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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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du monde.
    —  Il va donc me falloir contacter l’empereur de Chine en personne… J’ai lu quelque part que votre roi était capable de faire attendre des ambassadeurs étrangers pendant des mois entiers avant de daigner les recevoir   ! Alors, ne parlons pas de moi, simple marchand d’instruments de musique   !
    La suite avait été à l’avenant. Le cœur serré, Laura avait constaté que son père oscillait entre euphorie et accablement, au fur et à mesure qu’il découvrait l’ampleur de sa tâche.
    —  Que me conseilles-tu   ? Dois-je demander audience   ?
    —  Personne ne peut contacter directement le souverain du Centre, monsieur Brandon. Il faut toujours passer par ses mandants et se montrer extrêmement patient. Le temps de l’empereur n’est pas le vôtre…
    —  Quels mandants   ? De quoi veux-tu parler   ? s’était enquis Brandon qui commençait à s’énerver.
    —  En l’espèce, l’un des commissaires impériaux de Sa Majesté le Fils du Ciel. À Canton, il s’agit de celui qu’on appelle « vice-roi ».
    —  Pourrais-tu m’obtenir une audience auprès de ton « vice-roi   »   ? avait enchaîné le père de Laura, à nouveau plein d’espoir.
    —  On peut essayer. Ce ne sera pas facile. Le registre des audiences est tenu par une bande d’eunuques qui monnaie ses prestations assez cher.
    —  Des eunuques   ? Je… Je croyais qu’ils avaient fait leur temps   !
    —  Vous vous trompez. L’entourage du Fils du Ciel regorge d’eunuques…
    —  Quelle horreur   !
    Les propos de l’interprète heurtaient Brandon au plus profond de son être, et Laura, qui découvrait, bouleversée, à quel point son père était peu préparé à affronter la réalité chinoise, en avait mal à l’estomac pour lui.
    À cet instant, l’échec de Brandon Clearstone, son papa bien-aimé auquel elle vouait jusque-là une admiration sans bornes, lui avait semblé hautement prévisible.
    —  Partout où il y a des castrats, c’est la même chose. Entre eux et les mandarins, c’est une guerre de tranchées sans merci.
    Non sans gourmandise, Wang remuait le couteau dans la plaie.
    —  Si je comprends bien, il me faudra payer des espèces sonnantes et trébuchantes pour être reçu en audience par ton vice-roi   ? s’était insurgé Brandon, à mille lieues de se douter à quel point la corruption était répandue de la base au sommet de l’administration publique.
    —  Ceux qui refusent d’acquitter cet impôt peuvent attendre des mois avant d’être reçus… avait précisé Wang le Chanceux de sa voix perpétuellement suave.
    Brandon Clearstone, défait et qui prenait la mesure de la longueur du calvaire qu’il abordait, en avait les larmes aux yeux. Sa voix tremblait lorsqu’il avait posé la question fatidique :
    —  Selon toi, combien cela peut-il coûter   ?
    Laura savait que les réserves financières de son père s’amenuisaient de jour en jour et que toute dépense imprévue pouvait avoir des conséquences catastrophiques.
    —  À quelle échéance souhaitez-vous être reçu en audience par le commissaire impérial   ?
    Brandon Clearstone n’avait pas le choix. Le temps jouait contre lui. La seule façon d’espérer arriver à ses fins était de tenter le tout pour le tout, d’obtenir une audience à l’arraché en priant le ciel qu’elle donnât quelque résultat concret, fût-ce une minuscule touche commerciale.
    —  Le plus tôt sera le mieux… avait-il lâché d’une voix étranglée.
    Laura en avait les larmes aux yeux.
    —  Dans ce cas, il faudra compter entre cent et trois cents liang {22} d’argent… avait répondu Wang qui paraissait connaître les tarifs pratiqués en la matière.
    Consciente de la difficulté de la tâche de son père, Laura avait tenu à l’accompagner au rendez-vous que Wang le Chanceux avait obtenu auprès de l’un de ces fameux eunuques qui tenaient l’agenda du vice-roi.
    Ladite créature, du nom d’Aile de Phénix, les attendait de pied ferme sous le porche d’entrée du palais du gouverneur. La jeune Anglaise avait été frappée - et presque amusée   ! - par ses attitudes maniérées qui trahissaient la mutilation dont elle avait été l’objet peu après l’âge de la puberté. Juché sur des socques de bois qui devaient bien atteindre une vingtaine de centimètres d’épaisseur, Aile de Phénix s’était même payé le luxe d’un clin d’œil lorsque Wang lui avait expliqué

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