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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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couples stériles en qui Barbara Clearstone avait tendance à voir un avatar de Marie, la mère du Christ…
    En écoutant son amant parler avec une telle conviction, Laura prenait peu à peu conscience du caractère paradoxal de sa propre attitude. Dénier à sa mère toute capacité à remettre en cause certains de ses principes, n’était-ce pas, somme toute, faire preuve de la même rigidité qu’elle   ?
    Lorsque La Pierre de Lune eut achevé son vigoureux plaidoyer, elle lui dit :
    —  C’est toi qui as raison, La Pierre de Lune. Foin de cachotteries. J’annoncerai à maman que j’attends un enfant de toi.
    —  J’aimerais être là quand tu le lui diras.
    —  Nous la verrons ensemble. De toute façon, rien me fera renoncer à toi. Seul compte l’amour qui nous unit… souffla-t-elle avant de se lever, puis de l’entraîner dans un coin de la cour où personne ne pouvait les voir ni les entendre.
    —  Il me reste à te demander quelque chose… ajouta-t-elle.
    —  Tes désirs, pour moi, seront toujours des ordres   !
    Elle retint son souffle, s’agrippa à son bras et lui lança d’une voix vibrante et assourdie par l’émotion :
    —  Serais-tu prêt à partir d’ici avec moi   ?
    Les yeux de la jeune Anglaise qui brillaient d’une lueur implacable témoignaient de sa volonté farouche d’assumer pleinement le nouveau destin qui s’ouvrait désormais à eux.
    Sous le choc, La Pierre de Lune avala sa salive.
    —  Tu veux que nous quittions Canton   ?
    —  Je n’en peux plus de ce presbytère lugubre, où on ne donne à manger aux pauvres qu’après les avoir forcés à croire en Dieu… murmura-t-elle durement.
    Le cœur du jeune Han battait la chamade devant une telle accélération des événements. Pour autant, sans hésiter, il répondit :
    —  Je suis prêt à aller jusqu’à l’autre bout du monde avec toi. De l’autre côté du Grand Mur, s’il le fallait. Et tout de suite.
    —  Pas avant que je ne prévienne maman… Si je partais sans rien lui expliquer, elle ne s’en remettrait pas… Et puis il y a Joe…
    —  On pourrait l’emmener avec nous. Je m’entends bien avec lui.
    —  Tu es adorable mais je ne suis pas sûre que ce soit possible   ! Joe n’a pas toute sa tête. Quand il a ses crises, il est infernal.
    —  Ton frère est un bon marcheur. Je suis sûr qu’il nous suivrait vaillamment   !
    —  J’ai peut-être tort de m’inquiéter à son sujet, n’étant même pas sûre qu’il s’apercevrait de mon départ   ! fit-elle, le regard soudain voilé de tristesse.
    —  Tu exagères…
    —  C’est peut-être dû à mon état   ! plaisanta-t-elle.
    —  En attendant, si tu le souhaites, je peux très bien décider de ne pas aller au rendez-vous que m’a fixé Mme Elliott…
    Elle planta ses yeux dans les siens et dit, rayonnante :
    —  Nous irons ensemble. Peut-être arriverons-nous à en savoir un peu plus sur ce que trame à Canton ce curieux prince Tang…
    —  À deux, quels que soient les obstacles sur le chemin, on est toujours plus fort… souffla, ému aux larmes, le fils de Daoguang en lui caressant subrepticement la joue.
    —  C’est si vrai…
    —  Sais-tu ce que le philosophe Zhuangzi a dit à ce propos   ?
    —  Non   !
    —  Une route se trace avec ceux qui y marchent   !
    —  Belle maxime… et si juste   ! fit-elle, galvanisée par l’amour, en prenant le risque de poser ses lèvres sur les siennes et de lui donner un long baiser.
     
    *
    *   *
     
    Lorsqu’ils arrivèrent, deux heures plus tard, au consulat britannique, ils durent fendre, non sans peine, l’habituelle armée de gueux massée devant le portail, vociférant contre l’occupation étrangère, fourches et piques dressées vers le ciel, tandis qu’un petit groupe de soldats anglais, fusil au poing, tenait cette populace en respect.
    L’Indien au crâne chauve et en gants blancs qui servait de majordome au consul Elliott les attendait sur le perron comme si de rien n’était.
    —  Veuillez me suivre, s’il vous plaît   ! M. et Mme Elliott sont au salon avec M. Niggles   ! leur lança-t-il avec la componction de mise.
    À peine entrés, ils reconnurent sans peine, assis dans un fauteuil face au couple consulaire, le marchand d’opium, auprès duquel se tenait un jeune homme de type occidental.
    —  Si vous saviez ce que je suis heureuse de vous voir   ! s’écria Rosy Elliott en fondant sur eux comme l’aigle sur sa

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