Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
Vom Netzwerk:
proie.
    Comment va la prime jeunesse   ? dit le consul d’une voix plus flûtée qu’à l’ordinaire, avant de faire disparaître sous sa grosse moustache le rebord de la fine tasse de porcelaine de Wedgewood qu’il tenait à la main puis de faire chuinter ses lèvres au moment précis où il commençait à ingurgiter le thé brûlant.
    Après ce qui s’était passé avec Barbara Clearstone, Charles Elliott s’attendait à tout sauf à voir débarquer Laura au consulat, mais comme tout digne et bon gentleman qui se respecte, le vieux militaire décida de faire comme si de rien n’était. Sachant toutefois qu’il était hors de question de mettre un Chinois et une compatriote dans le même panier, il tendit la main en direction de la seule Laura tout en évitant soigneusement de croiser le regard de La Pierre de Lune.
    —  Vous connaissez, bien entendu, M. Jack Niggles   ? demanda Rosy à la jeune Anglaise.
    Elle avait adopté le ton péremptoire des gens mondains lorsqu’ils posent à leurs invités ce type même de fausse question, à laquelle, sous peine d’obscénité, on ne peut répondre que par l’affirmative.
    —  Bien sûr… fit Laura, en s’emparant avec précaution de la tasse de thé que le majordome venait de lui servir.
    Elle ne souhaitait pas aggraver le cas de la famille Clearstone en bafouant les codes de la bonne tenue en société.
    —  M. Vuibert est un ami français de Jack Niggles… très intéressé lui aussi par les antiquités chinoises… Et, de plus, il s’exprime parfaitement en anglais, n’est-ce pas, monsieur Vuibert   ? ajouta Rosy en désignant, sourire carnassier à l’appui, le jeune apprenti diplomate.
    —  J’essaie en tout cas de ne pas être trop ridicule… répondit Antoine en souriant d’autant plus volontiers qu’il trouvait cette jeune Laura Clearstone particulièrement séduisante.
    —  Antoine parle parfaitement notre langue   ! s’écria Niggles qui, jusque-là, s’était contenté de couver le Français du regard.
    —  Pas trop dépaysé par Canton, mon cher   ? fit le consul qui avait, à dessein, employé cette expression française.
    —  Il est vrai que la ville est très différente de Shanghai. Sans compter le climat, qui paraît ici plus humide… répondit poliment Vuibert.
    —  Quel est votre métier, monsieur Vuibert   ? ajouta Elliott.
    —  À vrai dire, monsieur le consul, je compte exercer le même que vous.
    —  La diplomatie   ?
    —  Je dois aider le futur consul de France à s’installer à Shanghai.
    —  Comme c’est amusant   ! fît l’ancien militaire dont la moue témoignait de tout le mal qu’il pensait des Français d’une façon générale et de la diplomatie française en particulier.
    —  La couronne de France veut profiter du traité de Whampoa pour installer à Shanghai sa propre concession, n’est-ce pas, Antoine   ? La France a toujours un peu aimé faire chambre à part… ajouta Niggles sur un ton enjoué.
    —  C’est cela même, répondit sobrement l’intéressé, bien décidé à en dire le moins possible.
    Un ange passa, en même temps qu’un domestique avec une assiette remplie de scones encore tout fumants.
    —  Racontez-nous un peu votre voyage, cher Jack   ! gloussa Mme Elliott, si vous saviez le nombre de malheureux Anglais qui se sont fait braquer par des bandits de grand chemin entre Canton et Shanghai   ! ajouta-t-elle en se tournant vers le Français.
    —  Ma foi, nous avons circulé sans trop d’encombre, pas vrai, Antoine   ? En tout cas, si nous avons croisé vos bandits de grand chemin, ils ne nous ont pas présenté leur carte de visite   ! plaisanta le directeur de la filiale chinoise de Jardine & Matheson.
    Niggles, méconnaissable depuis sa rencontre avec Antoine, n’arrêtait pas de faire de l’humour.
    Le voyage qu’ils avaient effectué à cheval n’avait pourtant pas permis à Niggles d’aller bien loin dans son entreprise de séduction du jeune et sémillant Français. Les longues étapes de 150 km, exténuantes tant pour les cavaliers que pour leurs montures, ne lui en avaient pas laissé le temps. Les deux hommes avaient quitté Shanghai onze jours plus tôt et traversé de part en part les provinces du Zhejiang, du Fujian et du Guangdong, qu’ils avaient parcourues tout du long, avant d’atteindre Canton où ils étaient arrivés la veille.
    Au cours de ce long périple, Antoine avait pu admirer l’infinie variété des paysages de

Weitere Kostenlose Bücher