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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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désordonnée des bras et des jambes qui semblaient frapper des ballons invisibles, son jeune frère remuait également la tête d’avant en arrière de façon saccadée. Dès qu’il sentait de la violence, Joe sur-réagissait.
    La seule façon de le calmer étant de l’éloigner de là, ce fut sous l’œil approbateur de sa mère que sa grande sœur l’entraîna vers la véranda.
    Joe, aussitôt apaisé par la vision du parc où les jardiniers étaient en train de ranger leurs outils, regarda du côté du vénérable pin centenaire - son ami - auquel il voulait redire bonjour. Mais lorsqu’il aperçut le garde-chiourme et le soigneur du vieil arbre arc-boutés contre son étai, probablement pour le faire remonter de quelques centimètres, son sang ne fit qu’un tour. Sans doute s’était-il imaginé que les deux hommes torturaient son vieil ami, voire qu’ils allaient le mettre à mort. Du coup, après être resté de longues secondes en apnée, la morve lui monta aux lèvres, ses yeux roulèrent dans le vide et il se mit à hurler, avant de se jeter à terre, en proie à de violentes convulsions.
    La crise était violente et Barbara, lâchant sa voisine et son mari, accourut, affolée. Enroulé sur lui-même dans la position du fœtus, son pauvre petit Joe, dont la face mongoloïde semblait tordue comme un fil de fer, se roulait sur le sol en hurlant des borborygmes.
    Ses cris étaient si stridents que les conversations s’étaient interrompues dans le grand salon où la gêne des invités était perceptible.
    Elle se pencha sur son fils et essaya de toucher sa joue. Mais Joe, dont les yeux fixes et exorbités ne la voyaient pas, essaya de mordre sa main en criant de plus belle. Barbara leva les yeux vers Laura, aussi désespérée qu’elle.
    —  Je ne l’ai jamais vu dans cet état… Il nous faudrait de la camomille… murmura Laura qui cherchait des yeux son père.
    Mais Brandon était à l’autre bout du salon, en grande conversation avec un autre couple, probablement en train de leur faire l’article sur son histoire de pianos.
    C’est alors que Barbara, prête à se jeter sur son fils pour le ceinturer et l’emporter sur un lit, entendit juste derrière elle une voix caverneuse qu’elle reconnut aussitôt.
    —  Laissez-moi faire… Comment s’appelle-t-il   ?
    —  Joe, monsieur Roberts. Joe Clearstone.
    La haute silhouette du pasteur Roberts se courba vers l’enfant à terre, petite silhouette spasmodique d’animal pris dans un piège. Sa large main froide se posa sur le front écarlate de Joe, dont les fentes qui lui tenaient lieu d’yeux s’écartèrent aussitôt, laissant apparaître ses pupilles dilatées par l’effroi.
    —  Le Seigneur Jésus-Christ s’occupe de toi, Joe Clearstone. Tu es son fils et il est ton père   ! Regarde mes yeux, Joe Clearstone   ! lui dit à voix basse le révérend Roberts en plongeant ses yeux dans ceux du garçonnet.
    Puis il répéta ses propos, jusqu’à ce que le regard du jeune mongolien fixât le sien, comme s’il y eût été attiré par un flux mystérieux ou des ondes invisibles. Ensuite, Roberts, dont la main était restée posée sur la tête du jeune mongolien, commença à lui réciter doucement un Notre-Père. Au fur et à mesure que l’Américain égrenait cette prière, connue de tous les enfants qui vont au catéchisme mais dont Joe Clearstone était incapable de comprendre un mot, il commença à se détendre et à s’agiter de façon moins violente jusqu’à s’immobiliser complètement.
    —  Je pense que Joe Clearstone est calmé   ! murmura Roberts à Barbara qui, éperdue de reconnaissance, regardait le pasteur comme s’il se fût agi du Messie en personne.
    —  Comment vous remercier pour ce que vous avez fait… vous avez été formidable   ! lui souffla-t-elle en lui prenant les mains.
    —  Il m’est arrivé de pratiquer l’exorcisme, madame. Je n’ai fait que mon devoir de pasteur. Vous n’avez pas à me remercier.
    —  Mon fils n’est pas possédé par le diable. Il a un petit retard mental et… comment dire, des crises d’humeur… Oui   ! C’est cela, des crises d’humeur… et cette chaleur n’arrange rien   ! crut bon de bafouiller Barbara en s’épongeant le front.
    —  Je n’ai jamais dit que cet enfant avait des humeurs démoniaques, madame. J’ai prié pour lui, un point c’est tout… En lui imposant les mains   !
    Ces mains qu’il ouvrait devant elle, à l’appui de

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