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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ne vous attaquiez pas à nous.
    — Moi aussi, madame. Ils me manquent…
    Il resta encore silencieux un long moment
avant de dire :
    — Cet homme que j’ai tué,
M. de Puyferrat, avait participé à la prise du château de ma famille.
Il s’en était félicité. Je les ai vengés…
    — Comment êtes-vous entré au service de Mme de Montpensier ?
    Il lui raconta qu’après avoir été laissé libre,
il était resté avec les deux valets d’armes qui avaient rejoint une autre bande
dans le Poitou. Ils se mêlaient parfois à des groupes plus importants qui
rançonnaient les villages. Finalement, il était entré dans une bande commandée
par un protestant. Ils s’en étaient pris au cortège de la duchesse, mais ils
avaient été vaincus. Les survivants de leur bande avaient été incorporés dans
la troupe de la duchesse comme valets. Il avait été obéissant et on lui avait
fait confiance, mais il avait toujours eu pour dessein de tuer M. de Puyferrat.
Et quand il avait découvert et reconnu Cassandre, il s’était juré de la laisser
s’enfuir. Le hasard lui avait permis de réaliser ces deux entreprises.
    — Vous savez qui je suis ?
    — On me l’a dit. La fille de M. de Mornay.
    — Mon père vous prendra à son service, il
a besoin d’hommes comme vous.
    — Mais je suis catholique, mademoiselle…
    — Et alors ? Il y a des catholiques
autour de mon père. Et encore plus autour du roi de Navarre.
    — Vous connaissez Mgr de Navarre ?
    — Ce sera le meilleur roi que nous aurons
jamais.
    Il ne dit mot, et comme ils chevauchaient côte
à côte, elle s’étonna de son manque d’intérêt.
    — Savez-vous ce que mon père m’a rapporté,
un jour où ils étaient ensemble, et où certains des amis de Navarre lui
suggéraient de mieux afficher sa religion ?
    — Non, mademoiselle.
    — Il a dit : ceux qui suivent leur
conscience sont de ma religion. Quant à moi, je suis de celle de tous ceux qui
sont braves et bons.
    Rouffignac ne répondit pas. Elle essaya de
percer le masque sur son visage mais ne distingua rien.
    Elle aurait pourtant dû comprendre. Émeric de
Rouffignac n’avait connu que la violence et le meurtre. Dès sa naissance, il
avait vu son château pris et sa famille assassinée. Depuis, il n’avait fait que
tuer. La sauver était la première bonne action qu’il ait jamais faite. Pour lui,
le mot conscience n’avait pas de sens, pas plus que celui de bonté. Il s’était
seulement vengé et avait voulu honorer sa dette d’honneur.
    C’était un fauve.
    Au bout d’un moment, elle lui demanda :
    — Où allons-nous ?
    — À Agonac. Il y a un pont pour traverser
la Beauronne et une auberge pour dormir où on achètera du ravitaillement.
    — Nous y serons quand ?
    — Ce soir.
    — C’est dangereux d’entrer dans une ville,
on se souviendra de nous. Pourquoi ne pas dormir dehors ? Nous avons des
couvertures et les arbres sont épais.
    — Les loups, mademoiselle. Si nous n’avons
pas d’abri, ils nous dévoreront.
    Catherine de Médicis
était arrivée à Saint-Maixent deux jours avant que Cassandre ne soit enlevée. Elle
était d’une humeur noire. Tout allait mal. Navarre tergiversait et elle
commençait à douter de le voir la rejoindre un jour. Mme de Limeuil
lui avait fait savoir qu’elle souffrait trop pour quitter sa chambre, et les
Gelosi avaient disparu sans explication depuis Loches. Sans doute, comme d’autres,
avaient-ils eu peur de la suite du voyage.
    Quant à son prévôt, on en avait perdu la trace.
    Saint-Maixent était bien fortifié. Ses
murailles dataient du XI e siècle, mais elles n’avaient pas empêché
les protestants de prendre la ville, le château et l’abbaye. La reine était
inquiète, et sa Cour encore plus. Ils étaient dans un pays en guerre et les
troupes du maréchal de Biron pourraient bien être insuffisantes si les gens de
Navarre attaquaient. Certes, ils avaient signé une trêve, mais la
respecteraient-ils ?
    Elle s’installa à l’hôtel de Balizy et donna
fête sur fête pour rassurer chacun. Le 25 novembre, il y eut même un grand
festin alors que la famine régnait dans tout le pays.
    Mais Navarre ne vint pas.
    Ils approchaient d’Agonac
quand ils croisèrent un colporteur à pied qui transportait des couteaux dans
une hotte sur son dos. Il avait des guêtres, un mantelet et un bonnet de mouton.
Il s’arrêta et leur tint ce discours :
    — Messieurs, je ne veux point

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