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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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terre, offrant un siège à l’officier.
    — Oui, caporal ?
    — Sans vouloir vous manquer de respect, mon colonel, j’ai remarqué quelque chose.
    Thorvald attendit. Nikki sentit ses yeux sur lui et imagina un instant que le maître tireur le fixait dans la lunette de son fusil. Cette pensée fit naître des picotements sous sa peau.
    — Colonel, je n’y connais rien en tir, mais j’ai appris à rester vivant sur un champ de bataille. Nous ferons une meilleure équipe si vous me laissez dire mon mot sur certaines décisions : où et quand tirer. Si nous ne coopérons pas, nous nous ferons tuer, mon colonel.
    Thorvald se frotta les mains.
    — Vous n’avez pas apprécié que je tire sur ce mannequin…
    — Ce n’est pas ça. Aucun de nous ne connaît suffisamment l’autre pour savoir ce qu’il va faire. Je dois apprendre ce que c’est qu’être un tireur d’élite ; vous, vous devez apprendre…
    Nikki s’interrompit, effrayé d’avoir été trop loin.
    — Vous pouvez le dire, caporal. Je dois apprendre à être un soldat. Tout à fait exact. Nous formons une équipe, je suppose. Sans vous, nous le savons bien, je serais perdu au bout d’une minute et je me retrouverais à Moscou. Sans moi, vous… mmm (Thorvald se caressa le menton), sans moi, vous vous débrouilleriez parfaitement, je pense.
    Mond sourit d’une oreille à l’autre.
    — Pas plus que n’importe qui d’autre à Stalingrad.
    — Bon, fit le colonel, claquant dans ses mains. Vous savez quoi ? Quand nous en aurons terminé avec ce Zaïtsev, je verrai ce que je peux faire pour prolonger notre coopération en vous ramenant à Berlin comme mon assistant. Nous vous ferons sortir de Stalingrad. Qu’en dites-vous ? (Thorvald écarta les mains comme un magicien qui vient de faire apparaître quelque chose d’étonnant.) Maintenant, vous avez tout intérêt à me garder en vie.
    Nikki prit une profonde inspiration. C’était formidable ! Mieux que tout ce qu’il aurait pu espérer. Il tendit le bras pour engager la parole de Thorvald par une poignée de main.
    Zaïtsev était aussi la proie de Nikki, désormais. Il était son billet d’avion pour la Westphalie.
    — Par où commence-t-on ? s’enquit Thorvald.
    Maîtrisant son excitation, Mond pensa aux traductions de plusieurs articles de Pour la défense de notre pays que le colonel n’avait probablement pas lues très attentivement. Zaïtsev n’est pas comme Thorvald. Le Lièvre saura attendre, souffrir même, pour pouvoir tirer cette unique balle sur son unique cible. C’est un homme orgueilleux, qui vit sa légende un jour après l’autre. Il ne lui sera jamais infidèle. Il mourra plutôt que de la profaner.
    C’est drôle. Zaïtsev est l’homme, nous sommes les loups, comme l’a dit le colonel. L’homme est limité par son humanité même, par les règles de son engagement. Le fardeau de Zaïtsev, c’est d’être un héros, un exemple pour les communistes et pour son armée, pour tout son peuple, même. Le colonel et moi n’avons pas ce poids à porter. Nous sommes les envahisseurs ; ce pays n’est pas le nôtre, nous pouvons le saccager. Ces gens ne sont pas des nôtres, nous pouvons les anéantir. Nous ne sommes pas des héros, nous pouvons donc agir avec détermination. Nous ne sommes pas aveuglés par l’éclat des sentiments humanitaires.
    Nikki savait cela de lui-même : depuis son arrivée à Stalingrad, il avait tué uniquement pour rester en vie. Pas une fois il n’avait utilisé son arme pour se venger, ou entraîné par le feu de l’action. Il avait abattu ceux qui menaçaient sa vie ou celle des camarades de son unité, personne d’autre. Et bien qu’il y ait sûrement déjà eu assez de tués à Stalingrad pour remplir les registres et les livres d’histoire, il peut encore y avoir quelques morts de plus causées par moi, pensa-t-il. Même si mon doigt ne presse pas la détente, ce sera moi qui tuerai Zaïtsev.
    Alors commençons. Mettons-nous à tuer, colonel. Juste assez pour être dignes de Zaïtsev. Pour le faire se jeter sur nous. Il a sûrement déjà demandé à chacun de ses lièvres de te chercher, colonel. Cela je le sais, bien que je ne puisse pas te le dire. Peu importe. Le Lièvre se précipitera partout où l’on signalera une mort pouvant être l’œuvre du maître envoyé de Berlin. Nous serons là à l’attendre.
    Nikki inspecta le corridor entre Octobre-Rouge et la Lazur. Ces dernières semaines, il l’avait observé en

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