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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918
Autoren: Olivier Lepick
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« d’arme
chimique », plus adéquate que celle de « gaz toxique » ou « gaz
de combat ». En effet, la définition exacte de cette expression n’épouse
pas exactement celle du gaz. Elle désigne non seulement des gaz mais aussi « des
substances solides ou liquides qui sont pulvérisées dans l’air sous formes de
particules extrêmement réduites » [22] .
Si l’on se réfère au dictionnaire du Département de la Défense des États-Unis,
une arme chimique est une arme libérant « une substance chimique qui, lors
d’une opération militaire, a pour effet de tuer, de blesser ou d’incapaciter
temporairement un homme par les effets physiologiques qu’elle provoque » [23] .
Ces effets physiologiques peuvent aller de l’incapacité temporaire à une
maladie grave, voire jusqu’à la mort. On peut donc distinguer deux classes de
substances : en premier lieu, les agents létaux, provoquant la mort à
défaut d’un traitement prompt et adéquat ; deuxièmement, les agents « incapacitants »,
entraînant une inaptitude temporaire de la victime à tenir le rôle militaire
qui lui est dévolu, sans pour autant provoquer de lésions irréversibles. D’autre
part, il est essentiel de noter que tout produit toxique, même à très faible
dose, ne constitue pas nécessairement un agent propre à mener une guerre
chimique. Il faut en effet pour cela qu’il possède certaines caractéristiques :
    – efficacité de très faibles doses ;
    – stabilité
    – au stockage ;
    – à la dispersion (influence
de l’explosion) ;
    – sur le terrain (influence
des facteurs météorologiques) ;
    – production massive aisée (même en temps de guerre) ;
    – concentrations efficaces faciles à réaliser (par
volatilisation ou aérosolisation) ;
    – protection difficile (détection, protection du corps,
thérapeutique).
    Les agents dits « incapacitants » possèdent, quant
à eux, des caractéristiques supplémentaires qui leur sont propres :
    – effets réversibles (spontanément et sans séquelles) ;
    – sécurité (rapport dose incapacitante – dose
toxique de l’ordre de 1 ‰) ;
    – engins de dispersion non dangereux [24] .
    Il est également possible, d’après la nature et les effets
que produisent ces substances sur l’organisme humain, de les classer en
catégories distinctes [25] ,
un corps déterminé pouvant se ranger soit dans une seule, soit dans plusieurs d’entre
elles.
Les irritants
    Ces produits excitent les terminaisons des nerfs sensitifs,
en particulier au niveau des muqueuses. Peu toxiques, ces substances, aux
effets très passagers, sont employées en temps de paix dans les opérations de
maintien de l’ordre.
    Les lacrymogènes agissent sur les terminaisons
nerveuses de la cornée et des conjonctives. Leur action se traduit par une
sensation de douleur prononcée, et par un double réflexe de l’organisme :
sécrétion abondante de larmes, et clignement effréné des paupières, qui privent
l’individu de toute vision pendant la durée de l’excitation. Les sternutatoires stimulent les terminaisons nerveuses des voies respiratoires supérieures, et
provoquent après quelques instants, une sensation de brûlure et des réflexes de
défense glandulaire et moteur (hypersécrétion nasale, salivaire et bronchique,
éternuement, toux, vomissements et diminution de la ventilation pulmonaire).
Ces effets persistent plusieurs dizaines de minutes. Enfin, les urticants déclenchent, à de très faibles concentrations, des brûlures et des
démangeaisons cutanées plus ou moins passagères.
    Les principaux irritants [26] utilisés pendant
la Grande Guerre furent : Pour les lacrymogènes :
    – le bromacétone (CH 3 -CO-CH 2 Br) ;
    – le bromure de benzyle (C 6 H 5 -CH 2 Br) ;
    – le bromure de xylyle (CH 3 -C 6 H 4 -CH 2 Br) ;
    – le bromométhyl éthyl cétone (CH 2 Br-COOC 2 H 5 ) ;
    – le bromacétate d’éthyle (CH 2 Br-COC 2 H 5 ) ;
    – le cyanure de bromobenzyle (C 8 H 6 BrN) ;
    – l’iodacétone (CH 3 -CO-CH 2 I) ;
    – l’iodacétate d’éthyle (ICH 2 COOC 2 H 5 ) ;
    – l’iodacétate de méthyle (ICH 2 COOCH 3 ) ;
    – l’iodure de benzyle(C 6 H 5 -CH 2 I) ;
    – l’iodure de xylyle (CH 3 -C 6 H 4 -CH 2 I) ;
    – le chloracétone (CH 3 -CO-CH 2 Cl) ;
    – le chlorure de benzyle (C 6 H 5 -CH 2 Cl) ;
    – le chlorure de xylyle (CH 3 -C 6 H 4 -CH 2 Cl) ;
    – le chlorure de cacodyle ((CH 3 ) 2
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