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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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toxicité de la substance sur des animaux et
des volontaires humains (dans ce cas précis à des concentrations non mortelles
bien évidemment) dans une chambre spéciale, l’agent était chargé dans un obus
de 420 mm destiné à étudier son comportement au moment de la détonation.
Si les données recueillies étaient concluantes, on procédait alors à des essais
grandeur nature avec des projectiles de divers calibres. Des observateurs, avec
ou sans masques, se rendaient juste après les tirs sur la cible du pilonnage et
notaient leurs impressions. En dépit des dangers liés à cette méthode d’expérimentation,
les chimistes menaient bien souvent ces essais de manière à impressionner
favorablement les membres de l’OHL et de l’Artillerie Prüfungs Kommission qui,
en dernier ressort, décidaient du rejet ou de l’adoption d’une munition. Pour
ces raisons, des essais initiaux en apparence prometteurs n’étaient parfois pas
confirmés sur le front [492] . La plupart des
essais allemands se déroulèrent sur les polygones de tirs de Mummersdorf et Doeberitz
puis, à partir de 1917 et pour des raisons de sécurité, à Breloh, à 90 km
au nord de Hanovre, dans une région moins densément peuplée [493] .
    Si l’année 1916 marqua un tournant dans le développement de
la guerre chimique, la munition toxique occupait à cette époque une place
relativement marginale dans l’artillerie des belligérants. Ainsi, au cours de
la bataille de Verdun, Français et Allemands tirèrent entre le 21 février
et le 15 juillet plus de 37 millions d’obus ; seuls à peine 1 %
d’entre eux contenait des agents chimiques [494] . Lors de la
préparation de la bataille de la Somme, l’artillerie française utilisa 1,7 million
d’obus dont 30 000 étaient chimiques, et les Britanniques s’emparèrent de
Fiers en pilonnant les lignes allemandes de 410 000 projectiles
conventionnels et 9 000 munitions chimiques. Il faudra attendre plus
d’une année pour que les obus chimiques occupent une place proportionnellement
significative.
    Les contingences industrielles auxquelles durent faire face
les protagonistes de la guerre des gaz eurent un impact déterminant sur les
programmes chimiques militaires des parties engagées dans le conflit. Les
Allemands, grâce à l’importance de leur industrie chimique, ne connurent pas de
véritables difficultés à synthétiser industriellement les retenues toxiques
pour devenir des gaz militaires. Cela ne fut pas le cas en Grande-Bretagne. De
fait, les Britanniques tentèrent de s’engager dans la production de munitions
emplies de phosgène, mais ils furent confrontés à de sérieux problèmes de
capacité industrielle. Au début de l’automne 1915, les autorités
britanniques passèrent une première commande de phosgène auprès de la United
Alkali Company (UAC) qui se faisait fort, affirmaient ses dirigeants, de
pouvoir fournir, dès la fin octobre, 1 t de phosgène par jour. Pour des
raisons techniques liées au mode de synthèse de cette molécule, UAC ne put
tenir ses engagements. Au mois de mai 1916, Sir Douglas Haig, qui
commandait le corps expéditionnaire britannique, recommanda la mise au point et
la production d’obus chimiques létaux dans les plus brefs délais. Il
sollicitait la fourniture de 10 000 unités par semaine dès la fin du
mois, et demandait à ce que ce rythme soit porté à 30 000 au mois de
juillet. Pourtant, à la fin de l’année 1916, seuls 160 000 obus
chimiques avaient été livrés à l’armée britannique. D’ailleurs, l’industrie
chimique britannique parvenait à peine à fournir des quantités suffisantes d’explosifs
conventionnels à son armée. Tout au long de 1916, la production de phosgène,
qui s’éleva à 161 t, demeura largement insuffisante. Ce n’est que les 13
et 15 septembre 1916, lors de la bataille de Fiers, que les
Britanniques tirèrent leurs premiers obus chimiques létaux contenant du White
Star [495] ,
c’est-à-dire du phosgène. Il fallut attendre mai 1917, grâce aux
livraisons venues de France, pour que la production britannique d’obus
chimiques létaux parvînt enfin à un chiffre significatif [496] . Cela explique
pour partie le fait que les Britanniques restèrent fidèles à la technique des
nuages dérivants. À la fin 1916, alors que Français et Allemands délivraient
déjà 75 % de leurs agents toxiques au moyen de l’artillerie, les Anglais n’en
étaient qu’à 25 %

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