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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’interrompit :
    — Monsieur Poulain, je n’ai d’autre but
dans ce voyage que d’obtenir enfin la paix pour ce pauvre royaume. Mgr de
Navarre vient de m’informer qu’il accepte une rencontre à laquelle Mgr de Guise
n’est pas opposé. Mon fils approuve bien sûr cette tentative de paix. J’espère
rencontrer mon gendre cet été à Chenonceaux. Je lui ai fait de nouvelles
propositions, et si elles l’agréent, nous partirons dans un mois. Tenez-vous
prêt. M. Rapin vous aidera pour tout ce que vous avez besoin de savoir.
    » J’ai fait venir d’Italie la troupe des
Gelosi afin qu’ils donnent quelques spectacles à mon gendre quand il nous
rejoindra. Vous irez les voir pour leur annoncer ce départ. Ils jouaient dans
la grande salle de l’hôtel de Cluny jusqu’à ce que le Châtelet le leur
interdise. Vous veillerez à ce qu’ils disposent de suffisamment de voitures et
de mules pour ce voyage. Le trésorier des menues affaires de ma chambre vous
remettra un contrat qu’il a dû préparer pour eux. Vous le leur remettrez et me
ferez savoir s’il les satisfait.
    Elle eut un geste pour annoncer que l’entrevue
était terminée. Ils s’inclinèrent et sortirent.
    Seule, la reine appela.
    — Bezon !
    Une partie de la boiserie glissa et le nain
apparut.
    — Vous avez entendu ?
    — Oui, Majesté.
    — Découvrez qui était le père de ce
Poulain.
    Rapin le présenta à
plusieurs serviteurs de la reine qui seraient du voyage, ainsi qu’aux
principaux officiers, puis il le conduisit au trésorier des menues affaires de
la chambre de la reine qui s’occuperait du règlement des subsistances. Il fut
convenu que Poulain engagerait un ou deux commis qui viendraient au palais pour
apprendre en quoi consisterait leur travail. Le trésorier lui remit ensuite le
contrat à proposer aux Gelosi.
    Nicolas rentra chez lui assez tard. En chemin,
il décida de passer voir son ami et voisin Olivier Hauteville pour lui raconter
sa nomination.
    Olivier finissait de dîner dans la cuisine
avec son commis Jacques Le Bègue, sa servante Perrine, Thérèse la cuisinière et
leur nouveau concierge, un jeune cousin. Il reçut son ami avec grande joie et
ils montèrent ensemble dans sa chambre.
    Nicolas Poulain n’avait jamais parlé à Olivier
de son rôle d’espion dans la Ligue. Il ne pouvait donc lui raconter la visite
de Mayneville, aussi lui dit-il seulement que la reine mère allait partir pour Chenonceaux
afin de négocier avec Navarre la paix et sa conversion. Cela, Olivier le savait,
car depuis plusieurs jours cette rumeur circulait dans Paris. Mais quand
Nicolas ajouta que le prévôt de l’hôtel de la reine ne pouvait quitter la
capitale, écrasé par sa charge de lieutenant criminel, et qu’on avait proposé
son nom pour le remplacer, Olivier resta interloqué.
    — Ainsi tu vas partir dans quelques
semaines ? Combien de temps resteras-tu absent ?
    — Je ne sais pas, sans doute pas plus de
trois mois. Mon épouse sera un peu fâchée, mais cette charge me sera bien payée
et me permettra de briguer un autre office moins dangereux que la chasse aux
brigands dans les bois de Saint-Germain.
    — Tu as de la chance, murmura Olivier, les
yeux pleins d’envie.
    — Je n’en suis pas certain, Olivier. La
Cour est un nid de guêpes où je n’aurai aucun ami, personne à qui faire
confiance.
    — Tu verras le roi de Navarre ?
    — S’il vient, sans doute, répondit
Poulain en riant.
    — Crois-tu qu’il viendra avec M. de Mornay ?
    — C’est bien possible, répondit Poulain, qui
commençait à comprendre où son ami voulait en venir. Tu veux me donner une
lettre à lui remettre ?
    — Oui, si tu peux l’approcher.
    Cette fois, ce fut Nicolas qui resta
silencieux un moment avant de dire :
    — Je pourrais te proposer mieux…
    — Quoi donc ?
    — Accompagne-moi !
    — Moi ?
    — Je dois engager un ou deux commis pour
s’occuper des subsistances. Tu pourrais parfaitement faire ce travail avec Le
Bègue.
    — Mais j’ignore les manières de la Cour, je
n’ai ni habit ni moyen pour me déplacer… Et je ne saurais faire un travail que
je ne connais pas.
    — Je dois acheter un chariot et des
chevaux pour mes bagages. Tu pourrais t’en occuper puisque nous ferions le
voyage ensemble. Pour le reste, tu apprendras. Je dois présenter mes commis au
trésorier de la reine la semaine prochaine. En quelques jours, il t’aura appris
tout ce que tu dois savoir.
    Olivier

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