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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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juste   ?
    —  Il faudrait remettre de ma part une lettre en mains propres à quelqu’un. Je n’ai aucune confiance dans notre service postal et, de surcroît, je ne connais pas l’adresse exacte de l’intéressée… confia Stocklett à Bowles sur le ton de la confidence.
    —  Une femme   ?
    —  Exact. Son nom est Barbara Clearstone. Aux dernières nouvelles, elle travaille aux côtés d’un pasteur baptiste américain, un certain Issachar Jacox Roberts.
    —  Vous l’aimez donc à ce point, cette Barbara Clearstone   ? crut bon de plaisanter le dessinateur de presse.
    Au point où il en était, Nash, fou d’espoir à l’idée qu’il allait enfin pouvoir entrer en contact avec l’amour de sa vie, avait décidé que l’heure n’était plus aux louvoiements.
    —  C’est peu dire. Elle restera la femme de ma vie. Il ne vous aura pas échappé que je suis toujours célibataire… souffla-t-il d’une voix tremblante.
    Son visage figé et déformé par la tristesse en disait long sur les sentiments de Stocklett vis-à-vis de cette Barbara.
    —  Mais que fait donc en Chine Barbara Clearstone   ? ne put s’empêcher de lui demander Bowles, très intrigué par le changement d’attitude de son voisin d’ordinaire on ne peut plus jovial et boute-en-train avec lui.
    Stocklett prit un air accablé.
    —  Bonne question, mon cher, que je ne cesse de me poser depuis qu’elle est partie… Même si, en l’espèce, Barbara décida de suivre son mari. Il lui a fait deux enfants. Laura et Joe… Peut-être n’ai-je pas su trouver les mots qu’il fallait pour la retenir.
    De ses propos décousus et proférés sur un ton désespéré, Bowles ne pouvait pas tirer grand-chose, si ce n’était que Stocklett avait sûrement beaucoup aimé cette femme.
    —  Et que pense de tout cela M. Clearstone, monsieur Stocklett   ?
    Nash marqua un léger temps d’arrêt avant de préciser, la mort dans l’âme :
    —  Il s’est suicidé après être rentré à Londres.
    —  Seul   ?
    —  Oui, Barbara n’a pas voulu le suivre. Brandon Clearstone est revenu de Canton complètement ruiné… après y être parti avec toute sa famille pour y vendre des pianos.
    —  Incroyable   ! Mais quelle idée saugrenue que d’aller fourguer des pianos aux Chinois   !
    La gêne de Stocklett était visible.
    —  Clearstone avait un énorme stock d’instruments dont il n’arrivait pas à se défaire… fit-il pour tenter de se persuader qu’il n’était pas le seul responsable de l’équipée perdue d’avance dans laquelle le pauvre Brandon Clearstone s’était lancé sur sa suggestion.
    —  Je vois… Encore un qui a cru que les Chinois étaient capables de tout acheter   !
    —  Euh   ! C’est tout à fait ça   ! Vous y êtes.
    —  C’est incroyable ce que certains individus peuvent se montrer naïfs…
    Devant cet implacable acte d’accusation, Stocklett, livide, avala sa salive. Jugeant qu’il avait déjà trop menti, il préféra éluder.
    —  L’usine familiale des pianos Clearstone se trouve à Greenwich. D’après ce que j’ai appris, elle est en vente…
    —  Drôle d’idée, franchement, que de prétendre écouler des pianos en Chine… Remarquez… moi, je vais bien y aller pour y faire des dessins et des gravures   ! recommença Bowles qui ne voyait pas à quoi était dû le trouble de son hôte.
    Il caressa Dady, blottie contre sa cuisse, dont la queue dessinait à présent un élégant point d’interrogation.
    —  Les journaux sont pleins d’aventures commerciales de ce genre qui ont tourné court pour leurs promoteurs. La semaine dernière, nous avons publié un portrait de ce coutelier de Sheffield qui, croyant pouvoir détourner les Chinois de l’usage des baguettes, avait cru bon d’expédier à Hongkong trois cents caisses de couteaux et autant de fourchettes d’où elles ne repartirent jamais en Chine, faute de clients… J’ai également ouï dire qu’un marchand de cercueils prétendait convertir les Chinois à ce type d’emballage… plaisanta John Bowles, de plus en plus en verve, le brandy aidant.
    —  Les fondateurs de la compagnie où je travaille ont compris avant les autres qu’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. C’est pourquoi ils ont fait fortune… convint Stocklett, en nage des pieds à la tête, comme s’il venait de charrier des sacs de sable de plusieurs livres.
    —  Jardine & Matheson. Je ne vous l’ai jamais dit, mais

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