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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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avoir de nez longs amis du peuple chinois   ! trancha-t-il, ce qui eut pour effet de réduire au silence l’assistance qui avait commencé à bruire.
    —  Très juste   ! s’écrièrent les voix de ceux qui étaient toujours prêts à défendre leur chef perinde ac cadaver .
    —  Si j’ai bien compris, l’Américain continue à héberger ces trois Anglais… ajouta ce dernier, l’air pensif.
    Une voix fluette s’éleva.
    —  Le pasteur étant dépourvu de gardes du corps et les hommes d’esprit ayant les mêmes projets… je suis sûr que notre Inestimable Grand Maître pense à un enlèvement… N’ai-je pas raison   ?
    L’auteur de ces propos bellicistes était un mandarin entre deux âges que son administration d’origine ne payait plus depuis trois ans et qui avait été admis deux mois plus tôt au sein de la société secrète.
    —  Comment le sais-tu, que sa maison n’est pas gardée   ? lui demanda un riche commerçant, ruiné à la suite d’un contrôle fiscal déclenché par un collecteur d’impôts véreux et vindicatif auquel il avait refusé de graisser la patte.
    —  Il habite au bout de ma rue   ! répondit le mandarin, tout content de répondre à une question à laquelle il s’attendait et qui lui permettait de se mettre en valeur.
    —  Pour m’être rendu chez lui à plusieurs reprises avec la femme anglaise, je confirme que le pasteur Roberts ne dispose d’aucune protection particulière   ! confirma Wang le Chanceux, pas mécontent de pouvoir à son tour donner une information utile.
    —  Enlever cette femme anglaise et ses deux enfants ne servirait à rien. Qui voudrait de ces gens-là   ? Personne   ! Nous ne détenons aucun levier sur le pouvoir… À Pékin, le Fils du Ciel se fiche comme d’une guigne de ce que nous faisons   ! s’écria avec fougue un jeune homme dont seul un expert en costumes militaires eût deviné qu’il portait l’uniforme des officiers d’artillerie tellement celui-ci était usé.
    Mais il y avait belle lurette que les soldats de l’armée impériale ne disposaient plus d’uniformes neufs.
    —  Et pour cause, un éléphant ne craint pas les mouches ; seuls les tigres lui font peur   ! ajouta le mandarin qui habitait à une portée de fusil de chez Roberts.
    —  Un tel pessimisme n’est pas de mise ici   ! Que proposes-tu   ? lâcha sévèrement le Grand Maître des Échanges à l’adresse de l’insolent artilleur.
    Celui-ci, pas intimidé le moins du monde par la réprimande et trop heureux de montrer son zèle et son courage, lui rétorqua du tac au tac :
    —  De ne pas lâcher la proie pour l’ombre. Il faut que nous soyons des tigres   !
    —  Précise un peu ta pensée   !
    —  Je repense à cette action, que n’aurait pas reniée le vice-roi Lin Zexu, lorsque cet éminent patriote osa ordonner de brûler les caisses de boue noire sur les navires anglais. Ce haut fait d’armes dont l’idée vous revient, ô le Grand Jaune Centre   !
    —  Tu veux parler de l’attaque contre les entrepôts de Jardine & Matheson   ?
    —  Parfaitement   !
    —  Eh bien, sache qu’elle est plus que jamais à l’ordre du jour   ! s’écria le Grand Maître, visage fermé.
    —  À la bonne heure   ! Je sens déjà monter à mes narines l’odeur de la boue noire anglaise rôtie par les flammes de nos fusils   ! À Pékin, ils comprendront de quel bois se chauffe la Confrérie Interne   !
    —  Mais ces entrepôts ne sont-ils pas surveillés jour et nuit par des hommes en armes   ? objecta un autre participant.
    —  Nous brûlerons les gardes avec la boue noire   ! Les flammes monteront jusqu’au ciel… On sentira la viande rôtie à mille lieues à la ronde   ! hurla le jeune officier.
    —  Et l’opium à dix mille lieues à la ronde   ! ajouta un autre, dont le visage poupin témoignait qu’il ne devait guère avoir plus de vingt ans.
    —  Pour sûr, un tel fait d’armes ne passerait pas inaperçu… Je suis même sûr et certain qu’il jetterait un froid sur les odieux rapports de connivence noués par la Chine avec une bête nuisible appelée Angleterre   ! s’écria Sérénité Accomplie, relayant d’autant plus volontiers les propos du jeune officier qu’il les approuvait sur toute la ligne.
    —  Lorsque Lin fit détruire les caisses d’opium, les employés de la firme Jardine avaient installé sur le toit de leur entrepôt principal une canonnière qui crachait tellement de

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