La Guerre Des Amoureuses
Mayenne à Paris, il n’y
avait plus d’armée autour de La Rochelle pour limiter l’action du roi de
Navarre. Celle du maréchal de Matignon restait à Bordeaux, et le maréchal de
Biron avait accepté une trêve. Henri de Navarre repartit donc en campagne et
bientôt la Saintonge et une grande partie du Poitou furent à lui.
Au demeurant, bien des villes, des châteaux et
des monastères souhaitaient se retrouver sous son autorité tant on louait sa
tolérance et l’obéissance de ses troupes. Quel contraste avec les déserteurs
catholiques de l’armée de Mayenne qui se comportaient en compagnies franches, pillant
plus souvent qu’à leur tour les villes catholiques et les couvents. Ce
brigandage faisait dire à Henri de Navarre :
— J’ai plus d’occasion d’aimer la Ligue
que de lui en vouloir, attendu qu’elle ruine davantage le parti catholique que
celui de la religion !
Mais à la fin du printemps, et sous la
pression des Guise et des prédicateurs ligueurs qui enflammaient le peuple, le
roi fut contraint de mettre un frein aux conquêtes protestantes. Contre toute
attente, et malgré l’opposition du marquis d’O et du duc d’Épernon, il confia
une armée au duc de Joyeuse qui se jugeait bon capitaine et voulait le montrer.
Comme c’est lui qui en avait demandé le commandement, Henri III jugea que
c’était une occasion de mettre fin aux rivalités et aux insolences qui déchiraient
la Cour.
Joyeuse rassembla autour de lui la meilleure
noblesse et fut pourvu de tout ce qui pouvait le rendre victorieux. Sitôt que
le roi de Navarre sut qu’on allait lui opposer une nouvelle armée, il s’attacha
jour et nuit à mettre en défense les villes qu’il avait conquises. Mais quand l’armée
de Joyeuse se mit en route, elle fut si puissante que les protestants battirent
en retraite.
Le duc reprit Saint-Maixent et infligea de
cuisantes défaites aux compagnies protestantes qu’il trouvait sur son chemin. Il
était d’autant plus redoutable que ses gentilshommes se comportaient avec la
plus atroce sauvagerie. Le 21 juin, quatre ou cinq cents protestants se
rendirent à La Motte Saint-Éloy, près de Saint-Maixent, après avoir reçu la
promesse d’avoir la vie sauve. Ne respectant pas sa parole, le beau-frère du
roi leur fit couper la gorge. Cet acte de barbarie digne des bandouliers de la
guerre de Cent Ans déconsidéra Joyeuse aux yeux de toute la noblesse de
Saintonge et du Poitou. Navarre écrivit même à son cousin le roi pour lui faire
part de ce comportement indigne d’un capitaine du royaume de France.
C’est à ce moment tragique pour les
protestants que Mornay et ses gens arrivèrent à La Rochelle.
Plusieurs fois
Caudebec s’était moqué de l’équipement d’Olivier qui ne l’aurait pas
suffisamment protégé lors d’une charge de cavalerie, même s’il avait changé sa
brette pour une épée de côté à large lame dont la poignée en fer émaillé était
protégée par un entrelacs d’arceaux.
À La Rochelle, le commerce des armes et des
armures était florissant et le choix infini. Conseillé par Caudebec, Olivier
acheta une bourguignote à bavière avec protection de la nuque et des oreilles, des
gantelets métalliques, et surtout des tassettes articulées arrondies sur les
hanches, qui le protégeraient jusqu’aux genoux. Il compléta cet équipement, qui
lui coûta trois cents écus, par deux pistolets à rouet en acier gravé et un
corselet capable d’arrêter une balle, protégeant aussi bien son torse que son
dos.
Comme M. de Mornay ne voulait pas qu’Olivier
apparût comme son protégé, il demanda qu’on l’affecte dans une autre compagnie
que la sienne. Aussi, quelques jours après son arrivée, Olivier fut incorporé
dans le régiment de M. de La Rochefoucauld, colonel général de l’infanterie,
et affecté à l’artillerie. C’était une position moins dangereuse que de se
trouver dans un régiment de cavalerie, toujours aux premières charges, mais qui
impliquaient tout de même souvent de violents engagements, car l’adversaire
tentait parfois de s’emparer des canons de l’ennemi.
Ayant bien assimilé les leçons de M. de Mornay,
et étant lui-même fort adroit en calcul et en géométrie, Olivier devint
rapidement un maître artilleur. Seulement, à mesure que le duc de Joyeuse
resserrait son étreinte autour de La Rochelle, les régiments de Navarre n’eurent
plus les moyens de transporter des couleuvrines, aussi
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