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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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feu qu’elle empêcha la foule de mettre à sac le bâtiment… objecta le mandarin entre deux âges.
    À en juger par le mutisme de l’assistance, la remarque avait jeté un froid, si bien que le Grand Jaune Centre jugea nécessaire de pointer ses cornes vers l’intéressé qui piqua aussitôt du nez, avant de lui lancer :
    —  Les défaitistes n’ont pas leur place ici, pas plus que les adeptes des petits calculs   !
    Le fonctionnaire lettré rentra la tête dans les épaules. Ayant perdu la face, il n’avait plus qu’à se taire.
    Un colonel de l’infanterie maritime, héros malheureux de la défense de Canton avant sa prise par la marine anglaise, vint alors à son secours et déclara d’une voix forte :
    —  Notre camarade n’a peut-être pas tort. Ne devrions-nous pas attendre d’être plus nombreux avant de nous lancer dans une opération qui risque de nous faire perdre un grand nombre de frères face aux redoutables canons des marchands anglais   ? J’ai encore en mémoire les images de mes hommes qui tombaient comme des mouches face aux armes à feu anglaises, lors de l’attaque de Dinghai par les Diables Blancs, il y a sept ans   !
    Le moment était venu pour Sérénité Accomplie d’intervenir.
    —  J’ai peut-être mieux à vous proposer, tout au moins dans l’immédiat, qu’une attaque contre l’entrepôt de marchandises des maudits Anglais   ! lâcha-t-il en même temps que tous les yeux se tournaient vers lui.
    —  Eh bien, dis-nous   ! s’écria, d’un seul élan, le chœur formé par l’assistance.
    —  L’un des fils de Daoguang se trouve à Canton de façon clandestine… ajouta lentement l’antiquaire qui pesait chacun de ses mots.
    —  Tu veux rire   ! Ce serait trop beau pour être vrai   !
    D’autres plaisanteries fusèrent, auxquelles les propos de Sérénité Accomplie mirent fin instantanément lorsqu’il ajouta :
    —  Je vous le jure   ! Il suffirait de retrouver l’enfant caché du Fils du Ciel et nous disposerions d’une arme dévastatrice   ! Et plus efficace que les canonnières des Anglais   !
    —  Un otage impérial, que voilà une fort belle monnaie d’échange   ! Avec tes élucubrations, tu vas finir par nous donner de faux espoirs, Sérénité Accomplie   ! s’écria, agacé, le Grand Maître de la société secrète, tout en en lissant les broderies somptueuses de sa Chasuble de la Descente.
    Dans le silence sépucral où était plongée l’assistance, Sérénité Accomplie enfonça le clou.
    —  Je vous assure que mon cousin le prince Tang serait le plus heureux des hommes s’il arrivait à mettre la main sur cet enfant… Je peux même vous dire son nom. Il s’appelle La Pierre de Lune…
    Devant un Xiaoming aussi poétique, les membres les plus lettrés de la secte émirent un doux murmure d’admiration.
    —  La Pierre de Lune… Que voilà un beau surnom. Et avec ça, fort peu usuel… Es-tu bien sûr que ton cousin ne serait pas un affabulateur   ? poursuivit le Grand Maître des Échanges.
    —  Je l’héberge et je peux témoigner qu’il ne saurait mentir. Il est venu de Pékin jusqu’ici tout exprès pour le retrouver… Si vous voulez m’en croire, le beau Tang n’est pas du genre à se déranger pour rien…
    —  Il ne s’agirait pas que ton honorable cousin mette la main dessus avant nous… ajouta le jeune artilleur, toujours prêt à partir à l’attaque.
    —  Billevesées   ! lâcha le Grand Jaune Centre, toujours aussi peu convaincu.
    —  Je peux vous parler de ce rejeton impérial… Je le connais… lâcha alors Wang le Chanceux de sa voix aigrelette.
    À ces mots, les adeptes qui buvaient jusque-là les propos de leur chef tournèrent comme un seul homme leurs regards médusés vers l’interprète, hilare et pas peu fier de son effet.
    Un silence de mort venait à nouveau de s’installer dans la salle.
    —  J’ai vu souvent traîner chez le pasteur Roberts un jeune garçon qui porte ce nom… Son père était calligraphe et il est lui-même très doué pour l’écriture. Son esprit est vif. Il apprend au nez long américain à parler chinois et celui-ci lui enseigne à parler anglais… Donnant donnant   ! s’empressa d’ajouter l’ancien interprète des Clearstone.
    —  J’espère que tu n’inventes rien… s’écria l’officiant dont les yeux menaçants fixaient ceux de Wang.
    —  Comme vous tous, j’ai juré de tout dire et de ne jamais mentir dans cette divine

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