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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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par là.
    Brantôme était au nord, Montauban au sud.
    Elle fit demi-tour tandis qu’il passait devant
elle en disant :
    — Je connais sans doute mieux la ville
que vous.
    C’était certain, car elle n’y était venue qu’une
fois, et encore plusieurs années auparavant. Il s’engagea sans hésiter dans un
lacis de ruelles enneigées.
    Une ceinture de remparts, irréguliers et
sinueux, entourait la ville. Par moments, ils pouvaient apercevoir les lignes
des créneaux et les tours surmontées d’un corps de garde. Cassandre savait qu’entre
chaque tour se trouvaient d’énormes portes enfoncées de plus de six pieds dans
l’épaisseur de la muraille. Elle tentait de se repérer grâce à elles. Il
fallait qu’ils gagnent au plus vite la porte de l’Éguillerie qui leur
permettrait de rejoindre le chemin de Brantôme.
    Devant une maison dont le fronton de la porte
portait une salamandre se tenait un pèlerin enveloppé dans un sayon de gros
drap de laine avec un chaperon et une gibecière pendante. Elle s’adressa à lui :
    — Je t’échange mon manteau contre ta
casaque.
    — Nous n’avons pas de temps, mademoiselle !
s’exaspéra Rouffignac. La porte de l’Éguillerie est par là !
    Il indiqua la direction à prendre mais elle ne
bougea pas.
    — Et je te donne aussi un écu pour tes
bottes, ajouta-t-elle, ayant remarqué qu’il avait aux pieds des chaussures
hautes, ferrées et épaisses.
    — Mais je serai nu-pieds, madame !
    — Avec un écu d’or, tu achèteras toutes
les bottes que tu désires ! Dépêche-toi !
    Pendant qu’elle parlait, Rouffignac ne cachait
ni son impatience ni sa peur. Il savait ce qu’il subirait si on les rattrapait.
    — Retrouvons-nous de l’autre côté du
pont-levis de la porte de l’Éguillerie, lui proposa-t-elle en le voyant alarmé.
Il vaut mieux qu’on ne remarque pas deux cavaliers. Passez le premier !
    Il fila sans attendre pendant que le pèlerin s’asseyait
sur une borne de pierre et tirait ses chaussures. Puis il enleva son sayon. Elle
lui tendit alors son manteau avec une pièce qu’elle avait tirée de la boursette
attachée à sa taille.
    Elle pressa alors sa monture dans la direction
qu’avait prise son compagnon. En même temps, elle mettait le sayon sur ses
épaules et attachait les bottes à sa selle. La rue qu’elle longeait portait
quantité d’enseignes de tailleurs et parfois de grands ciseaux suspendus à des
chaînes. Elle était sur le bon chemin.
    Quand elle arriva à la porte, Rouffignac n’était
pas là. Le pont-levis était baissé et la herse levée. On surveillait surtout
les entrées et elle passa sans difficulté. Elle retrouva Rouffignac cent toises
plus loin. Ils entendirent alors les cloches des églises sonner. Les messes se
terminaient.
    — Prenons par là, dit-il en désignant une
sente qui grimpait.
    Il avait été brigand et il connaissait les
sentiers. Elle le suivit, s’inquiétant déjà de l’avenir. Ils n’avaient rien à
manger. Ils ne savaient pas où ils dormiraient.
    Mais elle était libre !
    Ils suivirent le sentier une heure, puis
redescendirent dans une épaisse forêt aux châtaigniers et aux chênes blancs de
givre et de neige. Là, dans un vallon, ils trouvèrent un chemin pavé de larges
pierres qui affleuraient sous la neige. Tout en chevauchant, elle enfila les
bottes du pèlerin avant de jeter ses chaussures dans les fourrés.
    — C’est une ancienne voie romaine, lui
expliqua-t-il, amusé en la voyant faire.
    — Je ne vous ai pas remercié, monsieur de
Rouffignac, dit-elle quand elle eut terminé.
    — C’était inutile. J’étais en dette. Je
vous l’avais promis, un Rouffignac paie toujours ses dettes.
    Son ton était dur et sa voix rocailleuse.
    — Pourtant vous ne vouliez pas de moi
comme serviteur, lui reprocha-t-il.
    Elle se mordit les lèvres et observa un silence
durant quelques instants, avant de s’excuser.
    — Je suis désolé, et je regrette pour
votre frère.
    — Ça arrive ! répliqua-t-il, comme
indifférent.
    Visiblement, il n’était pas très loquace. Elle
se souvenait du jeune homme de seize ans à qui elle avait percé le bras tant il
maniait mal l’épée, après qu’elle eut tué son frère. Il pleurait et avait
encore la voix d’un enfant.
    — Comment va votre bras, Émeric ?
    — Vous vous souvenez de mon prénom ?
sourit-il pour la première fois.
    — Bien sûr ! J’aurais préféré que
vous, vos frères et votre père

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