usines chimiques était très
faible. Elle ne comprenait ni le chlore liquide, ni le brome, et les quantités
d’acide sulfurique alors produites suffisaient à peine à assurer la fabrication
des poudres et des explosifs. Les services chimiques eurent à déployer des
efforts considérables pour doter les armées françaises en substances chimiques
susceptibles d’être militarisées. Des recherches furent entreprises dès le mois
de mai 1915. Très vite, les chimistes français durent se rendre à l’évidence :
il n’était pas possible d’utiliser, dans l’immédiat, la technique allemande des
nuages chlorés dérivants. En effet, les disponibilités en chlore liquide de la
France étaient bien insuffisantes. Malgré tout, les recherches dans cette voie
furent poursuivies. En mai, juin et juillet 1915, de nombreux essais
eurent lieu, non sans sérieuses difficultés, avec le chlore. On s’aperçut
immédiatement qu’il y aurait lieu de faire soit des vagues transparentes pour
provoquer, au moins par nuits claires, un effet de surprise, soit des vagues
opaques destinées à causer désarroi et panique parmi les combattants adverses.
Cette dernière solution fut retenue en juillet 1915, quand un ingénieur du
Génie maritime, du nom de Cartier, proposa d’ajouter un chlorure de fumigène au
chlore.
    L’urgence voulait que l’on se préoccupe en premier lieu de
la nature des toxiques utilisés par les Allemands. Pour l’étude des gaz émis
dans les vagues dérivantes, des appareils de prélèvement et de détection,
fonctionnant par aspiration, furent disposés dans les premières lignes des
secteurs susceptibles de subir des attaques par vagues. Les obus allemands à
gaz n’ayant pas éclaté furent expédiés, par l’intermédiaire des officiers
chimistes, au Laboratoire municipal de Paris. Leur contenu y était étudié sous
la direction de M. Kling [299] et une seconde
analyse, qui devait confirmer la précédente, était effectuée par les soins du P r  Grignard,
à la Sorbonne. Lorsqu’un produit nouveau était signalé, des échantillons
étaient également adressés aux laboratoires des P rs  Paul Lebeau
(École supérieure de Pharmacie), Degrez (Faculté de Médecine), Mayer (Collège
de France) [300] ,
et Achard (Faculté de Médecine), afin, d’une part, d’apprécier la qualité de la
protection conférée par les appareils français et la valeur des méthodes de
protection collective contre ce produit, et, d’autre part, d’évaluer les actions
physiologiques et établir un traitement thérapeutique. Les appareils allemands
de protection trouvés sur les prisonniers étaient également examinés avec le
plus grand soin.
    Les chimistes français, en raison de la faiblesse de l’industrie
chimique nationale, particulièrement dans le domaine des composants chlorés
liquides, durent se tourner vers de nouveaux produits et d’autres techniques de
dissémination des gaz. Ainsi, on réalisa très tôt en France que l’avenir de la
guerre chimique se situait dans l’artillerie. Le seul agent chimique agressif
dont la fabrication fut possible dès l’année 1915 était le tétrachlorure de
carbone. Il ne nécessitait en effet pour sa synthèse que du sulfure de carbone
et du chlore gazeux. Dès le mois de mai 1915, des expériences nées des
travaux combinés des P rs  Weiss, Urbain, Moureu, Bertrand et
Lebeau furent pratiquées

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