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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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jours j’attendais cette occasion de te parler seule à seule.
    — Tu vas rejoindre la troupe ?
    — Non ! Pas tant que je ne saurai
pas ce qui s’est passé. Je rentre à Mantoue avec le seigneur di Castello. Pour
l’instant, je suis heureuse avec lui, je n’ai plus besoin de jouer la comédie. Mais
prends garde à toi. Je sens qu’une épouvantable entreprise se trame autour de
toi et des Gelosi. Pour quelle raison la reine voulait-elle tant vous avoir
près d’elle ?
    — Nous sommes les meilleurs ! tenta
de plaisanter Isabella. Tout le monde est jaloux de nous : Virtù, fama
ed honor ne fer gelosi !
    Elle redevint sérieuse en lançant un regard d’inquiétude
à son amie.
    — J’ai rencontré la reine plusieurs fois,
seule avec elle.
    — Toi ? Comment est-ce possible ?
    — Je ne sais pas… La reine est si bonne
avec moi… Elle souhaite que j’accueille le roi de Navarre après la
représentation que nous donnerons pour lui.
    — Le roi de Navarre ? Mais on dit qu’il
ne viendra peut-être pas ici…
    — Quelle importance ? Les Gelosi
suivront la Cour.
    — Pourquoi veut-elle que tu accueilles ce
roi ?
    — La reine m’a dit que je ressemble à sa
grand-mère, Marguerite, qu’il me fera confiance.
    Gabriella resta silencieuse. Mais Isabella, qui
lui tenait la main, se rendit compte que celle-ci était devenue glacée.
    — … Et si c’était pour cela qu’elle t’avait
fait venir ? suggéra doucement Gabriella.
    Isabella frissonna, l’esprit en pleine
confusion.
    Gabriella venait de lui apprendre trop de
choses à la fois et de raviver les horreurs qu’elle avait connues… Elle
éprouvait un immense bonheur en découvrant que son amie était vivante mais, en
même temps, elle prenait conscience qu’elle n’était peut-être qu’un instrument
entre les mains de la reine mère. Elle était italienne, elle écrivait des
tragédies et n’ignorait rien tant de l’histoire antique que de celle, récente
et violente, des villes de son pays. Soudain, la vérité la frappa avec violence :
la reine ne voulait pas rencontrer le roi de Navarre pour négocier avec lui, mais
pour l’assassiner, et elle, Isabella, serait d’une façon ou d’une autre un
instrument dans ce crime. C’est elle qu’on accuserait… Tout recommencerait comme
à Mantoue !
    Elle se leva brusquement et regarda son amie
dans les yeux. À son expression, elle comprit qu’elle aussi avait deviné.
    — Que faire ? Dois-je partir ?
    — Essaie d’en savoir plus auparavant, conseilla
Gabriella. Tu pourrais fouiller les affaires de Ludovic, il y a certainement
des papiers intéressants. Au fait, rencontre-t-il souvent la reine ?
    — Je ne sais pas, c’est impossible à
savoir ici. Il y a trop de monde. Mais tu as raison, je vais fouiller son
coffre demain. Revoyons-nous ici, dans deux jours. Tu peux rester jusque-là ?
    — Oui. Je reviendrai ici, à la même heure.
    — Si j’ai la preuve d’un complot, je
partirai avec toi à Mantoue et les Gelosi me suivront.
    En rentrant à la
ferme, Gabriella Chiabrera et l’officier du duc de Mantoue montèrent
immédiatement dans leur chambre. Gabriella se déshabilla sans gêne, car ils
étaient amants, et revêtit un manteau de nuit. Elle avait à peine terminé quand
elle entendit une voiture entrer dans la cour de la ferme. L’officier italien s’approcha
de la fenêtre et aperçut un coche tiré par quatre chevaux précédé de deux
cavaliers porteurs de flambeaux. C’était très inhabituel.
    Le couple entendit ensuite du bruit dans la
maison, puis ils reconnurent la voix de leur voisin et distinguèrent les
paroles d’une femme. C’était sans doute elle qui était arrivée en coche.
    — Quel froid ! se plaignit la voix
féminine, vous n’avez donc pas de cheminée ?
    — Non, madame la duchesse, répliqua
Maurevert.
    Une duchesse ? s’interrogea Gabriella qui
comprenait parfaitement le français.
    — Peut-on nous entendre ici ? s’inquiéta
Mme de Montpensier.
    — Nos seuls voisins sont des voyageurs
italiens qui ne comprennent pas notre langue, madame.
    — C’est parfait ! Il aurait été
déplaisant d’aller parler dans mon coche avec ce froid ! La dernière fois
que je vous ai vus, j’avais envoyé Cabasset à mon frère Charles de Mayenne pour
tirer au clair les relations entre Hauteville, Poulain et Mme de Limeuil,
ainsi que le rôle que vous avez joué à Paris. Mais Cabasset ne revenait pas, et
je

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