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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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constater qu’hélas un bon mètre séparait sa main du haut de la falaise. La paroi étant dépourvue de prise, il était impossible de remonter sans aide extérieure. Il se voyait déjà mourant de faim et de froid au bord de l’abîme, lorsqu’il avait entendu un grattement au-dessus de lui. Miracle   ! Le singe était revenu.
    —  Si tu pouvais me tendre la main… lui avait-il murmuré, fou d’espoir.
    Pour toute réponse, l’animal s’était assis au bord de la falaise.
    —  Allez, tends-moi la main… l’avait-il supplié sans plus de succès.
    En désespoir de cause, Tang avait étendu le bras pour tenter de saisir son pied, mais son geste avait effrayé le primate qui avait effectué un bond en arrière avant de disparaître à nouveau.
    Manifestement, il ne s’agissait pas du cousin du petit singe du Bouddha…
    Tang commençait à regretter amèrement ce coup de tête qui l’avait fait choisir le mont de l’Emeishan au lieu et place du Taishan, lorsqu’il avait entendu le doux murmure d’une voix humaine. La voix, rassurante et amicale, s’écoulait des nuées opaques qui le cernaient de toutes parts.
    —  Va chercher ce jeune homme… allez   ! Vas-y… disait la voix salvatrice.
    Tang, le cœur battant la chamade, avait levé les yeux.
    Un très vieil homme était penché juste au-dessus de lui.
    Avant d’avoir pu le saluer, Tang avait été happé vers le haut, et s’était retrouvé, estomaqué, sur le rebord de la falaise.
    C’était le primate qui, en un tournemain, lui avait attrapé le bras avant de le hisser.
    —  Comment vous remercier   ? Sans vous, je serais mort   !
    —  Suis-moi, je t’invite à la maison. Il y fera meilleur qu’ici   !
    Le ton du vieillard était cordial.
    À en juger par la vitesse avec laquelle ce dernier marchait d’un pas assuré, le singe sur ses talons, au milieu des roches verglacées, il possédait une bonne pratique des courses hivernales en montagne. Au bout d’un quart d’heure de montée et après avoir failli mille fois se rompre le cou, Tang à bout de forces avait enfin découvert la maison de son hôte : une simple cabane aux murs de pierre et au toit de branchages.
    À l’intérieur, un feu brûlait et il faisait bon. Après la bise et la glace, une merveilleuse sensation de bien-être avait envahi notre malheureux randonneur. Le vieil homme avait ôté sa pelisse, découvrant au regard de Tang sa maigreur d’ascète ainsi qu’une longue barbe blanche qui lui descendait sur la poitrine, accentuant la forme émaciée des traits de son visage dont la peau était tirée par un chignon noué au sommet de son crâne.
    Le vieil homme avait invité le noble Han, qui était transi de froid, à se mettre torse nu devant l’âtre, puis, toujours aussi cordial et apaisant, il lui avait indiqué la bonne méthode pour faire sécher ses vêtements. Cela consistait à les tendre entre deux piquets plantés à cet effet dans le sol à quelques centimètres du feu.
    —  Je ne vous remercierai jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi   ! Quand je pense à mon pauvre guide, j’en suis encore tout retourné…
    Dans la fournaise ambiante, le thé brûlant dans lequel son hôte avait jeté une motte de beurre de yack n’avait pas tardé à réchauffer ses muscles.
    —  Ton guide était un homme très imprudent. Il ne faut jamais défier la nature… Elle n’aime pas ceux qui ne l’écoutent pas   ! avait répondu le vieil ermite en lui servant un bol de soupe brûlante avant d’en tendre un autre au singe.
    —  Vous habitez ici   ?
    —  Cela fait trente ans que je vis seul sur les pentes de l’Emeishan. Enfin pas tout à fait seul puisqu’il y a Face de Lune.
    Il désignait le singe qui, entre-temps, était allé s’asseoir sur un escabeau tout près de l’âtre et y buvait tranquillement sa soupe, comme si de rien n’était. Tang, qui n’avait jamais eu l’occasion de découvrir un compagnonnage aussi parfait entre un homme et un animal, avait souhaité en savoir plus sur l’original.
    —  Vous n’avez pas trop froid   ? Les hivers doivent être très rudes…
    —  La Nature est la principale alliée de l’homme, dès lors qu’il suit la Voie   !
    —  Si je comprends bien, vous êtes taoïste.
    —  Du moins j’essaie… Plus on avance et plus le Tao recule… L’essentiel est de s’en apercevoir. Plus j’approche du terme et moins je sais de choses. Je pense avoir atteint le bon degré de

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